Obi-Wan Kenobi

Après les films Star Wars de ces dernières années, après la reprise de la saga en série télévisée (The Mandalorian, vue mais pas chroniquée), voici donc le retour d'un personnage emblématique... celui d'Obi-Wan Kenobi, mentor de Luke Skywalker dans l'Episode IV.
Résumé : 
Obi-Wan Kenobi a été Jedi, autrefois... Mais suite à l'ascension de l'Empire, il a dû se dissimuler sur un monde de la Bordure Extérieure. Il attend le moment d'accomplir sa mission - former Luke, l'un des deux jumeaux Skywalker - sans pour autant disposer de toutes les clés dont il aurait besoin, et sombre peu à peu dans la monotonie et la dépression. Les signes viennent pourtant d'une direction inattendue : sur Alderaan, la princesse Leia - sœur de Luke - vient d'être enlevée ! Son père adoptif Bail Organa, opposant secret à l'Empire depuis les derniers jours de la République, en est réduit à demander de l'aide à Obi-Wan qui hésite... Est-il bien prudent pour lui de quitter son abri sur Tatooine, alors que l'Empire n'a pas renoncé à chasser les ultimes Jedi ?
Dans l'Episode IV, Obi-Wan est un homme âgé que Luke reconnaît vite comme son mentor : bien que d'apparence fragile, on découvre bientôt l'étendue de ses pouvoirs et même sa capacité à se changer en "fantôme de Force"... mais aussi son talent d'escrimeur qui lui permet de résister au redoutable Dark Vador. Dans l'Episode III, Obi-Wan a près de vingt ans de moins : s'il est d'ores et déjà un combattant de première force, on se rend compte qu'il est capable de commettre des erreurs d'appréciation voire même de s'opposer à la volonté de ses supérieurs - on rappellera qu'il demande à Yoda de ne pas l'envoyer combattre son ancien apprenti, Anakin Skywalker passé au côté obscur. La question est posée des circonstances ayant entraîné la transformation du personnage pendant les dix-neuf années qui séparent les deux Episodes, et ce d'autant plus que le fameux message de la princesse Leia qui lui est remis par R2D2 laisse à penser que tous deux se connaissent déjà. C'est dans ce temps fictionnel et cette interrogation qu'existait la possibilité d'un récit additionnel centré sur Obi-Wan, et c'est cette possibilité que saisit cette série.

Obi-Wan est-il une épave au début du récit qui porte son nom ? Il n'en est pas loin, comme on va le constater. Les rides se sont accentuées sur le visage de son acteur, laissant à penser que la vie du personnage est difficile. Sur Tatooine, la survie dépend de la capacité que l'on peut avoir à vendre sa propre force de travail, puis à ne pas être escroqué par les patrons et les marchands qui font tourner l'économie rudimentaire de cette planète hostile : Obi-Wan gagne le jour sa vie en découpant la viande arrachée à des carcasses de baleines des sables, puis la perd sans nul doute la nuit en ressassant ses échecs. Outre le vieillissement physique, le personnage a donc subi une déchéance morale qu'il résume de façon clinique : "je ne suis plus l'homme que j'ai été". Le spectateur le sait pourtant, c'est bel et bien pour qu'il change que Yoda lui a demandé de veiller sur le jeune Luke Skywalker : le scénario fait le choix audacieux de montrer que parfois le changement s'opère à travers la prise en compte de l'échec et de la dépression. A ce titre, les péripéties de cette série ont valeur formatrice pour Obi-Wan qui redécouvre tout d'abord son éthique personnelle - un Jedi est là pour aider - avant de retrouver sa capacité de combat et même sa volonté de sacrifice. L'ensemble préfigure donc bel et bien les développements de l'Episode IV.

Moins convaincants toutefois seront les passages impliquant des interactions avec la princesse Leia : si celle-ci se montre tout aussi intrépide et déterminée que doit l'être le personnage immortalisé par Carrie Fisher, l'établissement de l'amitié avec Obi-Wan semble bien rapide... On se serait en effet attendu à ce que la princesse soit plus méfiante à l'égard d'un Jedi peut-être failli. On se serait attendu aussi, à la réflexion, à ce que malgré son âge elle agisse par moments de façon décisive et non pas à titre de simple réconfort. Le périple en lui-même, au cours duquel ces deux personnages construisent une relation pas tout à fait crédible, n'est pas sans longueurs mais parvient en même temps à sembler précipité ! Il s'avère en réalité que les choix d'argumentation de cette série ne suffisent pas à peupler le temps fictionnel utilisé : en réalité, l'action aurait pu être concentrée en un seul film d'environ deux heures et demie.

Obi-Wan Kenobi, malgré ses qualités, ne convainc donc pas tout à fait. Le sujet est compris, mais traité d'une façon par moments superficielle. En reste un très bon divertissement, qui donne l'occasion de revoir certains visages familiers de la série - et de déguster quelques easter eggs : dans un univers aussi tentaculaire que Star Wars, il est facile de faire du fan service...

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