L'OEil de la Nuit tome 1 - Ami du Mystère

L'Univers chimérique de Lehman & Gess, présent sur ce blog depuis fort longtemps, s'est enrichi ces derniers jours par le premier tome d'une série nouvelle. L'OEil de la Nuit est une préquelle à l'hexalogie de la Brigade chimérique, centrée sur le personnage du Nyctalope...
Résumé : 
Théo Sinclair, un jeune homme de bonne famille, affligé d'un défaut cardiaque, vit le regard tourné vers les étoiles et les mystères du ciel. En 1911, le monde vit une ère de merveilles et d'inquiétudes... L'invasion martienne déjouée par les Anglais quelques années plus tôt a montré que le système solaire n'est pas un lieu paisible. Aussi, quand le professeur Flammarion présente à Paris sa dernière découverte, le jeune Sinclair ne peut manquer d'être assis aux premiers rangs pour contempler le dévoilement de la momie martienne et de ses étranges bijoux. Mais quand ceux-ci sont volés par un gentleman cambrioleur au nez même des plus hautes autorités de Paris, Théo est bien loin de se douter qu'il vient de faire le premier pas d'une aventure qui va changer sa vie à tout jamais, une aventure qui va faire de lui l'un des super-héros de la légende, celui que l'on appellera "le Nyctalope"...
Je ne dirai jamais assez le bonheur que représente la lecture d'un nouveau morceau de cet univers chimérique - au sens propre du terme, étant constitué par la greffe de plusieurs créations et traditions fictives venues de l'âge du merveilleux scientifique. Marie Curie, la "Reine du Radium", dont l'histoire et le nom servaient de fil directeur aux autres volets de cet univers fascinant, est ici tout à fait absente comme on pouvait s'y attendre, sa rencontre avec le Nyctalope intervenant dans L'Homme truqué, précédente livraison de très bon aloi ainsi qu'il se devait. Il s'agit donc bel et bien de l'invention d'un nouveau surhomme dont il est question, un surhomme qui n'est pas encore le fameux Nyctalope mais qui va le devenir.

La fragilité de Théo Sinclair, au début de ce tome d'ouverture, n'est pas sans surprendre. On n'est pas sans se demander, bien entendu, comment un jeune homme aussi peu armé dans la vie peut être appelé à devenir le protecteur de Paris : l'intrigue de cet épisode est celle d'une transformation dont une partie va intervenir sous le scalpel d'un lointain émule du docteur Frankenstein. Mais d'ores et déjà, Sinclair se révèle tenace et déterminé à venger la mort de son père, à qui un inquiétant artefact militaire secret a été volé. On est encore loin, ici, du Nyctalope des années 30, bedonnant, claquemuré dans son bunker, indifférent à toute autre chose qu'à sa propre biographie alors que le monde s'écroule autour de lui : c'est que Théo est seul ou presque, entouré d'une première équipe dont certains éléments, peut-être, préfigurent ses premiers disciples. Et son ennemi, cette fois-ci, n'est pas encore constitué par des super-vilains : il s'incarne dans deux anarchistes criminels, de la trempe de ceux qui firent trembler la Troisième République.

L'époque est trouble, bien entendu - il ne faut pas oublier que la Grande Guerre aurait très bien pu démarrer en 1911 ! - mais pour Théo, elle dégage encore une certaine lumière. Le Nyctalope n'existe pas encore : le héros n'est donc pas encore fatigué. L'avenir dira bien s'il saura tolérer longtemps l'écrasante lassitude qui gagne ceux à qui échoit le sort du monde...

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