Zelphy tome 1
En ces temps de Summer StarWars, une nouvelle série manga space-op' ne pouvait manquer d'entrer dans ma PàL, surtout si elle est produite par Etorouji Shiono dont la série Übel Blatt a déjà son rond de serviette en ces lieux...
Résumé :
Lysja vit sur une station spatiale technique perdue au milieu de nulle part, où il gagne sa vie en tant que plombier tout en rêvant d'étoiles. En cette année 1001 de l'ère spatiale, tous les portails qui unissent les mondes colonisés par l'espèce humaine sont aux mains des Gardiens de l'Aion, une coalition militaire et dictatoriale qui a réussi, quelques années plus tôt, à éliminer son dernier ennemi, le Royaume-Uni de Zaysion dont Lysja était l'héritier. Alors, quand par un concours de circonstances le jeune homme se voit contraint à fuir à bord d'un vaisseau promis à l'incinérateur en compagnie d'un pirate piégé dans le corps d'un chat et d'une batterie à intelligence artificielle, il ne se plaint pas trop de sa mauvaise fortune... Parviendra-t-il à échapper aux Gardiens de l'Aion ? Et quelle est cette expérience millénaire à laquelle faisait référence le nom complet du Royaume-Uni de Zaysion ?
Un jeune homme, un vaisseau, des acolytes, un destin : voici posés les éléments d'une histoire de space-op' épique et tonique. Ce qu'à ce niveau l'on entrevoit du schéma, ouvert par la scène initiale de la déchéance - en forme de péril mortel imminent - du jeune héros, pourrait s'apparenter à un lieu commun si, quelques pages plus tard, ce même personnage principal n'en ressortait pas fragilisé. Devenu cyborg par la greffe d'un coeur artificiel d'une technologie dépassé, le voici condamné à ne plus grandir et, de ce fait, à voir ses espoirs d'intégrer l'armée des Gardiens toujours déçus, au détriment de ses rêves de voyages spatiaux. Encore plutôt silencieux et incertain de sa propre place dans ce monde, Lysja n'apparaît donc pas comme le meilleur guide, nécessaire pour ce voyage dans une époque future dont les enjeux semblent dépasser le simple contrôle des portails spatiaux.
Car en effet, la trame esquissée ici par l'auteur est immense. Il est remarquable qu'une oeuvre à mon sens accessible au jeune public pose ainsi d'emblée, mais aussi avec académisme, la question post-humaine, et en tire par dessus le marché tant d'implications d'ordre socio-politique. L'univers de l'Aion où va se dérouler cette intrigue a vaincu, dans une certaine mesure, les distances d'envergure cosmique sans toutefois résoudre d'une façon satisfaisante les problèmes liés à l'évolution des humanités isolées dans l'espace. Les cycles de guerres tout droit venus de la mauvaise cohabitation entre les descendants d'Homo sapiens - dont certains semblent plus qu'en partie artificiels et en tout cas mécanisés - ont fini par entraîner l'émergence de nouvelles civilisation post-humaines. L'une, celle des Gardiens de l'Aion, reproduit les vieux schémas totalitaires éprouvés sur Terre et finit par l'emporter. L'autre, celle du Royaume-Uni de Zaysion, semble avoir voulu proposer autre chose car - incarnant ici le rôle du perdant magnifique - elle n'est plus.
La question est posée de savoir ce que l'auteur va pouvoir tirer de ces éléments si intéressants. On dira tout de suite, pour solder une bonne fois pour toutes la comparaison, qu'il s'agit là d'une oeuvre très différente d'Übel Blatt : ici, tout le monde sait tout de suite qui est Lysja et il ne semble avoir lié son destin à aucune mission. C'est donc un plaisir de se demander où son voyage dans un univers très hostile va bien pouvoir l'emmener...
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