A travers la Mer des Soleils tome 1

Dans l'Océan de la Nuit était la première partie d'un diptyque de hard-science, écrit par Gregory Benford. Et tout comme ce premier volet, le deuxième intitulé A travers la Mer des Soleils a été divisé en deux pour les besoins de l'édition (pas récente, hein) dont je dispose...
Résumé :
Le Lancer, un vaisseau scientifique envoyé par la Terre, arrive en 2061 à sa destination. La planète Isis, en orbite autour de l'étoile Râ, renvoie sur Terre des signaux radio remontant aux années 50 du XXème siècle et, pour les radioastronomes, cela signe la présence d'une intelligence. Le voyage a duré seize ans : à son terme, les explorateurs humains découvrent une biosphère étrange qui prospère plus ou moins sur un monde volcanique et hostile. Ses grands prédateurs communiquent - et chassent - grâce aux ondes radio qu'ils émettent et reçoivent grâce à des organes spéciaux... Sont-ils intelligents ? Peut-on communiquer avec eux ? Les découvertes faites par les explorateurs auront peut-être une importance capitale pour la Terre car, depuis le départ du Lancer, la planète bleue subit une invasion extraterrestre insidieuse... L'Univers serait-il hostile à l'intelligence biologique ?
J'avais été peu convaincu par le début de cette histoire. Inutile nostalgie du protagoniste principal, un astronaute réputé avoir découvert le premier artefact extraterrestre de toute l'histoire de l'espèce humaine, et en fin de compte assez peu de bonnes idées à se mettre sous la dent. Quelque chose, pourtant, m'incitait à poursuivre ma lecture de cette histoire : peut-être étais-je malgré tout fasciné par l'univers de l'auteur, dans lequel notre espèce est confrontée à plusieurs mystères extraterrestres et découvre un monde plus énigmatique sans doute que ce qu'elle était parvenue à imaginer.

A travers la Mer des Soleils confirme pour le moment la raison d'être de cette fascination car, avec l'exploration contrariée d'Isis, on se trouve mis en présence - non sans une efficace brutalité - avec l'étrange et séduisante différence de l'extraterrestre. L'espace d'Isis porte les marques de la présence d'intelligences peut-être bien plus grandes que celle de l'espèce humaine, et qui furent actives dans un passé reculé. Le sont-elles encore ? Et les explorateurs sauront-ils découvrir leurs vrais visages, au-delà des apparences anthropomorphiques ? L'amateur fera ici ses retrouvailles avec Nigel, qui était le personnage principal de Dans l'Océan de la Nuit, et reprend ici du galon malgré son grand âge - et à cause, peut-être, des modifications psychiques héritées de son contact avec des artefacts étrangers. En parallèle à ce récit d'exploration très palpitant, Benford nous promène sur Terre, dans un passé plus proche. En 2056, les océans sont devenus hostiles, car ils grouillent de monstres extraterrestres lâchés depuis l'espace, entraînant la rupture des communications maritimes entre les continents et condamnant à la famine des pays entiers. Le monde va mal, d'autant plus que les créatures étrangères - les Essaimeurs - apparaissent presque invincibles. On suit le périple d'un naufragé qui, à force de communications avec des êtres semblant partager une parenté avec les Essaimeurs, va découvrir que le pire est peut-être à craindre. Ce deuxième récit pourrait apporter un contrepoint des plus intéressants aux moments de tension feutrée de l'exploration d'Isis, mais il déçoit pourtant par son chronique manque d'action : raconter une histoire de radeau de la Méduse dans un space-op d'une telle envergure est pour le moins, disons, surprenant.

L'ensemble fonctionne pourtant et plutôt bien. Il tient la route et incite à tenir bon jusqu'au bout du voyage, mieux que ne le faisaient les deux premiers volumes. Dans cet univers, l'intelligence biologique semble être bel et bien menacée par autre chose : toute la question est posée de savoir quoi, et pour quelles raisons...

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