Ready Player One

Un nouveau film de Spielberg, et aux accents cyberpunk en plus, voilà qui méritait bel et bien mon intérêt !
Résumé : 
En 2045, le monde ne va pas très bien : les HLM sont désormais des mobil-homes empilés sur plusieurs étages, on trouve dans les rues des montagnes d'ordures... en revanche, ou peut-être à cause de cela, fleurit un monde virtuel très populaire - où chacun peut adopter l'avatar qui lui convient le mieux, pour vivre les aventures qui lui plaisent au mieux et oublier un peu le monde réel si morne. OASIS est le nom de ce jeu vidéo persistant, où la mort n'est jamais définitive, mais où il est possible de récupérer des objets intéressants. Wade - alias Parzival - a dix-huit ans et son rêve est de remporter le concours de l'Easter Egg lancé par James Halliday, le concepteur décédé d'OASIS. Qui découvrira les trois clés - que l'on peut gagner au terme d'autant de défis - deviendra le propriétaire officiel d'OASIS et pourra lui imposer sa marque. Même assisté par ses meilleurs amis - Aech, Daito et Sho - et aux côtés de l'énigmatique Art3mis, aura-t-il une chance d'accomplir son rêve avant que la sinistre entreprise IOI ne mette la main sur les secrets d'OASIS ?
Voici donc l'histoire d'un monde futur qui ressemble à ce que le nôtre pourrait devenir, à condition de le laisser pourrir et dégénérer pendant trente ans. Le peu qui est vu du monde réel n'est pas très engageant, même si l'on ne se trouve pas tout à fait dans un univers à la Soleil Vert ; il est possible de mener une vie à peu près normale même si celle-ci n'a rien de très exaltant. Le rêve américain est à bout de souffle : pour le petit peuple, il s'agit encore d'acquérir sa propre maison individuelle - bien loin des piles de mobil-homes qui témoignent de la sédentarisation définitive d'une nation autrefois migrante - alors que pour ceux qui se trouvent au sommet de l'échelle, il s'agit de s'y maintenir coûte que coûte, quitte à trouver des façons créatives de polluer le champ visuel des gens de publicités rémunérées, jusqu'au seuil de la crise d'épilepsie. L'Etat semble réduit à sa plus simple expression - celle d'une force de police - alors que le pouvoir des marchands vient empiéter sur celui de la politique, IOI disposant de ses propres agents de sécurité mais pouvant aussi retenir contre leur gré les gens endettés... et pouvant même les contraindre à travailler à son profit pendant leur détention ! Comment s'étonner, dans ces conditions, que le monde virtuel d'OASIS devienne plus intéressant que le monde réel ?

IOI cherche par conséquent à prendre le contrôle d'OASIS, afin d'y devenir l'Etat de jure. L'aventure de Wade et de ses amis prend donc l'apparence d'une quête : face à la vision mercantiliste qui anime leur ennemi, en fin de compte le clan informel de Parzival se met à incarner une certaine conception du jeu dont le plaisir est gratuit, de l'outil qui doit pouvoir être détourné de sa fonction à des fins ludiques, et du travail qui peut n'avoir aucune finalité au-delà de la volonté de l'artisan. C'est un peu le sens de l'énigme finale de James Halliday : l'Easter Egg d'un programme informatique n'en change pas la fonctionnalité, il ne sert à rien sinon à faire sourire son concepteur... et celui qui vient à le découvrir, le plus souvent par hasard ou presque. A travers ce schéma, Ready Player One finit par prendre des allures de conte de fées : les cinq paladins de cette histoire, dont chacun cache une vulnérabilité insoupçonnée, sont en fin de compte assurés de parvenir au terme de la quête en vainqueurs. Ne cherchent-ils pas à poursuivre leur chemin pour de bonnes raisons et animés des meilleures intentions ?

Plus fragile, peut-être, est la narration de ce film. Véritable hommage à la pop-culture et en particulier à celle des années 1980, Ready Player One cherche la référence geek à tout prix - ou bien, pour être plus précis, à en placer autant que possible. Beaucoup de spectateurs sauront identifier la marque de la voiture de Parzival, et beaucoup sans doute aussi détecteront sur sa face avant la barre lumineuse rouge qui fait un clin d’œil à une célèbre voiture de fiction ; d'autres souriront à l'évocation de jeux vidéo dont certains ont maintenant pas loin de quarante ans ; quelques-uns peut-être pourront repérer les références à l'univers de Dune. Je ne doute pas que j'en ai manqué, certains éléments graphiques fugitifs éveillant des souvenirs un peu nébuleux et d'autres m'échappant tout à fait : c'est à cela que l'on se rend compte qu'il est toujours possible de trouver plus geek encore que soi-même... Et pourtant, à construire ce véritable empilement de références - j'ai croisé quelque part un commentaire qui suggérait que Spielberg s'était parodié lui-même - je ne suis pas sûr que l'intrigue du film n'ait pas souffert, quelques-unes de ses ellipses confinant au raccourci scénaristique hasardeux. Il n'en reste pas moins que Ready Player One fait sourire très volontiers en illustrant d'une façon plus lumineuse que bien souvent le riche fonds cyberpunk : c'est peut-être là le plus bel "œuf de Pâques" d'un film qui en est garni plus que de raison.

Commentaires

XL a dit…
c'est tiré d'un roman excellent Player one et j'ai peur d'être déçue par le film
Anudar a dit…
Je n'ai pas lu le livre et je ne saurais donc te dire ce qu'il en est. Mais je pense que ce film devrait mériter d'être vu pour lui-même, toutefois...
Alterran a dit…
En effet, les références sont extrêmement nombreuses et je crois que certains ce sont amusés à essayer de les dénombrer :)
En tout cas, j'ai passé également un très bon moment
Anudar a dit…
Bienvenue ici :)

Content de savoir que ce film t'a plu ! As-tu lu le livre duquel il est adapté ?
Alterran a dit…
Merci!

Je ne l'ai pas lu mais ça m'a donné envie ! C'est assez rare pour être souligné^^
Anudar a dit…
Ah oui, en effet, c'est une belle performance pour une adaptation ! J'ai eu la même sensation avec "Ca" il y a quelques mois.