Übel Blatt tome 8

Je poursuis mes rétro-chroniques d'Übel Blatt : voici celle du tome 8, qui est en réalité le neuvième volume de la série...
Résumé : 
Alors que Barestar vient de périr, l'heure est venue pour Köinzell de se livrer à un moment d'introspection. Cinq années plus tôt, alors qu'il venait à peine de refaire surface au beau milieu d'une plaine gelée, battue par les vents glacés aux confins de l'Empire et à la frontière avec Wischtech, le semi-elfe a découvert le monument aux "Sept Héros" et se souvint alors de la folle chevauchée des onze compagnons à travers l'armée des ténèbres et la barrière magique... Au-delà de celle-ci, se trouvait la forêt de la mort et le temple du sceau qui était l'objectif de leur quête. Mais sur la route, le cœur a manqué à sept d'entre eux : Güsstav, Krentel, Kfer et Ascheriit ont dû terminer la mission seuls. Sans savoir qu'au bout du voyage, leur sept anciens amis les attendaient l'épée au poing...
Les précédents volumes avaient campé un schéma sans doute simpliste : alors que le semi-elfe Köinzell progressait vers le cœur de l'Empire, les difficultés se faisaient de plus en plus redoutables et ses proies de plus en plus dangereuses. Schtemwöllech et Barestar avaient été somme toute faciles à éliminer : à présent que l'Empire est conscient de la menace, nul ne pouvait douter que la quête se ferait plus compliquée encore. Pareille gradation était prévisible, et elle aurait alors été de nature à renforcer le caractère de jeu vidéo d'Übel Blatt : au vu de l'insistance avec laquelle était mis en avant le personnage de Glenn, il était même facile de prédire qui au juste serait le "boss final". Et puis... Voici qu'avec un certain talent l'auteur fait éclater le schéma que l'on attendait : d'abord avec un flashback au sein duquel il en inclut un  autre - audacieux procédé narratif, au passage ! - ce qui permet de préciser le contexte général et de donner une profondeur nouvelle au personnage de Köinzell par ailleurs très peu porté sur l'introspection ; et ensuite en précipitant la confrontation mortelle entre le semi-elfe et Glenn. Übel Blatt bascule donc dans l'inattendu et peut-être même l'inconnu : si Glenn n'est pas le "boss final", qui est appelé à l'être ? Qui va devenir le prochain adversaire de Köinzell : s'agit-il de l'orgueilleux Lebellond, des plus effacés Nirgenfeled et Güllengurv... ou bien du taiseux Ischüdien ?

En tout état de cause, le lecteur comprend qu'il est en présence d'un volume de transition et que le premier cycle d'Übel Blatt prend fin ici. Glenn était le premier parmi le groupe de pairs des "Sept Héros", un statut qui avait éveillé des jalousies chez au moins deux des autres membres du groupe et ce d'autant plus que cet état des choses était admis par l'Empereur lui-même. Les Sept n'étant plus que cinq, alors que la mort continue à rôder, il apparaît que les oppositions entre les différents membres du groupe - dont certaines sont sans nul doute anciennes - se font moins feutrées. Se dessine ainsi une rivalité entre Lebellond d'une part - auprès de qui Nirgenfelled et Güllengurv cherchent protection - et Glenn d'autre part, ce dernier ne cessant d'être accompagné par Ischüdien. La mort de Glenn n'est pas de nature à remettre en question ces lignes de fracture : Lebellond cherche à faire ses preuves avant même celle-ci - et une fois son rival disparu, il a le champ libre pour faire avancer son ambition. Si le premier cycle avait été tout entier centré sur la quête vengeresse de Köinzell, voici que le second s'annonce plus politique avec un changement de dimension du meilleur aloi...

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