A la Poursuite de Demain

Une bande annonce alléchante (malgré la présence de George Clooney dont je me méfie, d'ordinaire), et un thème qui semblait approprié à notre époque : j'y suis allé hier avec un a priori bien favorable.
Résumé : 
Cette histoire commence par un compte à rebours en forme de mauvaise nouvelle, celle d'une catastrophe imminente. Non : cette histoire commence par deux rencontres, celles que Frank Walker - alors âgé d'une dizaine d'années - fait à la foire internationale de New York, en 1964. Là, au coeur des inventions qui préfigurent les temps à venir, il reçoit son droit de passage vers un autre monde - celui des artistes, des scientifiques et des rêveurs, où possibles et imagination font bon ménage... Non : cette histoire commence de nos jours, avec les tentatives - audacieuses mais désespérées - de Casey Newton pour empêcher le démantèlement des rampes de lancement de Cap Canaveral. Parce que Casey refuse de céder à la sinistrose ambiante, et parce qu'elle pense que le futur et les étoiles sont encore et toujours une promesse, la voici partie sur une piste : celle qui la mène à Frank Walker, à son abri antiatomique et à un moyen de passage vers cet autre monde qui a peut-être renié la Terre et l'espèce humaine. Afin, qui sait, de briser les probabilités. Afin que sur Terre aussi, et à nouveau, se réconcilient les possibles et l'imagination...
Il serait difficile de faire ici une liste exhaustive des points d'intérêt de ce film : il est clair qu'il y en a bien trop. A la Poursuite de Demain, c'est une vision, avant tout, en forme de réussite graphique. Il n'y a pas un plan, pas un lieu, qui ne soient beaux et léchés dans une gamme de couleurs et d'objets sélectionnés avec soin. Le film parvient à donner une véritable splendeur au chantier de démolition de Cap Canaveral, ce qui n'était pas gagné d'avance puisqu'il ne s'agit pas d'autre chose que de grues et de poutrelles métalliques - qui répondent, aux deux tiers du film, à la structure soudain animée de la Tour Eiffel. Pour ce qui est de la ville de "l'ailleurs" auquel aspirent Casey et Frank - même si ce dernier n'ose l'avouer - ses tours à l'architecture que l'on croit rêvées depuis les fifties détonnent et crèvent l'écran : on s'y croit, on a envie de s'y promener, mieux, on est saisi devant l'ambition de la création graphique, celle d'un monde qui n'est pourtant utilisé pour ainsi dire qu'en passant ! On gardera pourtant un peu de son émerveillement pour cette visite onirique à une boutique d'articles de science-fiction, véritable antre pour geeks : nul doute que bon nombre des lecteurs de ce blog apprécieraient de s'y perdre un moment.

Pourtant, A la Poursuite de Demain n'a rien d'une utopie - ou en tout cas, pas d'une façon évidente. Cet univers qui nous est offert est avant tout un univers de danger : celui de se faire pincer par les autorités - lesquelles respectent peut-être les formes du mandat de l'habeas corpus mais n'hésitent cependant pas à désintégrer les contrevenants, celui de se trouver confronté à des machines dont le sourire est une véritable fabrique à cauchemars, et surtout, surtout, celui de se coltiner à la fin du monde. Car dans ce film, notre Terre est menacée par un cataclysme inévitable - comme le proclame sa probabilité de 100 % - qui est prédit par les "nec plus ultra" réfugiés dans l'autre monde, celui des possibles, mais aussi perçu et pressenti sur notre monde, d'une façon aussi diffuse qu'insidieuse. Seule incertitude : la forme précise que prendra le cataclysme !

C'est en fin de compte contre ce destin que Casey puis Frank entrent en croisade. Casey n'est au départ qu'une voyageuse improbable, tombée par hasard (ou presque) sur une réclame vieille de plusieurs décennies, une version de démonstration qui n'a en fait jamais été proposée à son public. Entrée trop tard, ou trop tôt, dans cet autre monde rêvé en fait par des inventeurs dès la Belle Epoque, elle se trouve happée par la beauté de la vision qui lui est offerte et n'a plus de cesse que de la retrouver. De cette volonté inébranlable de rejoindre ce monde qu'elle perçoit être le sien, va sortir la motivation nécessaire pour comprendre le danger qui pèse en réalité sur l'espèce humaine - et surtout l'idée qui permettra d'inverser les probabilités. Quand les temps sont incertains, les rêveurs et les optimistes ne sont pas un symptôme - ils sont la solution... A la Poursuite de Demain parvient alors à s'élever à un autre niveau, encore plus inattendu : reprenant d'une façon transparente le principe quantique selon lequel la présence d'un observateur perturbe une mesure, le film suggère que le cataclysme annoncé n'a jamais été aussi certain que depuis l'invention de l'instrument à même d'observer le futur ! On trouve là-dedans plus qu'un peu du meilleur argument de Wilson, et sans nul doute, la meilleure idée de ce film, d'une profondeur à laquelle je ne m'attendais pas...

En toute logique, je suis donc bel et bien ébloui. Rares sont les productions science-fictives à être aussi positivistes, ces derniers temps : j'espère que ce film n'est pas un accident de parcours mais bel et bien le premier pavé d'un chemin nouveau. Parce que le futur se rêve avant de se vivre.

Commentaires

Guillmot a dit…
Il a été grimé ou il vieillit mal, le Clooney ?
Anudar a dit…
Je le connais trop mal pour m'en rendre compte.