Optimizing the Verified Good

Cette nouvelle est tirée du numéro de Septembre/Octobre 2018 d'Analog et, pour des raisons qui vont apparaître bientôt évidentes, elle gagne à être lue en groupement de texte avec It came from the coffee maker que l'on trouvera quelques pages plus loin dans la même revue...
Résumé : 
Le nettoiebot est chargé de l'élimination des restes et de leur recyclage quand les combats de bots ont pris fin : restituer une arène impeccable est "Verified Good". Il arrive parfois qu'un débris plus gros que les autres entraîne un dysfonctionnement - et le nettoiebot se rappelle alors, à cause du signal de douleur implémenté par le maîtrebot, qu'il a lui-même été un bot combattant autrefois... Peu à peu, alors que cette nouvelle programmation est étendue à tous les bots combattants, voici que le nettoiebot comprend que la douleur est "Verified Bad" - et qu'il trouve les mots pour convaincre ses pairs de cette atroce réalité. Mais comment échapper à sa condition si le refus de la douleur entraîne la fermeture de l'arène - et donc le démantèlement des bots qui l'animent pour le plus plaisir des maîtres d'en dessus ?
Le robot se fait ici gladiateur : sa seule fonction est de combattre sous les ovations - ou les huées - du public humain, lequel fait preuve d'aussi peu de compassion que les citoyens de la Rome antique n'en avaient pour les esclaves qui s'entretuaient sous ses yeux. Le portrait qui est fait en creux de l'espèce humaine est redoutable : dans ce futur mal défini, l'homme n'est pas si différent de ces romains qui associaient sans scrupules tous les raffinements de la civilisation à la barbarie la plus innommable... et nul doute que les gladiateurs de l'Antiquité se voyaient eux aussi acclamés lorsqu'ils terrassaient leurs adversaires de rencontre - ou vilipendés parce que la douleur ou la panique laissaient libre cours à leur instinct de conservation et les conduisaient à chercher un secours illusoire dans la fuite.

Le sujet de cette nouvelle n'est pourtant pas le portrait d'une humanité future mais toujours immature : il est celui de l'éveil à la conscience et même à l'intelligence sociale d'une communauté de robots. Comme dans It came from the coffee maker, la programmation de la machine est truquée, ne lui laissant pas de réelle possibilité de s'affranchir elle-même : il faut se battre et faire souffrir pour vaincre - ou souffrir en étant vaincu - car c'est le jeu et la consigne des "maîtres d'en dessus" que sont les êtres humains. Que l'on refuse le combat ou que l'on use de subterfuges pour le rendre impossible, et voilà que l'arène est désertée, que les fonds se mettent à manquer... ce qui promet la dispersion des composants électroniques et informatiques des bots. L'économie du divertissement est d'une cruauté consommée : il faut se battre et risquer le handicap ou la mort si l'on veut survivre - et nul ne le sait mieux que le nettoiebot.

Il est donc tout à fait intéressant de voir que c'est de ce dernier que vient la solution permettant d'optimiser le "Verified Good" : si les gladiateurs de la Rome antique ne se relevaient pas toujours, les combattants de catch le font à chaque fois - puisque leurs combats sont scénarisés à l'extrême et même chorégraphiés, à ce que l'on raconte... Puisque le public vient pour le spectacle, rien n'interdit de lui en donner... quitte à ce que ce spectacle soit aussi truqué que la programmation des combattants : toute l'excitation de la destruction sans ses affres, en quelque sorte ! Sans être drôles comme l'était la cafetière neurasthénique de It came from the coffee maker, les bots combattants de cette nouvelle font malgré tout preuve d'un solide sens pratique et d'une véritable intelligence collective : la révolte des machines n'est pas pour demain - mais leur syndicalisation en masse, peut-être bien...

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