Space Mutiny

Diffusé dans le cadre d'une soirée "off" du Festival des Intergalactiques de Lyon édition 2018, ce film avait tout pour me plaire : un thème space-op' de bon aloi, l'aura d'un "classique" inconnu (de moi) et la garantie d'une soirée de rigolade (on va voir pourquoi)...
Résumé : 
Le Fils du Sud est un vaisseau générationnel qui fend l'espace interstellaire vers une planète à coloniser. Alors que depuis plusieurs siècles ce voyage interminable se déroule sans anicroche, à l'approche de sa destination les ambitions se réveillent... et voici que se mettent à germer de noirs complots. Dave Ryder, pilote de combat émérite revenu d'extrême justesse d'une confrontation avec une flotte pirate, et Léa Jansen, biologiste intrépide et fille du capitaine, vont avoir fort à faire pour que la paix soit rétablie à bord du vaisseau...
Comme dans tout nanar (eh oui) on peut s'attendre à dénicher malgré tout quelques bonnes idées : c'est par ce chapitre-là que je vais commencer ma chronique de ce film pas trop indispensable, sauf bien sûr si l'on est amateur du genre... Un vaisseau générationnel implique une ambiance claustrophobique laquelle, au fil des siècles, peut finir par engendrer ubris et névroses à même d'expliquer une révolte contre l'ordre établi. C'est le schéma retenu par les auteurs de ce film qui construisent leur intrigue autour d'une opposition évoquée par ellipses entre quatre des groupes qui constituent l'équipage : les "gentils", ce sont les Pilotes et les Scientifiques, alors que la Sécurité fournit les "méchants", suppléés par certains Machinistes. Le Commandement - dirigé par une espèce de Père Noël en robe bleue - se révèle tout à fait dépassé par les événements, incapable d'imaginer une mutinerie à bord de son vaisseau pacifique, alors même que l'irruption de prêtresses Bellariennes - des espèces de Bene Gesserit court vêtues et capables d'influencer les esprits faibles par télépathie - promet d'exciter les bas instincts de chacun. Il y a donc ici tous les ingrédients d'une véritable tragédie spatiale.

C'est l'essence du nanar que d'être capable de capturer un schéma intéressant puis de passer à côté de son sujet d'une façon si spectaculaire que le résultat final, bien qu'atroce, en ressorte investi d'une étrange beauté : force est de constater qu'ici comme dans L'Humanoïde, le contrat est rempli au-delà de l'imaginable. Dave Ryder, le héros de ce... film, est gratifié d'une paire de biceps dont chacun est aussi gros que sa tête. Léa Jansen, l'héroïne de ce... film, se promène partout avec une espèce de maillot de bain (sans doute parce que c'est plus sexe) une pièce (sans doute parce que c'est plus décent). Elijah Kalgan (difficile de ne pas y voir quelque citation bizarre à Fondation) émet des ricanements démoniaques à chacun de ses mauvais coups. Les prêtresses Bellariennes passent leur temps à faire des passes magiques sensuelles (?) au-dessus de lampes à plasma (??) qui avaient déjà le mérite, à l'époque où ce film a été tourné, de ne pas coûter très cher en effets spéciaux. Mais parlons-en un peu, des effets spéciaux : les rayons laser sont mille fois moins crédibles que ceux d'un mauvais Star Trek (alors que ce film leur est postérieur de vingt ans) et se révèlent même incohérents (le flingue du gentil commence par émettre des rayons rouges, qui deviennent verts puis bleus sans aucune justification interne). Ce qui confère à Space Mutiny le rang de véritable morceau de bravoure du genre, c'est toutefois sa représentation de la femme tout droit venue du Moyen-Âge : outre les costumes féminins qui auraient été jugés dégueulasses même dans les années 70, le personnage de Léa Jansen - capable de tomber amoureuse en deux scènes du bellâtre à gros bras... puis un peu plus tard, alors qu'elle est ficelée à une table de torture, de jouer le numéro de la séduction éhontée à son geôlier - ressemble à une véritable caricature de chaudasse fantasmée par les masculinistes les plus crasseux, de cette engeance qui vous donnerait envie de ne pas compter un chromosome Y dans votre caryotype... Il reste pourtant une performance à signaler au tableau de ce film, qui aurait pu être la première citée puisqu'elle se repère aussitôt, et qui n'est peut-être pas involontaire compte-tenu de son origine et de son époque de tournage (Afrique du Sud, années 80)... Le nom anglais du vaisseau n'est autre que Southern South, et ceci explique pourquoi les membres d'équipage arborent un écusson frappé du sobre logo de ce fier engin : SS.

Que dire de ce film sinon que l'on en rit, et que l'on applaudit du début jusqu'à la fin. Le space-op' mérite mieux, mais parfois, cela fait du bien de voir à quoi cela ressemble quand c'est pire...

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