Les Technopères tome 6

Voici ma chronique du sixième tome de la série de space-opera Les Technopères.
Résumé : 
Albino, devenu techno-évêque, vise désormais plus haut : il lui faut vaincre un nouvel abîme de corruption, le techno-Vatican. Pour cela, il va falloir feindre une fois de plus la soumission à Zombra, qui est la véritable maîtresse de la secte pan-techno. Mais cette fois-ci, alors que l'ennemie de toute forme de vie veut envahir son esprit elle-même, aucun artifice ne lui permettra de s'en tirer, sauf s'il accepte la fusion avec Saint Severo de Loyoza, une étape fondamentale dans son évolution... Panépha et les siens contrôlent désormais la planète de Mongoroy, qu'ils réforment de leur mieux. L'eau pure est désormais offerte à tous. Mais les prêtres de Ramâniyah, la déesse-chatte, sont mécontents des réformes qui mettent à mal les traditions. Egarés sur un monde hostile, Panépha, Thark, Onyx, Gofh et leurs enfants ne risquent-ils pas d'être à nouveau pourchassés ?

Dans cet épisode, Albino continue à faire l'expérience du mal. Cette expérience, voulue par son mentor, Saint Severo de Loyoza, est indispensable à sa maturation intellectuelle et à la réalisation de son "grand dessein", le leitmotiv qui occupe son esprit depuis le premier épisode : construire une société humaine qui ne soit pas souillée par un excès de science et un manque de conscience. Leitmotiv qui, à force d'être répété de bien des façons, finit quand même par être un peu lassant... Jodo intensifie ses attaques sur la science perçue comme folle, à travers un joli morceau de SF au début de l'épisode. La marabunta, c'est-à-dire, un essaim de machines dont la logique les rend incapables de faire autre chose que de détruire toute forme de matière, est une idée fort intéressante. Pour la première fois, le vaisseau d'Albino doit faire face non plus à des barbares ou à des traîtres, non plus à des périls étrangers, mais bel et bien à la haute technologie, c'est-à-dire, un ennemi qu'ils comprennent et qui peut les vaincre.

Le reste de l'album grouille de symboles, du genre de ceux qui passionnent Jodo, et le virage déjà perceptible à la fin de L'Incal se manifeste ici aussi : de la SF, on s'éloigne de plus en plus pour se rapprocher de la symbolique voire du mysticisme. Albino, devenu technopère suprême, manque d'être soumis par une machine lubrique mise au point par ses subordonnés pour le contrôler en permanence. Cela va plus loin. On apprend les origines de la secte pan-techno et on découvre l'existence, par Saint Severo de Loyoza, de trois serpents venus d'un autre univers qui ont offert leur science maléfique. Le plan de Zombra (la ténèbre, dans L'Incal) se trouve ici dévoilé. On comprend que l'intrigue rejoint quelque part celle de la série dessinée par Moebius même si la chronologie semble floue et pas très concordante, aucun contre-pouvoir au sein de la faction techno n'étant évoquée dans L'Incal. C'est quoi qu'il en soit une façon pour Jodo d'en revenir au mysticisme de la fin de l'Incal, une impression qui est confirmée par le final où Albino, dans sa confirmation en tant que technopère suprême, doit se changer à son tour en serpent après avoir été douché du sang de sept vierges décapitées... Encore une fois, le passage le plus convaincant est celui où interviennent les membres de la famille d'Albino. Lesquels sont réunis à lui à la fin de l'album, leurs aventures les ayant hissés au-dessus de la médiocrité dont certains faisaient preuve au départ.

En fin de compte, un épisode quelque peu décevant.

Commentaires

Guillmot a dit…
Eh oui, la série perd en intérêt tome après tome :(
Anudar a dit…
Je te rejoins là-dessus. Le problème, comme souvent avec Jodo, c'est qu'il commence bien voire très bien et qu'il finit par ne plus savoir trop où il va, donc il part dans ses délires. Qui doivent intéresser une partie du public, mais moi je ne dois pas y être trop sensible.

Et en voulant être méchant, si on part du principe que toutes les séries de SF qu'il scénarise, quelque part, sont la même et que ça dure depuis trente ans, eh bien... c'est une façon de dire que ça perd de son intérêt de série en série.
Guillmot a dit…
Pourtant pour les Meta-barons il avait su ne pas trop se disperser sur la fin AMHA. Ce qui m'avait donné envie de lire les autres séries, à mon grand tord malheureusement. (je n'inclus pas l'Incal dans ce raisonnement bien entendu).
Anudar a dit…
Dans les Méta-Barons, il nous épargne en effet le plus gros de ses délires cosmico-mystiques. Par contre je trouve le dernier tome raté comme ce n'est pas permis.

L'Incal c'est un peu l'exception qui confirme la règle (même si la fin du dernier épisode est très, très spéciale aussi).

Jodo, c'est le type que j'adore détester.