Letter Bee tome 15

Les publications s'espacent de plus en plus pour la série steampunk jeune public Letter Bee : entre la dernière et celle-ci, qui remonte à fin Janvier 2014, on doit compter quand même neuf mois... Que donnait donc ce nouveau tome que je rattrape ces jours-ci ?
Résumé : 
Le Cabernet a en fin de compte été pulvérisé grâce aux efforts acharnés de Lag et des autres Bees. L'heure n'est cependant pas à la liesse à la ruche postale de Yûsari Central : désertion de l'ancien directeur, Largo Lloyd, qui a sans doute rejoint les rangs de "Reverse" et manigance peut-être l'extinction du soleil artificiel, atroces révélations sur le carburant de ce fameux soleil et, d'une façon générale, un retard considérable dans le travail ordinaire à cause de la bataille contre le Cabernet. Il n'empêche qu'aux yeux des nouveaux chefs de la ruche, Lag et Noir - toujours aussi amnésique - possèdent les clés du mystère et de la malédiction de plus en plus évidente qui pèse sur l'Amberground. Pour Noir, qui est le seul à être allé à la capitale Akatsuki - même sous son incarnation précédente et véritable, celle de Gauche Suede, le moment est venu d'essayer de percer la muraille de son amnésie : peut-être a-t-il vu quelque chose d'important, quelque chose qui pourrait aider les Bees à comprendre la nature véritable du danger. Pour Lag, alors qu'à peine deux cents jours se sont écoulés depuis son départ de Yodaka, la région extérieure où il a grandi jusqu'à l'âge de douze ans et son entrée chez les Bees, l'heure est au contraire à l'enquête sur son propre passé. Là-bas, au bord de l'océan qui encercle l'Amberground, quelqu'un possède peut-être bien les clés du mystère de ses origines...
Après tant d'épisodes si toniques où la bataille contre le Cabernet venait tromper pour un temps l'envie, toute légitime, que le lecteur plus mûr éprouve de plus en plus à comprendre le mystère de cet étrange pays, voici un tome dense, très dense, où nous découvrons bien des choses dont certaines sont étonnantes et d'autres moins. On n'ignorait pas que le destin exceptionnel de Lag était lié à des origines tout aussi exceptionnelles : on savait déjà, par exemple, qu'il était né le fameux "jour de l'extinction" où le soleil artificiel avait cessé un moment de donner sa lumière. Cette fois-ci, ce sont rien de moins que les circonstances de sa naissance qui sont révélées. On voit aussi réapparaître, même si c'est à travers un flashback et surtout une lettre, nulle autre personne que sa mère, Anne Seeing. Autant dire que le petit pleurnichard - dont les plis émotionnels, mais aussi les traits inhabituels et surtout l'aspect androgyne sur lequel avaient ironisé certains personnages se voient justifiés ici d'une façon un peu surprenante - va plus que jamais se trouver au début d'une nouvelle quête.

Dans ce déluge de révélations, il est facile de perdre de vue les autres personnages de cette aventure. On parlera un peu de Niche, toujours aussi investie dans son rôle de "dingo" de Lag, et qui sort un peu de son rôle de faire-valoir. On parlera un peu plus de Roda : un étrange personnage, possédant une apparence féminine à même de troubler la pudeur légendaire de Lag (à moins, et plutôt, qu'elle  n'éveille chez lui un désir nouveau et inconnu !) et pourtant chimère d'humain, d'animal et de végétal, dont les secrets sont, comme ceux de Noir, enfouis dans une mémoire torturée. On évoquera surtout Noir, qui va parvenir à extraire de sa tête un souvenir inquiétant : celui d'un orgue vu pendant son séjour dans la capitale, dans lequel semble enchâssée une forme féminine... On aura une pensée pour le "petit" et froid Zazie (celui dont j'ai mis quatre ou cinq tomes à comprendre qu'il était un garçon et pas une fille malgré son prénom) puisque, de toute évidence, la prochaine parution sera l'occasion pour l'auteur de le mettre sur le devant de la scène.

Comme un FullMetal Alchemist, la série Letter Bee, avec ce quinzième tome, semble s'orienter vers une maturité plus grande. C'est l'enjeu, en général et pour ce que j'en sais, du shônen qui donne à voir le voyage initiatique d'un jeune adolescent : pour Lag, le voyage commence pour de vrai. On verra bien où il nous emmènera...

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