Yoko Tsuno tome 14

Un petit Yoko Tsuno, ça fait toujours plaisir. Celui-ci a été déniché à la librairie Temps-Livres de Markus Leicht, à Lyon.
Résumé : 
Ingrid, l'amie organiste, a convoqué Yoko et son attirail d'électronicienne pour expertiser un mystérieux objet perdu dans la collection d'instruments de musique anciens du physicien Richter. L'étrange pièce mobile, quand elle est exposée à l'électricité statique, est capable d'émettre de véritables éclairs ! Plus inquiétante est la deuxième partie de l'objet, qui ressemble à une mitrailleuse... mais quand un homme meurt en essayant de dérober le premier morceau, Yoko n'a plus de doute : il s'agit d'une arme, et d'une arme dangereuse, convoitée par de sinistres personnages. Qui est assez fou pour vouloir jouer avec la foudre du dieu Wotan ? Et surtout... à quelles fins ?
Avec La Spirale du Temps, la série de Roger Leloup avait atteint l'âge de la maturité. Des albums plus tardifs (à partir du Matin du Monde, selon l'ami Efelle) se sont caractérisés par une attention toujours plus maniaque à la perfection graphique, au détriment de la solidité du scénario. Ici, on se situe et d'une façon très nette à l'apogée de la série : véritable série d'albums très réussis où Roger Leloup semble détenir une martingale permettant d'assurer l'équilibre parfait entre ses exigences graphiques et la cohérence du scénario. Situé au beau milieu de cet âge d'or où Yoko accède au club très fermé des personnages emblématiques de la BD francobelge, Le Feu de Wotan confronte à nouveau l'héroïne à l'ambition démesurée de quelques-uns : ici, de véritables gangsters déterminés à mettre au point rien de moins qu'un rayon de la mort électronique - et à le vendre au plus offrant, suite à une gigantesque et terrifiante démonstration de force. D'une certaine façon, et avec vingt ans d'avance, Roger Leloup envisage donc le concept d'hyperterrorisme : nouvel avatar du vieil ennemi de Yoko.

C'est dans cet épisode que s'introduit dans la série un nouveau personnage secondaire. A sa façon lui aussi dévoré par l'ambition, il aurait tout de l'adversaire potentiel pour Yoko. Sauf que Peter Hertzel (c'est son nom) a décidé de mettre son pouvoir et son ambition au service de la paix. Même si elle se montre méfiante, Yoko apprécie l'aide d'un personnage intrigant et inhabituel : jusqu'à présent, les ambitieux tels que Kazuki dans La Fille du Vent n'étaient rien d'autres que de véritables portraits de salopards ; ici, Hertzel fait donc figure de nuance de gris. Et surtout, il annonce une ère nouvelle de l'informatique : déjà, il peut interroger des banques de données d'un bout à l'autre de la planète, une capacité qui nous est familière mais qui relevait encore (pour le grand public) de la SF au moment de la parution de cet album ; album dont il est en fait presque l'argument, devant cette histoire de foudre et de rayon de la mort.

Loin d'être manqué, Le Feu de Wotan apparaît pourtant presque décevant, perdu qu'il est dans une succession d'albums magnifiques. Il ne faut cependant pas commettre l'erreur de le considérer comme un Yoko Tsuno mineur. Certes, les ellipses du scénario, parfois un peu hasardeuses, peuvent apparaître au lecteur familier de la série comme autant de signes annonçant les errements post-Le Matin du Monde. Mais le talent de visionnaire de Roger Leloup vient bien vite mettre fin à nos petites impressions : n'en doutons pas, avec Le Feu de Wotan, l'auteur signe une fois de plus un excellent Yoko Tsuno.

Ne manquez pas l'avis d'Efelle.

Commentaires

Efelle a dit…
Voilà qui mérite une relecture car j'en garde un très bon souvenir, notamment sur la question du scénario.
Anudar a dit…
N'oublie pas de me le signaler quand tu le chroniques. Je crains d'avoir les idées ailleurs par moments.
Efelle a dit…
Relecture effectuée et je souscrit à ton point de vue, un bon album mais comportant des défauts au niveau de la narration.
Sans doute le côté formaté des éditions de l'époque.

http://efelle.canalblog.com/archives/2013/03/10/26611210.html
Anudar a dit…
Merci !

Lien fait de mon côté ;) . On est en train de la faire, cette lecture commune de "Yoko Tsuno" en fait !