Oms en Série tome 1 : Terr, Sauvage

J'ai chroniqué il y a quelques jours le tome 1 de la série BD Niourk, adaptée du roman éponyme de Stefan Wul. Dans la même série Les Univers de Stefan Wul, plusieurs des romans de SF de l'auteur vont être adaptés en BD : d'ores et déjà, le premier tome de l'adaptation du célèbre Oms en Série (adapté en film d'animation sous le titre La Planète sauvage par René Laloux) est disponible, et en voici ma chronique.
Résumé : 
Sur la planète Ygam, les Draags - géants humanoïdes amphibies et de couleur bleue - entretiennent avec beaucoup de soin leurs animaux familiers qu'ils appellent Oms. Pour eux de la taille d'une souris, les Oms sont des animaux de compagnie sympathiques et intelligents puisqu'ils sont capables d'émettre quelques mots... voire même plus. La jeune Tiwa reçoit d'un ami de son père un petit Om à la chevelure blonde qu'elle appellera "Terr". Bientôt, le jeune animal - qui grandit vite selon l'échelle du temps draag - ne la quittera plus d'une semelle, profitant même des séances d'instruction électronique à laquelle sont astreints les enfants draags. C'est ainsi que le savoir va s'infiltrer dans la tête de Terr et l'amener à bouleverser son destin et peut-être même celui de toute sa race...
Mis à part la représentation des Draags (dont je ne me souviens plus s'ils sont décrits dans le roman de Wul), cet album fait des choix graphiques très autonomes de ceux du film d'animation de Laloux. Ainsi se retrouve-t-on sur une planète Ygam foisonnante, moins psychédélique bien sûr que celle de Laloux/Topor, mais tout aussi fidèle à l'univers de Wul. Dans l'ensemble, ces choix garantissent au lecteur un voyage à la fois évident et indolore vers l'imaginaire de Wul. Plus doux, moins abrupt que celui de la série Niourk déjà évoquée plus haut, le dessin retenu ici s'adapte fort bien à une intrigue moins post-ap' (encore que...) que socio-fiction. Les "Oms" ne sont rien d'autre que des êtres humains privés de leur humanité suite à un événement inconnu. Involution vers la barbarie puis la sauvagerie suite à un cataclysme ? Contrainte exercée par les Draags ? Les deux ? Rien pour l'instant ne permet de le savoir dans cet album et nul doute que les clés suggérées par Wul dans son roman seront dévoilées dans les épisodes à venir.

A nouveau très fidèle au fil de l'intrigue du roman, cette BD, assez pétillante, s'autorise le recours au flashback pour situer les conditions de vie des Oms en tant qu'animaux domestiques, et donne une profondeur à l'horreur de leur situation. Animaux domestiques, êtres intelligents et conscients d'eux-mêmes, les deux caractéristiques présentent une contradiction fondamentale, presque schizophrénique, et entre les "Oms d'appartement" et les "Oms sauvages" on perçoit bien vite qu'il existe une méfiance voire même un mépris réciproque. Or, dans tous les cas, les responsables véritables de cette situation ne sont nuls autres que les Draags, lesquels, en toute logique, se livrent bien volontiers à la "désomisation" périodique de leurs lieux de vie, de la même façon que nous pouvons, de notre côté, nous livrer à la dératisation - humaine et indolore, à coups d'anti-coagulants ! - des vide-ordures et autres caves... Car de l'animal domestique au nuisible, il n'y a qu'un pas vite franchi : les Oms sauvages vont vite apprendre à se rebeller contre cette transition.

Fascinant album, qui ouvre une série très prometteuse. Bravo !

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