Jodorowsky's Dune

Ce Mercredi 09/03 avait lieu, au cinéma Comoedia de Lyon 7ème, une avant-première que les amateurs de SF en général et de Dune en particulier ne pouvaient manquer : celle du Jodorowsky's Dune de Frank Pavich. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, le grand livre de Frank Herbert a connu au milieu des années 1970 une tentative d'adaptation par Alexandro Jodorowsky, tentative échouée que j'ai déjà évoquée ici. Près de quarante ans plus tard, Frank Pavich a consacré à ce film un documentaire dont la diffusion en France a été retardée : si l'ami Leto - animateur-modérateur du forum De Dune à Rakis (DAR) tout comme moi - a eu l'occasion de le voir au Forum des Images à Paris en Juin 2013, ce film n'a été projeté dans notre pays que d'une façon ponctuelle, lors de festivals, et pas dans le circuit classique. Néanmoins, les obstacles à sa diffusion semblent avoir été levés puisque sa sortie nationale est annoncée pour ce Mercredi 16/03.

Invité par les organisateurs à l'avant-première en tant que blogueur et membre de DAR, il va de soi que j'attendais avec impatience un événement qui s'annonçait d'ores et déjà comme un grand moment dunien. Je n'avais pas encore vu le Jodorowsky's Dune, et si l'ami Ionah possède une ligne de contact avec Frank Pavich, il s'agissait pour moi d'une occasion unique d'approcher une personne ayant eu un accès privilégié à Jodo et à ce qu'il reste à présent de son oeuvre avortée.

Je ne produirai pas de véritable résumé du documentaire de Frank Pavich. Je vous invite à vous rendre dans une salle obscure et à faire vous-même ce voyage vers le passé, à moins qu'il ne s'agisse d'un présent qui n'a pas été. Depuis les débuts de Jodo dans le monde artistique, ses premiers pas dans le cinéma - hallucinantes images de El Topo et de La Montagne sacrée ! - et sa rencontre "par hasard" avec Moebius, le début du documentaire agit comme une introduction pour le plat principal du menu : la construction du fameux storyboard perdu, et en parallèle le recrutement de talents variés, une véritable "dream-team" d'acteurs, d'artistes - de Giger à Pink Floyd ! - unis autour du dantesque projet de Jodo. Dans le même temps, les nuages font leur apparition et obscurcissent peu à peu le ciel du projet, n'empêchant cependant pas les artistes de progresser dans leur oeuvre... La fin de l'histoire est connue : l'avancement du projet lui-même rebute les studios hollywoodiens qui refusent d'ouvrir la vanne du financement - et le beau rêve de Jodo s'évapore - non sans avoir éveillé d'autres rêveurs, sans doute...

A voir tourner page à page quelques morceaux du storyboard signé Jodorowsky et Moebius, l'amateur de Dune sera saisi d'une juste émotion. Il convient de ne pas oublier que Jodorowsky avait l'intention d'adapter l'oeuvre à sa façon, quitte à en transformer certains passages voire même à en modifier le sens, d'une certaine façon : le lecteur dunien pourra froncer les sourcils non sans apprécier toutefois le caractère tragique des scènes qui lui sont dévoilées - ah ! celle de la torture infligée au Duc par ses ennemis Harkonnen ! - car, au fond, ce que voulait Jodo, c'était rien de moins que marquer les spectateurs par la force de sa propre vision. A l'hubris de Jodo répond donc, en toute logique, la véritable effervescence créatrice libérée par le concentré d'artistes rassemblé autour de son projet : c'est en ce sens que le Dune de Jodorowsky fut une oeuvre séminale, dont la défaillance elle-même fut créatrice.

Suite à cette projection, Frank Pavich et moi-même avons été appelés sur scène pour tenir une table ronde. Pas mal de questions se sont adressées dans un premier temps au réalisateur, et beaucoup tournèrent autour du storyboard perdu dont tant de studios hollywoodiens ont été destinataires et qui a été semble-t-il lu et compris par bon nombre de cinéastes ! Je fus plus sollicité en deuxième partie de la table ronde : les organisateurs proposaient en effet deux temps d'interactivité dont l'un autour de la SF en BD. Il fut question, bien sûr, de l'Incaliverse, mais aussi de grandes séries francophones telles que Sillage et Valérian. Dans le flux des questions libres, fut évoqué le cas de la minisérie Dune : nous sommes tombés d'accord pour dire que ce format sériel est sans doute le plus adapté à notre oeuvre de prédilection. A l'heure où "l'Hiver vient" à la télévision, il serait incompréhensible que la planète des sables ne fasse pas de même puisque le public semble être prêt à de tels débordements d'imagination sur le long terme !

Ce fut somme toute une excellente soirée, occasion pour moi de quelques rencontres - à commencer par celle d'Adrien Party de vampirisme.com dont la chronique du film sur ActuSF est d'ores et déjà disponible, et à qui je pardonnerai bien volontiers d'avoir écorché la deuxième partie de mon pseudonyme - à qui j'ai bien entendu recommandé la visite au forum de DAR, mais aussi à ses antennes sur FaceBook et sur Twitter, qui correspondent à autant de voies vers la ressource dunienne de référence en français. Nul doute que la sortie en salles d'un documentaire aussi attendu relancera l'intérêt autour de Dune en France !

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