Letter Bee tome 13

Cela faisait six mois, depuis le tome précédent sorti en Décembre, que je n'avais pas eu l'occasion de chroniquer la série steampunk Letter Bee : espacement des publications suite à un rattrapage du rythme japonais ? Grâce à l'éditeur, j'ai pu qui plus est bénéficier d'une avant-première sur ce volume qui paraît le 6 Juillet (information sur le site officiel). Merci, et place à la chronique...
Résumé :
Lag et Connor assistent, impuissants, au "retour" immédiat du Cabernet, cet infernal insectarmure qu'ils pensaient pourtant avoir détruit. Très endommagé, affectant maintenant des formes grotesques, le Cabernet semble pourtant d'autant plus dangereux, comme s'il avait pu acquérir un embryon de personnalité - chose inconnue par ailleurs chez les insectarmures. Est-ce lié aux quantités astronomiques de "coeur" dont il s'est rassasié au fil de son voyage, puis au cours de la lutte contre les Bees qui ont essayé de le détruire avant qu'il ne se jette sur le soleil artificiel de l'Amberground ? A Yûsari central, vers laquelle se déroute le monstre, c'est la consternation. Garrard, qui occupe maintenant le siège du Directeur de Lloyd, semble bien peu capable de prendre en charge la défense de la ville... Lag étant lui-même épuisé par la bataille bien vaine qu'il vient de livrer, les autres Bees dispersés sur le chemin du Cabernet, et Lloyd sur le point de pactiser avec la faction qui a libéré le monstre, qui va pouvoir sauver les citoyens de Yûsari central ?
Il s'agit à nouveau d'un épisode où Lag est en retrait, mais cette fois-ci, ce n'est pas au profit d'un de ses proches. Au bout de quelques pages, c'est bel et bien le très antipathique Garrard qui s'impose comme personnage central de l'histoire. Et c'est par son intermédiaire qu'enfin, le lecteur (et plus tard Lag, peut-être, si je ne me trompe pas quand à la nature du rapport griffonné par le remplaçant de Lloyd...) progresse quand à la nature cachée de l'Amberground et de son soleil artificiel. Comme on le soupçonnait depuis quelques temps, tout ce qui est lumière n'est pas pur. Et le soleil artificiel, qui a été quelques épisodes plus tôt décrit comme une créature vorace, apparaît d'autant plus inquiétant. La noirceur, déjà sensible depuis un moment, s'affirme donc comme l'un des ressorts principaux de l'oeuvre, avec un certain nombre de révélations inquiétantes. A ce titre, Letter Bee se rapproche d'un FullMetal Alchemist car la science y apparaît comme une forme de magie, exigeante voire cruelle pour ceux qui la pratiquent - ou en sont les sujets d'expérience.

Ce tome 13 m'apparaît comme une véritable "conclusion de cycle" : certains personnages majeurs y gagnent une nouvelle dimension et en ressortent presque transfigurés. Il me semble très révélateur que Lag soit mis de côté dans cette fanfare de découvertes : il va falloir du temps pour intégrer toutes ces nouvelles informations dans un schéma plus stable. On sait que le jeune Bee est capable, grâce à ses balles-"coeur", d'éveiller dans le courrier l'état d'esprit et les souvenirs de ceux qui l'ont écrit : il est probable qu'il va, dans les épisodes à venir, exploiter cette aptitude sur le "rapport" de Garrard. S'agit-il d'un passage de relais (inconscient... ou non ?) du vieux Bee désabusé au garçon qu'il a éreinté de tâches rébarbatives ? Et surtout... Lag restera-t-il neutre dans le conflit entre le gouvernement et les rebelles, alors qu'il est à présent démontré que ni l'une, ni l'autre des deux factions n'a de respect pour la vie humaine ?

Outre ces questions, l'épisode nous laisse avec un Cabernet non encore abattu mais avec pas mal de plomb dans l'aile. Néanmoins, cela ne doit pas dissimuler ce qui est essentiel : Letter Bee n'est pas (plus) une série tournant autour d'une succession de monstres à dégommer. Avec l'intrusion de thèmes de plus en plus dérangeants, Lag va devoir grandir pour faire face à ses véritables ennemis. Reste à savoir s'il pourra le faire sans y perdre... son "coeur" ?

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