Bifrost numéro 60

J'avais un peu fait la gueule en prenant connaissance du thème du dernier numéro de Bifrost. Il faut dire que, twilighteries aidant, j'ai un très fort préjugé sur le ressort du vampirisme en littératures de l'imaginaire. Préjugé de toute mauvaise foi, et tout à fait gratuit, car je n'ai jamais lu la moindre histoire de vampires (sauf peut-être Invasion galactique de Van Vogt, et j'avais trouvé ça d'un tel mauvais goût que j'ai arrêté aussitôt ma découverte de cet auteur alors que quelques temps plus tôt, du même, j'avais dévoré La Faune de l'Espace). Je vais être même très clair : pour moi, le genre a connu un véritable retour en grâce ces dernières années auprès d'un public très particulier, celui de certaines adolescentes, grâce au fameux Twilight, dont ma connaissance est limitée aux "aaaahhhh, hiiiihhhh, Edward, Edwaaaard ! Il est bôôôôhhhh !" des jeunes groupies, qui n'engagent guère, vous le reconnaîtrez, à conduire une étude dépassionnée d'un phénomène commercial de l'édition. Les tsunamis oestrogéniques, moi, ça me fait ricaner.

Néanmoins, parce j'ai la faiblesse de croire que je suis une personne ouverte d'esprit ainsi qu'éduquée, j'ai rangé mes sales préjugés au placard le temps de lire ce nouveau Bifrost. Et je dois dire que j'ai bien fait. Parce que j'ai beaucoup aimé ce numéro. Il faut dire qu'il commence très fort, avec Enculés !, une nouvelle d'Eric Holstein, que j'ai trouvée hilarante parce qu'en prise avec une certaine actualité : au fond, une histoire de vampires dont la finalité n'est pas de raconter une histoire de vampires. Ah, ils sont forts, les gars de Bifrost. Ils savent comment faire pour capter l'attention de leur lectorat. La deuxième nouvelle, Nuit rouge de Christophe Lambert, tape un peu plus dans le classique (expérimentations médico-sadiques d'un laboratoire secret du IIIème Reich menacé par l'approche du Front de l'Est) mais reste sympa. La troisième, Desmodus Draculae de Léni Cèdre, devrait beaucoup plaire à Ferocias puisqu'il s'agit d'une histoire de vampires mésoaméricains : vous savez, là où l'on trouve de vrais vampires et je n'en dis pas plus. La quatrième, Un Précis par Ian R. McLeod, est bourrée d'humour très décalé même si le texte se veut très sérieux et c'est un régal.

Suit un abondant dossier concernant la figure du vampire dans l'Histoire, la BD, le cinéma et bien sûr la littérature, avec son lot de critiques, et en particulier celle de Twilight, éreinté par Catherine Dufour. J'ai lu avec attention la rubrique scientifiction, bourrée d'hypothèses fort intéressantes autour du vampirisme, mais manquant peut-être d'un véritable fil directeur...

Dans l'ensemble, un numéro très convaincant, à même de m'inciter à me débarrasser de mes préjugés. Peut-être même que je vais piquer son exemplaire de Twilight à ma cousine, histoire d'avoir des bases pour le critiquer. Quitte à le brûler après.

Commentaires

Pitivier a dit…
J'ai trouvé le dossier sur les vampires assez léger. Il y a à boire et à manger. Par contre, je me suis pissé dessus à la lecture de la critique de Twillight par Catherine Dufour. Sinon, dans la littérature vampirique, il y a quand même pas mal de choses bien même si je suis comme toi, totalement hermétique à la vague bitlit.
Anudar a dit…
Bienvenue ici :) !

J'ai un peu survolé le dossier sur les vampires, ce que reflète assez bien mon compte-rendu :P ... En la matière, je n'ai même jamais lu "Dracula". J'avais projeté de le faire dans la foulée de "Frankenstein", il y a des années, mais je n'ai même jamais acheté le bouquin, alors...
Guillmot a dit…
Possible que le format de Bifrost ne se prête pas à un dossier plus approfondi ? Après tout, le vampirisme en littérature est un sujet de recherche dans mon université, cela laisse songer aux développements volumineux que l'on peut en faire !
Anudar a dit…
Alors ça, je n'en ai aucune idée, je n'ai pas trop l'expérience non plus de "Bifrost" pour en juger. Par contre, je remarque qu'une revue telle que "Analog" (j'ai à nouveau trois numéros de retard, moi...) ne fait pas trop dans l'analyse littéraire. Peut-être que "Bifrost" veut "trop en faire" dans tous les sens (publications de nouvelles, dossiers littéraires/sur des auteurs, critiques et scientifiction) pour des numéros qui paraissent tous les trois mois.
Enfin, moi ce que j'en dis... Tant que ça reste intéressant comme celui-ci, je serai preneur.
Ferocias a dit…
Merci pour l'info. Bon, beaucoup connaissent mon amour immodéré pour Bifrost :)
Et n'oublie pas de faire des liens quand tu cites les blogueurs, c'est plus facile d'être au courant ;)
Des vampires mésoaméricains brrrr il me les faut!
Ferocias a dit…
Et on ne brûle pas les livres!
Anudar a dit…
Salut Ferocias, quand tu dis "faire un lien", cela veut-il dire associer ton pseudo à l'adresse de ton blog ? En général je le fais mais j'ai oublié, je dois le reconnaître, et je vais réparer ça tout de suite. Tu m'en vois désolé :s ...
Si c'est autre chose, n'hésite pas à me le dire. Je suis encore un vrai noob à bien des points de vue.
Ah bon ? C'est pas possible de brûler des livres ? Même quand ils sont mauvais ? Même pour châtier sa cousine ? T'es sûr :D ?
Tigger Lilly a dit…
Brûle ta cousine, plutôt. *oups*

Ça fait un an que je suis abonnée à Bifrost et ce numéro est celui qui m'a le moins convaincu. Je m'explique sur mon blog à ce sujet : http://ledragongalactique.blogspot.com/2010/11/bifrost-60-special-vampires.html

Faut avouer quand même qu'il fallait oser faire un dossier sur ce sujet. Je me demande s'ils ne vont pas se faire auto-razzier pour ça :D
Vladkergan a dit…
Perso les 3/4 des nouvelles m'ont convaincues, et une partie des dossiers a apporté du grain à moudre au féru de littérature aux dents longues que je suis. Je tiens cependant à préciser que mon intérêt pour le sujet est bien plus ancien que Twilight, une série pour laquelle je n'ai pas franchement d'affinités.

Reste qu'une partie des dossiers est somme toute très convenue, et n'apporte pas grand chose de neuf sous le soleil (huhu).

Un numéro pas inintéressant, qui vaut surtout par ses nouvelles (Holstein montre qu'on peut se frotter au sujet plusieurs fois sans se répéter) :
Anudar a dit…
@Tigger Lilly : c'est une idée, mais je pense que j'aurais des ennuis avec la famille. Par ailleurs, et au sujet du "sujet glissant" choisi par "Bifrost" cette fois-ci, j'ai remarqué leur introduction, où ils "défendent" leur sujet avec des arguments qui m'évoquent tout à fait ceux que j'avais développés à l'époque lointaine (années Lycée) où j'avais été privé de SF pendant deux ans au motif qu'il fallait que je lise de la "vraie" littérature (comprenez, Balzac, que depuis je chie avec enthousiasme) because BAC de Français (les seuls effets de cette interdiction avaient été de me faire décupler mes achats de SF et de dissimuler mes livres sous un tiroir)... Ayant tout de même un minimum d'intégrité spatio-temporelle, je ne pouvais pas y rester insensible.

@Vladkergan : bienvenue ici ! Et tu tombes bien, parce que les spécialistes de la bit-lit, on aimerait en avoir un ou deux, peut-être, sur le Planet SF, histoire de nous concocter un challenge ou une lecture commune sur des oeuvres de qualité... Au plaisir de te lire !