Seuls tome 7

Le mois de Juin, depuis plusieurs années, c'est le mois de la sortie en album de la série Seuls. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, je signalerai que cet album s'inscrit dans une très intéressante série fantastique à destination du jeune public, bourrée de références et conçue avec un vrai talent... Pour le reste, ayant déjà produit une chronique pour le tome 5 et une autre pour le tome 6, je ne peux que vous inviter à en prendre connaissance au préalable de celle-ci...
Résumé :
Nouveau désastre en perspective : toute une partie de la ville, dans un périmètre autour de l'inquiétant immeuble noir source de toutes les perturbations, s'est enfoncée dans le sol, piégeant les enfants de Fortville et ceux du "clan du Soleil". Chacun souhaite quitter les lieux : sur une idée de Saul, voilà que les deux groupes s'allient pour tenter d'utiliser la grande échelle d'un camion de pompiers, seul moyen, peut-être, d'accéder au sommet de ce qui est à présent une falaise... Hélas, de nouveaux événements inquiétants se produisent. Terry prétend voir dans les reflets un personnage qui le terrifie. La ville continue à s'enfoncer. Mais surtout, certains protagonistes semblent désormais changés en zombies... Qui pourra s'échapper au véritable piège des "terres basse" ?
On avait appris, dans un épisode précédent, que les personnages de cette histoire - mis à part ceux des toutes premières pages du tome 1 - ne sont autres que des morts piégés dans des limbes reproduisant leur univers familier... si bien que la mort, pour eux, n'a plus rien de définitif. Dodji, le "chef naturel" du groupe constitué à Fortville dès le début de la série, a lui-même connu ce "retour d'entre les morts", tout comme Saul, son rival vouant un intérêt malsain aux thèses nazies. Pourtant, cette capacité à "revenir" n'a rien de rassurant : elle semble éprouvante... et de toute façon l'instinct de survie ne disparaît pas comme ça.

Obligés à coopérer pour le bien de tous, les deux groupes vont faire de plus en plus de découvertes inquiétantes. La technologie semble désormais de moins en moins fiable, à proximité de l'épicentre des "terres basses". La "zombification" de certains de leurs amis n'est pas sans leur porter un véritable coup au moral : ne sont-ils pas liés avec leurs nouveaux adversaires ? C'est ainsi qu'après la problématique de la simple survie puis celle de la compréhension de ce qui leur arrive, les protagonistes en viennent à manifester de nouveaux sentiments les uns pour les autres, Dodji - personnage très charismatique aussi bien à l'intérieur des albums que pour leurs lecteurs - est lui-même très courtisé par deux prétendantes. A moins que ça ne soit trois... prétendants ?

L'album est trépidant et ne dépare pas dans une série très réussie. C'est ici que doit intervenir le nécessaire "mais" que je ne manquerai jamais une occasion de rappeler... D'après la page Wikipédia concernant la série, celle-ci devrait comporter pas moins de vingt albums... A raison d'un album par an (il s'agit de BD francobelge), on peut émettre les commentaires suivants :
  • Le premier tome étant paru en 2006, le dernier devrait sortir en 2026.
  • Si un jeune lecteur de dix ans a découvert la série lors de sa sortie, on peut penser qu'âgé maintenant de seize ans, il l'a peut-être lâchée : il ne s'intéressera donc sans doute pas à sa fin...
  • ... à moins qu'il ne mette le dernier album dans les mains de ses gosses quand il en aura !
Seuls est un bijou. Mais je crois que l'on tient ici le meilleur exemple du travers de la BD francobelge : une série de vingt albums de cinquante-six pages ne peut pas être développée sur vingt ans autour d'une seule et même intrigue. Pour les raisons sus-citées, dix albums (dix ans donc !) c'est déjà limite... Alors vingt ? Est-ce que les créateurs de la série se rendent compte que cela fait presque une génération ? L'alternative pour les bédéastes me semble évidente. Ou bien ils réalisent une série d'albums très autonomes telle que Le Scrameustache par exemple et ils peuvent en effet la faire vivre pendant des années. Ou bien ils souhaitent construire un "arc narratif" unique et à ce moment-là, il faut une intrigue plus concentrée dans une série de publications rapprochées dans le temps... un peu comme ce qui se fait dans le manga, en fait. Avec Seuls, il semblerait que les auteurs cherchent à construire un contre-exemple.

Je ne suis pas sûr qu'ils soient en train d'y arriver.

Commentaires

SBM a dit…
Il y a eu "De cape et de crocs" qui s'achève juste : 10 albums en 17 ans (mais le rythme n'était pas annuel) avec quelques longueurs il est vrai.
De "Seuls", je n'ai lu que le tome 1 (il y a 6 ans déjà ?!), il faudrait que je m'y embarque définitivement par emprunts à la bib, mais certainement pas au long cours...
Anudar a dit…
Pour "De cape et de crocs", s'agit-il de BD jeune public ? Si non, le problème n'est pas le même. Vingt ans pour du jeune public, c'est une absurdité...
XL a dit…
un peu par désoeuvrement, je viens de découvrir la série dont les deux premiers albums ont été offerts à mes enfants
qui les ont délaissés dans un premier temps
et les lisent maintenant que j'ai accroché !
j'en suis au tome 4 et j'ai hâte de découvrir la suite
mais là, attendre 2026 pour connaître la fin, tu me scotches !
Guillaume44 a dit…
J'avoue que je ne connais pas du tout !
Anudar a dit…
Cela mérite d'être lu. Essaie d'y penser la prochaine fois que tu vas faire un tour dans une librairie, va jeter un oeil au premier album.