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Le Troisième Frère

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Au fil des ans, Pierre Bordage s'est affirmé comme l'un des grands créateurs d'univers français. Depuis Les Guerriers du Silence , une trilogie âgée d'une quinzaine d'années, il s'est frotté à plusieurs genres de SF différents, depuis la novélisation de jeu vidéo ( Atlantis ) à un futur distopique ( Wang ) en passant par la fantasy historique ( L'Enjomineur , pas lu). Dans tous les cas, on y retrouve une véritable "griffe" Bordage. Les concepts décrits "vont de soi" et on s'y trouve aussitôt immergé, pris dans le fil de la narration sans plus se poser de question. C'est du rêve à l'état pur. Dans le même temps, Bordage est un auteur exigeant vis-à-vis de ses personnages, n'hésitant pas à les meurtrir ou à les mettre en face d'impossibilités, souvent sentimentales, qui parfois viennent à bout d'eux. Pierre Bordage, en ce moment, est lancé dans un gand space-opera qui promet d'être une pentalogie : La Frat

Conan Doyle vs. Dan Brown

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D'un côté, l'inventeur d'un personnage élevant la rationalité au rang de véritable dogme. De l'autre, l'inventeur d'un personnage analyste en symboles. Dans les deux cas, la garantie d'une énigme policière qui sera résolue à la fin du livre. La fin justifie-t-elle les moyens ? J'aurais pu donner ce titre en interrogation à cette critique. Car il est vrai que ce Sherlock Holmes semble s'aventurer, par moments, sur le territoire d'un Da Vinci Code . Sherlock Holmes est un anti-héros. Il vit dans cette époque victorienne interminable, au début de cette Belle Epoque où le mythe du progrès n'a pas encore été déjoué par les deux guerres mondiales. On pourrait dire qu'il est une incarnation du déductivisme : il n'y a pas de problème insoluble, il n'y a que des esprits peu affûtés ou bien, ce qui est plus grave, des yeux qui ne savent voir. Cet aspect du détective privé est assez bien rendu dans le film, où plusieurs scènes en bul

Méli-mélo d'uchronie et de "GDK"

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La théorie de la conspiration est l'un des arguments de fiction les plus récents, apparu il y a deux ou trois siècles en Occident. C'est aussi l'une des formes de fiction les plus distrayantes dès lors que la conspiration reste ce qu'elle doit rester, à savoir de la fiction, parce que lorsque des gens se mettent à y croire pour de vrai, ça n'est plus drôle du tout. Je ne vous ferai pas de dessin... L'essentiel de l'argumentation sur la conspiration repose sur une machination exercée en haut lieu par un pouvoir maître, ou complice, de forces qui dépassent l'entendement du commun des mortels. Voir la série télévisée X-Files qui, pendant les années 1990, a popularisé dans l'un de ses génériques l'expression "government denies knowledge" que j'abrègerai en "GDK". Que les forces en question soient celles d'une société secrète, celles d'une civilisation extraterrestre hostile ou celles de créatures démoniaques et

Le Vide en littérature

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Il faut avoir un certain culot pour oser donner à un livre un titre incluant le mot "Vide". Il faut en avoir encore un peu plus pour écrire une Trilogie du Vide . Si je vous dis Peter F. Hamilton, ça vous étonne ? Est-ce que ce nom vous dit quelque chose ? Hamilton est connu du grand public en France depuis sa grande trilogie The Night Dawn ( L'Aube de la Nuit ). Allez... Rupture dans le réel , vous devez bien connaître ce titre. C'est le premier tome d'un space opera gigantesque en envergure ainsi qu'en ambition, et qui est à mon sens responsable du renouveau du genre pendant les années 1990 tout comme Les Cantos d'Hypérion (dont il faudra que je parle un jour). Et quand je dis gigantesque, c'est tout d'abord à cause de ceci : L'envergure ne fait pas tout, et si The Night Dawn permet d'identifier Hamilton comme l'un des créateurs d'univers les plus prolixes de la littérature mondiale, je pense pouvoir oser dire que cett

"Le Livre"

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Un jour, à une époque lointaine à présent, j'ai suivi des cours de latin. Mon professeur, qui était aussi celui que j'avais en français en Quatrième/Troisième, nous a expliqué un jour que les Romains désignaient parfois Rome par le mot "Urbs" : "la Ville". En d'autre termes, pour les Romains, Rome n'avait pas besoin de nom particulier : dire "la Ville" suffisait. Notre professeur avait conclu en substance et avec franc-parler : les Romains avaient les chevilles enflées. Vous l'avez compris, cette courte introduction a pour intention de magnifier l'importance de l'oeuvre dont je vais parler ici, à savoir, le Dune de Frank Herbert. Dès le début, soyons clairs. Vous n'avez peut-être pas encore entendu parler de Dune , ou peut-être que si, par ouï-dire... Peut-être que vous détestez la Science-Fiction (SF), peut-être que c'est un genre que vous tenez pour mineur ou négligeable... Néanmoins, il est un fait que nul n

"C'est au début que les équilibres doivent être précis..."

Aujourd'hui, je suis entré dans la blogosphère. En riant, mon père dit volontiers : "ce n'est pas parce que l'on a rien à dire qu'il faut se taire..." Disons que j'ai eu envie de prendre la parole ; mais pour autant, ai-je quelque chose à dire ? Et sur quoi ? J'ai comme représentation que l'on peut être intéressant si l'on sait de quoi on parle. Or, j'ai pour ambition d'être intéressant lorsque je parle, sinon, j'aime encore mieux ne rien dire, ou mieux, ne rien avoir à dire. On dit de la culture que c'est ce qu'il reste quand on a tout oublié. Comme je suis affecté de l'épouvantable défaut de ne jamais rien oublier, ce blog sera celui d'un inculte assumé, pour qui le mot "bibliothèque" est à comprendre presque d'une façon étymologique : "boîte à livres". Je parlerai donc surtout ici de livres, et surtout de ceux que je connais - pour la raison sus-citée : livres que je viens de l