Avatar - La voie de l'eau

Après avoir parlé il y a quelques jours du premier Avatar, celui de 2009, le moment est venu de parler de sa suite que j'ai eu le plaisir de voir en compagnie de mon petit cousin Valentin...
Résumé : 
Plusieurs années ont passé sur Pandora, au cours desquelles Jake Sully a guidé le clan des Omaticayas une fois la victoire acquise contre les soldats humains de la corporation RDA : le voici maintenant père de trois enfants na'avis - dont les cinq doigts proclament leur ascendance hybride - mais aussi tuteur d'un orphelin de guerre humain et de la fille du docteur Grace Augustine, née de façon inexpliquée de son avatar. La vie paisible des Omaticayas bascule à nouveau quand de nouvelles étoiles apparaissent dans le ciel nocturne de Pandora : "ceux qui viennent du ciel" sont de retour, et il ne s'agit plus cette fois-ci pour eux d'exploiter le précieux minerai du monde na'avi mais bel et bien d'y installer une colonie de peuplement. Bien que déterminé à conduire à nouveau la lutte, Jake réalise bientôt que la présence d'un vieil ennemi parmi les envahisseurs va le contraindre à changer son fusil d'épaule... Pour protéger sa famille, il va devoir demander asile aux Na'avis des clans de l'archipel, dont les féroces guerriers vivent en symbiose avec l'océan et sa faune originale même selon les critères de Pandora. Cela suffira-t-il face à la détermination de l'ennemi ? Jake saura-t-il protéger à nouveau son monde adoptif contre l'avidité humaine ?
Tout a sans doute été dit de, et reproché à, l'Avatar de James Cameron : nouvelle et bien tardive itération du monomythe de Campbell, adaptation extraterrestre du mythe fondateur des Etats-Unis associé à Pocahontas voire même transcription spatiale du thème du white savior... Le fait est que la fin de ce film laissait à penser qu'une suite était possible - soit donc, prévisible compte-tenu du succès financier - mais que plus de douze ans se sont écoulés avant que celle-ci ne soit diffusée. Hollywood a ses raisons, et caetera, sans doute...

Comme le premier film, Avatar - la voie de l'eau se caractérise avant tout par une image travaillée en profondeur par les outils numériques. Les personnages extraterrestres possèdent des traits mais aussi des expressions humaines assez naturels pour se faire crédibles. La faune et la flore se renouvellent - même si quelques vieilles connaissances pourront être croisées dans la jungle de Pandora - et à l'émerveillement du spectacle forestier la nuit succède celui de la vie aquatique. A nouveau, si les créatures dans ce film ont ce qu'il faut d'étrangeté pour sembler extraterrestres, les ressemblances qui s'établissent entre cette biosphère imaginaire et celle de nos propres océans rappellent que l'un des propos du premier Avatar était peut-être celui de l'inscription des lois de l'évolution (et donc de celles de la biologie) au chapitre des grandes lois de l'Univers. Sans surprise on retrouvera dans ce nouveau film quelque chose de la vieille passion de Cameron pour la biologie marine avec une citation transparente à l'intelligence des cétacés ainsi qu'à leurs chants, à travers l'introduction des tulkuns : des animaux aquatiques géants, possédant une forme de culture (et peut-être même de civilisation) antérieure à celle des Na'avis. Un effort est même fait concernant les clans marins de l'espèce humanoïde emblématique de l'univers d'Avatar : leur peau n'est pas du bleu céruléen des Omaticayas mais tend plutôt vers le turquoise, et leurs corps semblent adaptés à la nage plutôt qu'à l'équilibre sur des branches - comme en témoigne leur queue massive et aplatie. Au fur et à mesure que les scènes s'égrènent, c'est une nouvelle Pandora qui se dévoile : même dans l'action et les combats plus familiers au spectateurs, il semble que de nouveaux détails se dégagent comme lorsque les yeux de la matriarche tulkun se révulsent au moment de la capture. La réussite graphique est donc indéniable, et le spectacle sur ce front va couler de source.

Les principales critiques du premier Avatar se concentraient en réalité, comme je l'ai signalé plus haut, sur ses fondements littéraires (réels ou supposés) dont certains sont discutables. Sans surprise, la seconde livraison de Cameron va s'attirer des critiques semblables. Le monomythe figurait de toute évidence déjà dans l'ADN d'Avatar : c'est à nouveau visible ici, même si la multiplication des personnages capitaux - avec l'introduction des enfants de Jake et de Neytiri - permet aux scénaristes d'en diluer les différentes évocations. Le héros aux mille visages est ici aussi bien le paria devenu messie (Jake Sully) que le fils ambivalent (la facette sage étant dévolue au fils aîné de Jake, alors que la facette rebelle échoit au fils cadet) mais aussi la magicienne issue d'une naissance virginale (Kiri) : une trinité qui annonce, en réalité, quels personnages vont évoluer au fil de cette nouvelle trilogie. Les péripéties du film découlent par conséquent des impératifs associés à ces trois individualités : le paria devenu messie se fait fuyard ; la part rebelle du fils ambivalent apportera les éléments cruciaux de la résolution du problème ; la magicienne mal comprise de son entourage autorise l'usage du deus ex machina (puisqu'au fond, elle-même en est un). Le propos même, au-delà de ces éléments littéraires, s'avère consensuel alors qu'il ne peut être invalidé : l'exploitation déraisonnable d'un environnement n'est ni éthique ni morale, et pareille oeuvre a valeur de condamnation tant pour les individus que pour les systèmes qui l'entreprennent. Or, il s'agissait déjà du schéma du premier Avatar : on peut, ou non, reprocher à Cameron de se répéter... mais on peut surtout lui reprocher de n'avoir pas cherché à préciser son discours - d'autant plus que depuis 2009 la connaissance des causes comme des conséquences du changement climatique et des atteintes à la biodiversité sur Terre s'est beaucoup améliorée. Comme souvent, la simple constatation d'un problème n'a pas valeur de résolution - et on est même loin ici d'une véritable première étape, qui serait celle de la proposition.

Les suites annoncées de La voie de l'eau sauront-elles atteindre les dimensions qui échappent à ce film ? Il leur faudra pour cela faire preuve de plus d'audace...

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