Bifrost numéro 59

Entre d'autres lectures, j'ai pris le temps de regarder certains articles du numéro 59 de la revue Bifrost, qui tourne autour de J. G. Ballard.

Autant j'avais aimé le numéro 58, autant celui-ci m'a moins convaincu. Il est vrai que Ballard n'est pas l'auteur de SF que je connais le mieux, sans doute parce que le seul de ses livres que j'aie lu dans le détail (La Forêt de Cristal) ne m'a pas emballé. J'avais tenté de lire Le monde englouti mais ce livre m'était tombé des mains. Il est vrai que c'était il y a une bonne dizaine d'années, ce qui veut dire que je pourrais peut-être m'y remettre à présent avec plus de succès...

Au menu de ce numéro spécial Ballard :
  • Pas moins de cinq nouvelles dans la rubrique Interstyles. Autobiographie secrète de J. G. B.****** par Ballard lui-même : B. se réveille un jour pour découvrir que son voisinage, la ville et sans doute le monde tout entier sont désertés... Vermilion Dust de Jacques Mucchielli : une ville d'artistes-bohême qu'une reprise en mains brutale par le gouvernement plonge dans le désarroi, et où un homme cherche la femme qu'il aime. Perspectives de fuite par Jean-Claude Dunyach : une artiste dont le fond de commerce est le lave-vaisselle massacré, l'homme si différend d'elle avec qui elle couche, les nano-implants qu'elle veut utiliser pour "fusionner" avec lui ou, à défaut, en faire une oeuvre d'art. Tropique d'étoiles de Jacques Barbéri : l'homme qui devait partir pour Mars et dont la mission a été annulée reçoit une convocation pour une expérience mystérieuse qui devrait avoir lieu sur la Côte d'Azur, dans une technopole peu à peu envahie par une jungle étrange. La Mémoire des jours noyés par Jean-Pierre Andrevon : après le cataclysme écologique, un homme cherche à comprendre en quoi les oeuvres de James, un auteur de science-fiction des siècles passés, furent visionnaires.
  • La rubrique Ballades sur l'arc : trente-cinq pages de critiques.
  • Le dossier Ballard, commençant par un entretien avec l'auteur, puis plusieurs analyses.
  • La rubrique Scientifiction : La peur du vide par Roland Lehoucq, où l'auteur questionne les conséquences d'une exposition au vide.
La lecture de la rubrique Interstyles m'a permis de comprendre ce qui m'a dérouté jadis dans La Forêt de Cristal. Bien que les cinq nouvelles soient de cinq auteurs différents, il est très net que chacun des quatre auteurs succédant ici à Ballard ont conçu leur histoire comme un hommage au style de leur aîné. Or j'ai retrouvé, dans chacune des nouvelles, ce que j'ai envie d'appeler une "fin non conclusive". La pensée de l'auteur n'est pas dévoilée avant le point final et, en fait, on ignore à quoi s'en tenir au juste. Conception "transcendante" du récit, qui confronte le lecteur à une pensée différente et présentée d'emblée comme incompréhensible, celle de l'autre - pardon, de l'auteur. A moins qu'il ne faille y voir une illustration du vieux proverbe asiatique selon lequel "le voyage est plus enrichissant que son objectif" ? En ce qui me concerne, j'assimile tout ceci à de la fumisterie. Vous l'avez compris, j'ai été plutôt déçu par ces lectures, tout comme je l'avais été jadis par celle de La Forêt de Cristal, y compris par la nouvelle d'Andrevon alors que cet auteur est l'un de ceux que je trouve en général le plus intéressant. De toute évidence, les quatre auteurs se sont donnés du mal pour travailler dans le style de Ballard et en reprenant des thèmes qui lui sont chers (mon début de lecture du Monde englouti m'a permis d'en reconnaître l'influence sur la nouvelle Tropique d'étoiles) et je pense qu'ils y sont parvenus, puisque j'ai été aussi dérouté par leurs travaux que par ceux de leur aîné...

Somme toute, ce que j'ai préféré dans ce numéro c'était la rubrique Scientifiction, écrite avec humour et rigueur. J'ai bien retenu qu'en cas d'exposition au vide, il est souhaitable d'avoir expulsé l'air de ses poumons au préalable, et d'avoir la bouche sèche.

Quant aux autres rubriques, je n'ai fait que les survoler. Je pense que j'y reviendrai dans les semaines à venir, histoire de voir si la lecture du dossier Ballard m'apporte un nouvel éclairage sur un auteur déroutant...

A bientôt, en tout cas, pour le numéro soixante !

Commentaires

Guillaume44 a dit…
J'avais croisé Lehoucq à un colloque il y a quelques années, un personnage très intéressant. J'aime beaucoup l'idée d'une telle rubrique avec l'étiquette "scientifiction" à la Hugo Gernsback, qui mêle littérature de l'imaginaire (à l'époque, surtout des Pulps) et vulgarisation scientifique; d'ailleurs j'ai repris l'idée à mon compte pour une rubrique de mon blog ^^

Si tu aimes ses chroniques, tu devrais adorer son livre "SF : la science mène l'enquête" http://www.traqueur-stellaire.net/2009/06/sf-la-science-mene-l%E2%80%99enquete-roland-lehoucq/

Bon dimanche :)
Anudar a dit…
Dans le même genre, il y a les articles de Science Fact d'Analog, mais ce n'est pas toujours la même personne qui les écrit.

Merci pour la référence !
Efelle a dit…
Un numéro que j'ai bien aimé mais une fois encore je n'ai pas lu les nouvelles. Je cumule un retard énorme en la matière.
Anudar a dit…
Moi c'est le contraire, je lis les nouvelles avant de lire les dossiers...
J'avais adoré le dossier sur Laurent Gennefort. Son interview était pour le moins passionnante.