La Paille dans l'OEil de Dieu

Mon attention sur ce livre a été attirée par la chronique faite par Leto sur le blog de DAR. Intéressante lecture pour cet Eté, me suis-je dit, surtout que Lhisbei du RSFBlog a reloadé son challenge estival, le Summer StarWars ! Occasion, par conséquent, de partir en direction d'un premier contact présenté comme original...
Résumé : 
Les Guerres de Sécession, terminées depuis moins d'un siècle et demi, ont marqué tout l'espace humain : le Second Empire de l'Homme peine encore à rassembler autour de lui les colonies éparpillées de son prédécesseur, même avec la main de fer de la Marine Spatiale Impériale. C'est alors que se produit un incident qui promet de bouleverser à jamais le destin de l'espèce humaine : une sonde, venue du système d'Alpha de la Paille, apporte avec elle le corps d'un être intelligent extraterrestre. L'être humain n'est plus seul et l'Empire s'inquiète : les Pailleux représentent-ils une menace ? Pour le savoir, il faudra leur rendre visite et deux vaisseaux de la Marine sont dépêchés dans le système d'Alpha de la Paille... Sur place, les ambassadeurs de l'espèce humaine découvrent une culture étrange, une société de castes biologiques très ancienne et peut-être sénescente. La technologie des Pailleux intéresse les Marchands, mais quelles sont les intentions réelles des autochtones ?
La problématique du premier contact est l'une des plus intéressantes en space-op' : comme j'avais eu l'occasion de le dire ici, on imagine mal, je pense, le traumatisme que pourra représenter pour notre espèce la disparition de la "dernière illusion de grandeur" - à savoir, l'idée selon laquelle nous sommes la seule intelligence de l'univers et donc, d'une certaine façon, les seuls à pouvoir en revendiquer la propriété en toute légitimité.

Les auteurs nous proposent ici un premier contact original. En face d'une espèce humaine parvenue de justesse à l'espace avant la destruction de la Terre, se trouve donc une autre espèce intelligente, aux formes dérangeantes car dissymétriques, une société de castes biologiques que les personnages trouvent difficile d'appréhender, mais surtout des êtres dont l'Histoire technologique remonte à un passé beaucoup plus lointain que la nôtre. Sauf qu'eux n'ont jamais découvert l'ensemble des secrets du voyage spatial et sont, par la force des choses, cantonnés au système stellaire qui a vu leur apparition, un système stellaire exploité jusqu'à la corde et qui a donc forcé leur évolution sociale et peut-être même biologique vers des formes très spécialisées. La technologie "pailleuse" est décrite, par les protagonistes humains, comme étant d'un niveau d'avancement extrême au point d'en être inégalable par les ingénieurs de l'Empire... entraînant l'éveil des cauchemars de conquête si les "Pailleux" devaient acquérir le voyage spatial humain et donc leur liberté. Le face à face entre les deux espèces ne sera guère facilité par les demi-vérités, voire les mensonges, développés d'un côté comme de l'autre, chacune s'inquiétant de sa propre pérennité dans un univers d'emblée perçu comme soudain plus dangereux, du simple fait de l'existence d'un voisin.

Se terminant d'une façon très ouverte, La Paille dans l'OEil de Dieu n'apporte pas de réponses définitives. On comprend que la coexistence entre les deux voisins va devoir se faire, d'une façon ou d'une autre, et que l'astuce des "Pailleux" leur permet d'acheter un peu de temps pour assurer leur propre survie. Voilà sans doute une fin ouverte plus satisfaisante que ce que n'auraient pu être bien d'autres développements, les auteurs reconnaissant que les problématiques soulevées par le premier contact mettront des générations à trouver leurs réponses : rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce que Frank Herbert ait proclamé le caractère nouveau et original du premier contact imaginé dans ce livre. On regrettera toutefois le caractère un peu interchangeable de certains personnages, ou leur psychologie quelque peu binaire quand ce n'est pas en "tout ou rien"... Peut-être est-ce là tout ce qu'il manque à ce livre pour être un véritable chef-d'oeuvre ? En l'état, il s'agit néanmoins d'une excellente lecture, que je recommande à tout amateur sérieux de space-op'.

Ne manquez pas l'avis d'Efelle.



Commentaires

Gromovar a dit…
Voui, très bon livre en effet.
Efelle a dit…
Un bon souvenir, une suite existe en VO apparemment.
Efelle a dit…
http://efelle.canalblog.com/archives/2008/05/06/9086123.html

J'avais oublié mon lien.
Anudar a dit…
Dommage que la fin soit (un peu) moins exaltante.
Anudar a dit…
Ah, s'il y a une suite, c'est à guetter. Je t'ai lié !
Celui-ci, cela fait un bon moment que j'aimerais le lire. Il est là chez moi, il m'attend. Mais comme il est épais, je m'attaque souvent à d'autres ouvrages...
Anudar a dit…
Il est épais, mais se lit très vite. N'hésite pas !