Alix Senator tome 12 : Le Disque d'Osiris

Alix Senator n'a pas encore dix ans, mais le rythme de ses parutions ne ralentit pas : le présent album est rien de moins que le douzième !
Résumé : 
Enak, toujours pétri de chagrin suite à la mort de son fils Khephren, est pris dans une embuscade au sortir d'un temple égyptien. Les prêtres le convainquent de faire venir Alix au plus vite : ils ont pour eux une mission périlleuse et leur offrent en échange le pardon de leurs crimes et la possibilité d'une guérison pour la maladie d'Enak... Voici les deux amis partis à contre-courant du flux du Nil : pour les prêtres d'Abydos et de Philaé qui les ont missionnés, il s'agit de dénicher les ossements géants du dieu Osiris afin de renforcer le succès du culte immémorial que les Egyptiens lui livrent. Mais pour Alix et Enak, cette aventure est le prologue d'une autre bien plus extraordinaire encore : il paraît qu'aux sources du Nil se trouve une porte vers la mythique Atlantide... Là où, peut-être, existe le secret de la guérison d'Enak ! Arriveront-ils jusqu'à la tombe d'Osiris ? Et qu'y découvriront-ils ?
Une aventure d'Alix est avant tout un voyage. Ce n'est pas la première fois que le gaulois maintenant plus si jeune traverse des régions hostiles, et ce n'est pas non plus la première fois qu'il se frotte au Nil : cette fois-ci, on le voit tout de même partir en direction des sources du fleuve vital de l'Egypte - qui ne devaient être identifiées qu'au XIXème siècle soit donc près de deux mille ans plus tard... Ce prétexte est utilisé par le personnage lui-même - qui justifie ainsi son étrange épopée aux yeux des populations rencontrées sur la route. En l'an -10, l'Egypte est colonisée par les Romains qui ont hérité de la rivalité avec les peuples du Sud. La Nubie n'est pas tout à fait pacifiée, les reines candaces de Méroé ont contraint Rome à respecter leur indépendance, et l'Afrique équatoriale est encore une terre mythique : c'est pourtant par là qu'Alix doit passer, afin de pouvoir trouver le moyen d'aider son ami Enak. Les images de ces régions désolées - le Nil coule en partie à travers un désert - mais aussi dépeuplées illustre bien d'une certaine façon le fait que l'Antiquité s'oriente vers sa fin. Alix a vieilli, et il semble avoir une certaine conscience de ce que le monde antique est en train de connaître avec le Principat d'Auguste son ultime mutation. Plusieurs albums précédents montraient à quel point la romanité venait hériter de ruines à contempler en méditant sur le destin des civilisations : y en a-t-il de plus émouvantes à côtoyer que celles de l'Egypte, vieilles de trois mille ans, et plus vieilles pour les Romains que leurs temples ne le sont pour nous ?

La mélancolie et le danger qui pèsent sur Alix et ses compagnons ne sont pourtant qu'un des aspects de cet album. Jacques Martin, le père d'Alix, n'a jamais rechigné à offrir au lecteur quelques fragments de réalisme fantastique : cette dimension a été très bien comprise par les auteurs d'Alix Senator qui lui ont consacré certains de leurs albums les plus cruels. Dans la mythologie de cette continuation des Aventures d'Alix, a été plusieurs fois évoquée l'existence dans un passé immémorial de géants monstrueux auxquels des sectes rendent un culte. La connexion s'établit ici entre l'orichalque déjà vu ailleurs dans l'univers d'Alix, les indices découverts au fil des parutions et l'irruption récente au sein de la série du mythe de l'Atlantide. Les dernières pages de l'album, très belles, montrent un Alix à nouveau sensible à l'appel de l'aventure partir en quête de la mythique terre engloutie : ne vient-il pas de trouver une tombe remplie d'objets dont certains semblent venus... d'un autre monde ? La couronne mortuaire de la momie et certaines des statuettes qui l'accompagnent, n'ont-elles pas une vague allure précolombienne ? On le sait, la série annexe des Voyages d'Alix montrait le personnage à la découverte d'autres civilisations dans le cadre de tableaux sans intrigue - l'un de ces albums amenant même le jeune gaulois jusqu'au pays maya ! Dans ces conditions, le prochain album d'Alix Senator le montrerait-il découvrant le premier les Amériques au terme de sa quête atlante ?

Fascinant par son ambition, cet album parvient à lire avec une certaine conviction le passé de la série principale. Il y a donc là-dedans tout ce qu'il fallait pour obtenir un épisode parfait : bravo !

Commentaires

Christian a dit…
L’album est somptueux. Je l’ai feuilleté,et pour une fois j’ai trouvé que le prix était raisonnable par rapport à d’autres bds.

Bravo aux auteurs.
Anudar a dit…
A vrai dire, je ne regarde pas le prix quand je suis la série ;)

Somptueux, c'est le mot qui convient. Cet album est très réussi.