Avatar

Il y a bien longtemps, au tout début de ce blog, j'étais allé voir l'Avatar de James Cameron sans pour autant le chroniquer : il m'était apparu plus pertinent à l'époque de réfléchir un peu à certaines questions d'évolution que ce film soulevait. Dans quelques jours, sa suite promise depuis bien longtemps va sortir sur les écrans : une occasion comme une autre de revenir sur le film qui ouvre cette franchise.
Résumé : 
Pandora : une exolune à l’atmosphère toxique, mais dont le sous-sol regorge d'un minerai rare et précieux. Elle est aussi le berceau d'une espèce extraterrestre humanoïde, les Na'avis, lesquels voient d'un très mauvais œil la présence humaine sur leur sol ancestral... La corporation chargée de l'exploitation de l'unobtanium consent à financer une mission ethnologique dont les membres peuvent "piloter" des avatars, à savoir, des corps hybridant l'ADN humain et celui des Na'avis : leur action est censée améliorer les relations avec les autochtones. C'est dans ce contexte que Jake Sully, jumeau d'un des scientifiques recrutés pour le programme Avatar, débarque sur Pandora : son frère ayant été assassiné, il est le seul individu compatible avec son avatar désormais sans pilote. Il s'agit pour lui, cantonné à un fauteuil roulant, d'une occasion unique de retrouver même par procuration toute sa liberté motrice. Mais arrivé sur Pandora, il n'est pas long à faire la connaissance des indigènes, de leur culture originale et de leur spiritualité si profonde... Partagé entre son nouveau monde et ses frères humains, quel camp devra-t-il choisir alors que le conflit promet de s'envenimer ?
Tout a sans doute été dit déjà au sujet d'Avatar, à commencer par le fait que les ressorts de son intrigue sont discutables à différents titres. L'une des critiques parmi les plus inattendues, serait que le faible nombre de fanfics inspirées d'Avatar en refléterait le manque d'influence culturelle. Et il est vrai que malgré son succès sur le moment, ce film n'a semble-t-il pas eu l'impact majeur qu'a pu avoir la première trilogie Star Wars par exemple en son temps...

Avatar, c'est d'abord une image. Cameron a choisi d'attendre plusieurs années avant de tenter de donner vie à son univers : la technologie, insuffisante avant la fin des années 2000, promettait de ne pas rendre justice à son imagination. Il est vrai que le résultat, du simple point de vue graphique, peut être qualifié de beau : malgré leur forme humanoïde assez discutable pour un biologiste, les Na'avis ont une apparence d'êtres vivants assez crédibles, et leurs particularités par rapport aux êtres humains - pigmentation, nombre de doigts, stature... - ancrent dans le regard du spectateur leur étrangeté ; leur jungle semble familière, si bien que les dangers qu'elle dissimule sont attendus ; la bioluminescence nocturne de Pandora émerveille lorsqu'elle se dévoile à la faveur de la première rencontre de Jake avec Neytiri. L'usage de la 3D, assez réussi, favorise l'immersion du spectateur dans cet univers - je pense que plus d'un a dû esquisser un mouvement de repli au moment d'un certain tir de flèche... - et les combats sont chorégraphiés sans pour autant être invraisemblables comme dans un Matrix par exemple. Au fond, Avatar offre un spectacle assez total qui peut déplaire, mais qui sait malgré tout comment convaincre la majorité : je pense que le manque d'influence de ce film depuis une décennie peut aussi s'expliquer par l'impossibilité de rendre son univers immersif ailleurs que sur l'écran...

Avatar, c'est aussi un contenu. Et c'est là que le bât peut blesser. En 2010, la communauté du forum de Dune à Rakis avait cherché à lister les liens possibles entre Dune et Avatar : un monde étranger inhospitalier ; une ressource rare ; des autochtones féroces ; un prophète (à moins qu'il ne s'agisse d'un messie) venu d'un autre monde ; un léviathan à chevaucher... On pourra toujours dire que ces parallèles ne sont que ceux que l'on peut établir entre différentes versions du monomythe formulé par Campbell, ou bien au contraire penser que Cameron avait Dune en tête lorsqu'il a imaginé Avatar : il n'en demeure pas moins que la démarche de ce film est très éloignée de celle de Frank Herbert dans son grand-oeuvre. Jake Sully, au contraire d'un Paul Atréides, est un héros positif dont les hésitations initiales sont vite surmontées puisque son camp sera celui des Na'avis - quitte à se défaire de son corps humain de toute façon défaillant - et que ceux-ci ne peuvent que gagner la guerre puisque d'une certaine façon Pandora toute entière est de leur côté. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles j'ai été surpris d'apprendre qu'une suite était en préparation : comment aller après la fin de cette histoire où le personnage ouvre les yeux de son avatar en tant que tel pour la dernière fois ? C'est en réalité le récit des derniers jours d'être humain de Sully qui nous est fait ici, et raconter la suite serait raconter l'histoire d'un autre personnage... Malgré ces réminiscences, il reste possible de regarder Avatar au premier degré - ce qui permet de passer, on va l'admettre, un assez bon moment de divertissement.

Que retenir donc d'Avatar, plus de dix ans après ? Somme toute, assez peu de choses impérissables : on verra bien si sa suite parvient à réinventer l'ensemble...

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