Anthologie des Utopiales 2012

L'une des acquisitions aux Utopiales 2012, et l'occasion de faire le tri des souvenirs. En effet, j'ai pu la faire signer par la plupart des auteurs qui l'ont alimentée... Les participations dédicacées seront signalés, dans ma chronique, par des lettres grasses.
  • Préface de Roland Lehoucq et Ugo Bellagamba, qui nous livrent un texte amusant et court justifiant le thème de cette édition du festival nantais, à savoir, "Origines".
  • Origo de Pierre Bordage, où un voyage vers l'origine des temps est au menu pour une équipe internationale. Le grand conteur qu'est Bordage s'est de toute évidence fait plaisir avec cette nouvelle pas exceptionnelle mais tout à fait sympathique, et tout à fait dans le thème, aussi.
  • Fae-Space de Sara Doke : à nouveau, un voyage dans l'espace, vers le premier contact... mais il se pourrait que ce premier contact ne soit pas tout à fait le premier... mais aussi que le contact réalisé en premier sur place ne soit pas le "vrai" premier contact ! Une nouvelle assez amusante et qui mixe avec succès la féérie et le space-op'. Voilà qui mériterait un temps fictionnel plus long... un roman peut-être ?
  • L'Observatrice de Robert Charles Wilson : une adolescente "à problèmes" qui est envoyée se ressourcer en Californie, tout près de l'observatoire de Palomar, et qui fait la connaissance de Hubble.  Occasion pour l'auteur de nous raconter (à nouveau) une histoire d'extraterrestres (ou pas) prédateurs-mais-ils-ne-font-pas-exprès. Mais ça reste quand même pas mal. Et puis c'est une bonne idée que de partir de ce paradoxe de l'observateur qui se trouve de facto à l'origine du temps.
  • La Finale de Nancy Kress, dont je n'ai rien chroniqué ici jusqu'à présent (même si j'ai déjà eu l'occasion de la lire). Vous passez d'une idée à l'autre, en suivant le fil de vos pensées ? Imaginez que pour un médecin quelque peu savant fou sur les bords, voire même au milieu, ça soit un symptôme, et qu'il se mette en tête d'éliminer ce qu'il appelle des "parasites" afin d'en arriver à une concentration optimale... Voilà une voie originale vers la post-humanité. C'est bourré d'humour corrosif et ça parvient même à être inquiétant, sur la fin : bravo !
  • La Chose du Lac de Laurence Suhner : sur les bords du Lac Léman, une femme de la bonne société arrive dans un hôtel où un vol se trame. Sauf que des évènements inquiétants semblent se dérouler au fond de l'eau voire même à la surface... La référence lovecraftienne me manque sans doute pour apprécier une nouvelle qui, à mon niveau, se résume à une histoire de monstre aquatique extraterrestre (?) à moins que ce ne soit un avatar moderne de vouivre, peut-être...
  • "Et pleurer, comme Alexandre..." de Neil Gaiman : un "désinventeur", c'est quelqu'un qui a pour métier de faire disparaître les inventions néfastes, comme par exemple les voitures volantes. Que se passera-t-il si vous le lâchez dans un bistro contemporain alors qu'il s'imagine avoir terminé de désinventer les pires inventions de son temps ? Une nouvelle bourrée d'humour, à déguster dans un métro à une heure de pointe.
  • La Fin de Léthé de Claude Ecken : dans un lieu médicalisé, une patiente reçoit la visite d'un homme qui lui apporte des photos d'une vie qu'elle n'a pas (encore ?) vécu. Pour des raisons personnelles, je n'ai pas du tout aimé cette nouvelle. Next.
  • Petite Excursion à l'Endroit des Atomes de Tomaso Pincio : dans une Italie post-nucléaire (au sens de post-atomique) et où le pessimisme est très mal vu, voilà qu'une classe d'enfants tous différents (dont la narratrice est née sans les trous qu'il faut là où il faut) va faire un tour au mystérieux "Endroit des Atomes". J'avais jamais lu de pièce post-apocalyptique aussi grinçante, en prise avec certains pans de l'actualité récente et pourtant chargée d'un humour aussi corrosif. En voilà un auteur à suivre !
  • En attendant demain, de Laurent Queyssi et Xavier Mauméjan (je n'ai eu la dédicace que du premier) : dans l'Espagne pré-post-franquiste (comme le dit si bien Eduardo Mendoza), un garçon d'une bonne famille découvre un jour qu'il a des souvenirs de l'avenir. Comment partager pareil secret ? Comment vivre avec ? Excellente pièce de littérature questionnant la vraie nature, et le fardeau, de la prescience. Bravo !
  • RCW, d'Ayerdhal : à Paris, un homme affecté de problèmes de mémoire se réveille. D'après ce que dit la plaque sur sa porte, son nom est "Temple Sacré de l'Aube Radieuse" et il est détective privé. Pas de détective sans enquête : il semblerait qu'un groupuscule extrémiste, la Fiction Nationale, soit en train de trafiquer l'histoire littéraire en agissant sur la psychosphère... Qui est RCW, cet écrivain de SF que les gourous de la Fiction Nationale semblent considérer comme l'un de leurs prophètes ? Et pourquoi cherchent-ils à effacer la contribution des pays étrangers à la science-fiction ? Hommage au regretté Roland C. Wagner, la nouvelle d'Ayerdhal est bourrée de références à l'oeuvre de son confrère, à commencer par le fameux borsalino vert fluo... mais aussi de références à ses idées. Une belle pièce, dédiée comme il se doit aux intimes du disparu.
L'impression générale, à la lecture de ce recueil, est plutôt positive. Quelques pièces valent le détour et c'est, en tout cas, une bonne façon de se replonger dans l'ambiance particulière de ce festival... Merci !

Commentaires

Endea a dit…
J'ai trouvé ces nouvelles, de manière générale, de très bonne qualité, je ne regrette pas d'avoir investi dans cette anthologie.
Je crois que ma préférée est celle de Gaiman, il fallait oser tout de même !
Xapur a dit…
En cours de lecture... celle de Gaiman est aussi courte qu'excellente !
Gromovar a dit…
Le Pincio et le Gaiman m'ont vraiment impressionné.

Et pas d'accord avec toi pour le Doke. C'est dans ce format de petite nouvelle à chute très années 50 que l'histoire est la plus efficace imho.
Jérémie a dit…
Bonjour Anudar,
J'apprends dans cet article la disparition de Roland C. Wagner, après avoir reconnu le nom de complet du détective au borsalino vert appelé Tem, "Temple Sacré de l'Aube Radieuse"... Content de voir qu'un auteur lui a rendu hommage par cette nouvelle, j'avais beaucoup aimé aussi Le chant du cosmos.
Absent à ces Utopiales (j'aurais bien aimé rencontrer R. C. Wilson), je ne manquerai pas les prochaines et vais sûrement me procurer l'anthologie comme tu as l'air de l'avoir appréciée.
Jérémie
Anudar a dit…
Yep, comme tu dis. C'est court et brillant.
Anudar a dit…
Voilà, ce sont tout à fait les mots qui conviennent !
Anudar a dit…
Je me suis sans doute mal exprimé : je voulais dire que j'aimerais bien lire une histoire plus longue se déroulant dans ce même univers. La nouvelle en elle-même utilise à la perfection son propre temps fictionnel.

On est tout à fait d'accord par ailleurs pour les nouvelles de Gaiman et Pincio.
Anudar a dit…
Bonjour et bienvenue ici.

Hélas oui, Roland C. Wagner n'est plus des nôtres. Le festival des Utopiales, cette année, lui a été dédié : c'était mérité.

J'ai croisé Robert Charles Wilson aux Utopiales, je lui ai fait dédicacer plusieurs livres et ce, même si j'ai pas mal de problèmes avec ce qu'il écrit.

L'anthologie vaut dans l'ensemble le détour, n'hésite pas à venir me signaler ta chronique si tu en fais une sur ton blog.