Arlis des Forains

Je n'avais alors jamais rien lu de Mélanie Fazi, même si la couverture de ce livre avait attiré mon attention en librairie. Un jour il y a quelques semaines, j'ai été faire un tour chez Charybde (la petite soeur de Scylla) car il y avait là plusieurs auteurs, dont Lisa Tuttle et Mélanie Fazi. Je ne suis pas reparti les mains vides : un exemplaire signé de ce livre a rejoint ma PàL. Je viens de le dévorer en quelques heures et maintenant, place à ma chronique...
Résumé :
Arlis, à onze ans, vit dans une troupe de forains qui circule de ville en ville dans les Etats-Unis à une époque indéterminée. La troupe est sa vie, pour Arlis : pourtant, la femme qui veille sur lui depuis son plus jeune âge, Lindy, n'est pas sa mère. Tout ce qu'on lui a dit des conditions de sa découverte, c'est qu'il s'est retrouvé seul dans la cage de l'ours de la troupe. Un jour, celle-ci arrive dans la petite ville de Bailey Creek où Arlis n'est pas long à faire la connaissance de Faith qui, bien que fille de pasteur, se livre dans le secret d'un champ de blé à des rituels très peu chrétiens. Elle prétend pouvoir faire revenir les morts, à commencer par sa mère... Où finit la part du jeu de l'enfant et où commence le mystère qui pèse sur Arlis ?
Même si ce livre est court (trois cents pages en poche), la vitesse à laquelle je l'ai lu témoigne de l'intérêt que je lui ai porté. Son argument est court et même peut-être déjà vu : qui, dans son enfance, ne s'est jamais posé la question de savoir si ses origines étaient bien celles évoquées par les adultes ? Qui n'a jamais cherché à s'inventer ses propres rituels et - au-delà - sa propre spiritualité, parfois concurrente de celle imposée par les mêmes adultes ? Et pourtant, à partir d'un postulat si familier qu'il touche presque à l'intime, l'auteure tire une histoire originale, presque en faux-semblants, où l'on attendrait - presque - la survenue d'un monstre ou de phénomènes inquiétants et où, en fait, l'intrusion du fantastique dans le réel est moins effrayante que nostalgique. A la fin, c'est de circonstances très rationnelles que sourd l'angoisse, en fin de compte. Lorsque le jeu cesse d'en être un : Arlis va grandir, et le prix en sera l'apprentissage du définitif.

L'histoire est servie, ce qui ne gâche rien, par une écriture maîtrisée, un langage précis et puissant à la fois. L'auteure est parvenue à mettre dans la bouche d'Arlis - narrateur de cette histoire - un langage pas tout à fait enfantin mais en tout cas, pas celui d'un adulte, ce qui en renforce la crédibilité. C'est en fin de compte un roman que je mettrais sans hésiter entre les mains d'une personne réfractaire aux littératures de l'imaginaire, histoire de lui montrer que, oui, les écrivains qui s'intéressent à ce champ peuvent livrer des pièces qui touchent à l'universel. C'est aussi un roman qui m'invite à y revenir : pour faire référence à la dédicace faite par Mélanie Fazi, pour un premier contact, c'est une très bonne impression. Merci.

Commentaires

Lhisbei a dit…
"C'est en fin de compte un roman que je mettrais sans hésiter entre les mains d'une personne réfractaire aux littératures de l'imaginaire, histoire de lui montrer que, oui, les écrivains qui s'intéressent à ce champ peuvent livrer des pièces qui touchent à l'universel. "

c'est tout à fait ça : on peut mettre les écrits de Mélanie Fazi dans toutes les mains :)
Efelle a dit…
Bon et bien il faut maintenant que tu fonces sur ces deux recueils de nouvelles !
Anudar a dit…
J'ai même l'impression que "Arlis des Forains" pourrait aller dans les mains d'un lecteur de l'âge du personnage. Il n'y a rien de choquant ou de dérangeant là-dedans et les concepts coulent de source.
Anudar a dit…
On y pensera :) !
Vert a dit…
Ta chronique fait envie, quand j'aurais fait un sort à Notre-Dame-des-écailles, je m'occuperais de ce titre-ci ^^