Matricia

Matricia est le troisième terme de la short-list du Prix des Blogueurs édition 2012. Je m'y suis attaqué la semaine dernière, encouragé de vive voix ou à travers le Net par les incomparables Efelle et Traqueur Stellaire, ce dernier m'ayant même dit que j'allais faire connaissance de la "sensuelle sorcière". C'était suffisant pour que je parte en effet en voyage.
Résumé :
Dionisia est une magicienne et une métisse, fille d'un prince de la sanguinaire famille Tengelli. Alors que la principauté de Matricia est ravagée par la peste cendreuse dont les morts se relèvent, haïssant les vivants qu'ils tuent pour en faire leurs semblables, elle va rejoindre la capitale où va se jouer sa vengeance. Car elle poursuit les Tengelli de toute sa haine depuis qu'ils ont brisé la vie de sa mère... Dans l'opéra déserté, l'attend nul autre que son oncle Alino Tengelli, possédé lui-même par une puissance obscure : au jeu du Destin, pour lequel chacun doit tour à tour tirer une lame du tarot, qui va l'emporter ? A quel prix ? Et pour quel enjeu ?
On trouvera là-dedans un univers baroque, faisant volontiers penser à la légende noire des Borgia, la sonorité italienne des noms aidant il est vrai beaucoup. La poésie, genre auquel je suis tout à fait hermétique, et les arts en particulier musicaux jouent un rôle social majeur à Matricia. On devine que, dans cette Renaissance imaginaire où le culte d'une déesse tricéphale semble s'être substitué à celui d'un dieu unique, les jeux de pouvoir s'accomplissent moins par le sabre que par la rhétorique et la maîtrise artistique. Paradigme critiqué par la répugnante et pathétique figure d'Alino qui cherche à (r)établir la suprématie de son dieu Kébahil. Sur la fin, se révèle ici une dichotomie éculée Soleil/Lune, masculin/féminin : comme dans les romans de Pierre Bordage, d'une façon symbolique la Lune ne se couche jamais sur l'archipel de Matricia. Pas même quand la divinité solaire envoie un mal pernicieux pour abattre la "Triple Salope", si l'on souhaite reprendre la formule sans cesse éructée par Alino. Et donc, au fur et à mesure que les deux joueurs jouent leur jeu de dupes, à tirer tour à tour les cartes d'un tarot ensorcelé, un chevalier blanc nécromancien, Angelo (!), prend la route vers la capitale, guidé par un chat noir, sans bien savoir pourquoi, récoltant quelques artefacts sur sa route et assistant à un miracle. Il aura son rôle à jouer dans la bataille titanesque engagée par Dionisia, entre quelques attaques de zombies, remugles et sanies vus en flashback (ou pas)...

Je dois reconnaître que je suis tout à fait passé à côté de ce livre. Ne pratiquant pas le tarot divinatoire (art semblant s'échapper depuis quelques années de la caravane de Madame Irma pour peupler certains salons mondains), je ne doute pas d'être passé à côté de maintes références fort intéressantes et avoir surtout manqué des trésors dans la construction du combat entre Dionisia et Alino. Ce livre n'est au demeurant pas mal écrit du tout, bien au contraire : soutenu par une langue riche et originale, et de surcroît enrichi par une série de poèmes concentrés à la fin, il porte la marque d'un véritable effort de contextualisation. Paraît-il qu'il s'agit d'un élément d'une série : on peut cependant le lire seul sans difficultés de compréhension...

Voilà en tout cas ce que j'appelle, en toute subjectivité, une lecture en demi-teinte.

Commentaires

Guillmot a dit…
Bon, au moins tu ne regrettes pas complètement ta lecture et tu y as trouvé quelques éléments de plaisir, c'est donc déjà ça :)
Efelle a dit…
Je me doutais qu'il ne t'emporterait pas trop.
Anudar a dit…
C'est rare que je regrette une lecture. Je préfère encore lire "Matricia" que m'appuyer "Planète à louer", lequel m'avait donné de sérieuses envies d'envoyer des coups de latte à tout ce qui remue.
Anudar a dit…
Hmmmm... qu'est-ce qui t'a donné cette impression ?
Gromovar a dit…
Que dire ? Dommage que tu n'ais pas accroché.
Anudar a dit…
J'étais peut-être un peu trop claqué pour entrer dans ce livre de la manière qui aurait convenu... Qui sait ?
Efelle a dit…
Le côté glauque omniprésent, non ?