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Mettons nos bibliothèques en réseau

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Il y a quelques jours, j'ai découvert un outil qui ne manquera pas de m'être précieux. Babelio est un site de réseau social dont la particularité consiste à s'intéresser aux livres. Vous y créez un profil (le bouton que j'ai glissé au début de ce message vous conduit sur le mien) ce qui vous permet d'ouvrir la liste des livres que vous avez dans votre bibliothèque. Si un livre ne figure pas encore dans la base de données, il vous suffit de le créer à l'aide d'un très simple formulaire : vous avez même la possibilité d'ajouter une image de la couverture. Vous avez la possibilité d'enrichir la fiche de chaque livre par votre propre contenu : résumé, critique... qui viennent s'ajouter au contenu créé par les autres utilisateurs. Vous coexistez en effet sur la base de données avec d'autres personnes avec lesquelles vous pouvez interragir par messages publics ou privés : cette interaction vous permet entre autres d'accéder à leurs pro

Les Chèvres du Pentagone

Le paranormal est l'un des ressorts de fiction parmi les mieux connus du grand public : le "plus qu'humain", avec l'"autre qu'humain", reste l'une des plus fécondes des hypothèses de l'imaginaire, que ce soit en littérature ou en cinéma. De nos jours, les hypothèses de fiction liées au paranormal sont soutenues par une abondante production (ce qui contribue à en faire un champ très bien exploité) mais aussi par toute une contre-culture de masse apparue dans les années 1970. La vogue de la "sapience venue de l'Orient" et du "new age" frappe en effet à cette époque. Un nombre non déterminable mais sans doute impressionnant de personnes emprunte alors les " chemins de Katmandou " (pour reprendre le titre du roman de René Barjavel), armées en tout et pour tout d'une guitare et de quelques joints de hasch... Bien souvent, et dans le meilleur des cas, le chemin s'arrêtait à la première douane, voire au pre

L'aède et la scénariste : réinterprétations

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Il y a quelques années de cela, en me livrant à l'un de mes passe-temps favoris (à savoir, la récolte de nouvelles pièces destinées à garnir les rayons de la Grande Bibliothèque), j'étais tombé sur le tome 1 de la série de BD Le dernier troyen . La couverture m'avait alléché car j'avais aussitôt remarqué les casques grecs associés à des éléments plus futuristes. A la lecture du volume, j'avais découvert une série très prometteuse, associant les mythes grecs avec des thèmes futuristes, ce qui n'était pas sans me rappeler le célèbre dessin animé Ulysse 31 (dont je suis, au passage, un fan inconditionnel même si je dois reconnaître qu'il n'a peut-être pas très bien vieilli). Le dernier troyen s'inscrit dans l'univers des Chroniques de l'Antiquité Galactique , où la scénariste (Valérie Mangin) avait déjà entamé une première série, Le fléau des dieux , racontant l'histoire du déclin et de la chute de l'Orbis romain galactique dans un co

Récolte du 13 Mars 2010

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Les rayons de la Grande Bibliothèque se chargent de nouveautés... En SF : Richard Morgan, Furies déchaînées (troisième opus de la série Carbone modifié ). Le début de la série s'étant révélé très prometteur, j'ai décidé de la poursuivre jusqu'au bout. Il y a quelque chose dans cet univers qui m'évoque celui de Cat le Psion écrit par Joan D. Vinge (auteur dont je vais parler un jour ou l'autre). Corinne Guitteaud, Aquatica . Cela donne l'impression d'être un planet/space opera plutôt bien écrit, premier tome d'une série nommée La trilogie atlante . Au défilement des pages, j'y ai repéré le nom de Väinämöinen , ce qui suggère que la mythologie finnoise ferait partie des sources de l'auteur. Toutes raisons suffisantes pour lui laisser sa chance. En BD/manga : Valérie Mangin, La guerre des dieux : de bruit et de fureur (tome 1 d'une nouvelle série dans l'univers des Chroniques de l'Antiquité gal

Millenium, tome 1

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Une fois n'est pas coutume : j'ai plusieurs livres sous le coude en même temps. En particulier, j'ai décidé de me lancer (enfin) dans la série des Millenium. Mes impressions à la fin du premier tome...

Borges, ou le Soleil nocturne de l'imaginaire fantastique

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La mystique mésoaméricaine ancienne se caractérise par le concept dualiste selon lequel tout principe admet un contraire. Les contraires s'équivalent et s'identifient en un tout. C'est une pensée différente de la nôtre en ce sens que le principe contraire doit être défini et voire même représenté s'il n'a pas d'existence sensible. Ainsi, à l'astre solaire correspond un principe diurne, ce qui implique l'existence d'un principe nocturne contraire. Si l'aigle est associé à l'aspect diurne de l'astre solaire, le jaguar est quant à lui associé à son aspect nocturne. Jorge Luis Borges est un auteur argentin du vingtième siècle. Il n'est pas mexicain et on ne saurait donc le relier aux traditions mésoaméricaines dualistes, ni par son éducation primordiale, ni même par son héritage culturel lointain. Ceci étant dit, la littérature de Borges est foisonnante ainsi que l'art précolombien, et riche d'une étrange vitalité. Maître d

"La rafle"

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Les faits de la rafle parisienne de Juillet 1942 sont connus : la police française, aux ordres du régime collaborationniste de Vichy, a rassemblé des milliers de juifs au Vélodrôme d'Hiver, prélude à leur déportation vers les camps de la mort d'où presque aucun n'est revenu. Parmi ces gens, des centaines d'enfants qui n'avaient pas été réclamés par l'occupant : les dirigeants de Vichy avaient choisi d'aller plus loin qu'il ne leur était demandé, dans l'espoir peut-être de s'attirer les bonnes grâces de Hitler. Les faits sont têtus et ceux-ci le sont d'autant plus qu'il est difficile de les appréhender : d'un côté, un calcul politique effroyable, de l'autre, les victimes de ce calcul qui furent sans doute nombreuses à, pour reprendre les mots de Georges Perec dans W ou le souvenir d'enfance , être mortes "sans avoir compris". La rafle s'ouvre sur un avertissement : les faits décrits, et y compris les plus

Au découvreur de "Tlön", les explorateurs des mondes imaginaires reconnaissants...

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Après plusieurs jours de silence, je vais reprendre la publication de mes articles sur les littératures d'imagination. Je vais m'intéresser bientôt à l'un des piliers de la littérature fantastique, à savoir : l'écrivain argentin Jorge Luis Borges. Montrez-vous attentifs dans les jours à venir !

La première fiction

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On pourrait presque dire que le mythe de l'Atlantide raconté par Platon dans est l'argument de la première histoire de SF jamais écrite. Dans le mythe platonicien, l'Atlantide est une île située au-delà du détroit de Gibraltar, gouvernée par des rois dont la capitale est cernée de remparts et de canaux. Selon Platon, l'Atlantide aurait fait la guerre à la Cité d'Athènes avant d'être vaincue, puis plus tard submergée en un jour et une nuit, donnant ainsi son nom à l'Océan Atlantique. Le mythe a rencontré un tel succès qu'il a été repris sous différentes formes, dont certaines réinterprétées (si l'on pense par exemple à la légende de la ville d'Ys), et ce jusqu'à l'époque actuelle. On parle d'Atlantides (au pluriel) dans un nombre considérable de publications de fiction. Parfois même dans des publications qui ne sont pas de la fiction. Et parfois encore, dans ce même cas, dans des publications sérieuses. Mais c'est encore plus

Pilier de l'Âge d'Or

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Il fut un temps où l'un des "visages" de Fondation , en France - ou en tout cas, de l'une de ses éditions de poche - était celui de cette couverture, celle du premier tome de la série. Si je l'ai choisie comme illustration, c'est pour deux raisons. La première est affective car c'est ce livre que j'ai tenu en mains lorsque j'ai découvert Fondation , un an après Dune . La deuxième est qu'elle résume à merveille l'intrigue des premiers développements de la série, ce qui devrait vous apparaître évident si vous connaissez l'univers, ou quand vous le connaîtrez. Fondation est, tout comme Dune , un livre univers. C'est aussi un space-opera. Son argument initial est aussi celui de la perception de l'avenir par certains être humains. Néanmoins, les ressemblances s'arrêtent là tant l'histoire racontée, le style de narration, le parti-pris de chaque auteur et enfin l'époque de publication diffèrent. Commençons par ce d

Le Troisième Frère

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Au fil des ans, Pierre Bordage s'est affirmé comme l'un des grands créateurs d'univers français. Depuis Les Guerriers du Silence , une trilogie âgée d'une quinzaine d'années, il s'est frotté à plusieurs genres de SF différents, depuis la novélisation de jeu vidéo ( Atlantis ) à un futur distopique ( Wang ) en passant par la fantasy historique ( L'Enjomineur , pas lu). Dans tous les cas, on y retrouve une véritable "griffe" Bordage. Les concepts décrits "vont de soi" et on s'y trouve aussitôt immergé, pris dans le fil de la narration sans plus se poser de question. C'est du rêve à l'état pur. Dans le même temps, Bordage est un auteur exigeant vis-à-vis de ses personnages, n'hésitant pas à les meurtrir ou à les mettre en face d'impossibilités, souvent sentimentales, qui parfois viennent à bout d'eux. Pierre Bordage, en ce moment, est lancé dans un gand space-opera qui promet d'être une pentalogie : La Frat

Conan Doyle vs. Dan Brown

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D'un côté, l'inventeur d'un personnage élevant la rationalité au rang de véritable dogme. De l'autre, l'inventeur d'un personnage analyste en symboles. Dans les deux cas, la garantie d'une énigme policière qui sera résolue à la fin du livre. La fin justifie-t-elle les moyens ? J'aurais pu donner ce titre en interrogation à cette critique. Car il est vrai que ce Sherlock Holmes semble s'aventurer, par moments, sur le territoire d'un Da Vinci Code . Sherlock Holmes est un anti-héros. Il vit dans cette époque victorienne interminable, au début de cette Belle Epoque où le mythe du progrès n'a pas encore été déjoué par les deux guerres mondiales. On pourrait dire qu'il est une incarnation du déductivisme : il n'y a pas de problème insoluble, il n'y a que des esprits peu affûtés ou bien, ce qui est plus grave, des yeux qui ne savent voir. Cet aspect du détective privé est assez bien rendu dans le film, où plusieurs scènes en bul

Méli-mélo d'uchronie et de "GDK"

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La théorie de la conspiration est l'un des arguments de fiction les plus récents, apparu il y a deux ou trois siècles en Occident. C'est aussi l'une des formes de fiction les plus distrayantes dès lors que la conspiration reste ce qu'elle doit rester, à savoir de la fiction, parce que lorsque des gens se mettent à y croire pour de vrai, ça n'est plus drôle du tout. Je ne vous ferai pas de dessin... L'essentiel de l'argumentation sur la conspiration repose sur une machination exercée en haut lieu par un pouvoir maître, ou complice, de forces qui dépassent l'entendement du commun des mortels. Voir la série télévisée X-Files qui, pendant les années 1990, a popularisé dans l'un de ses génériques l'expression "government denies knowledge" que j'abrègerai en "GDK". Que les forces en question soient celles d'une société secrète, celles d'une civilisation extraterrestre hostile ou celles de créatures démoniaques et

Le Vide en littérature

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Il faut avoir un certain culot pour oser donner à un livre un titre incluant le mot "Vide". Il faut en avoir encore un peu plus pour écrire une Trilogie du Vide . Si je vous dis Peter F. Hamilton, ça vous étonne ? Est-ce que ce nom vous dit quelque chose ? Hamilton est connu du grand public en France depuis sa grande trilogie The Night Dawn ( L'Aube de la Nuit ). Allez... Rupture dans le réel , vous devez bien connaître ce titre. C'est le premier tome d'un space opera gigantesque en envergure ainsi qu'en ambition, et qui est à mon sens responsable du renouveau du genre pendant les années 1990 tout comme Les Cantos d'Hypérion (dont il faudra que je parle un jour). Et quand je dis gigantesque, c'est tout d'abord à cause de ceci : L'envergure ne fait pas tout, et si The Night Dawn permet d'identifier Hamilton comme l'un des créateurs d'univers les plus prolixes de la littérature mondiale, je pense pouvoir oser dire que cett

"Le Livre"

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Un jour, à une époque lointaine à présent, j'ai suivi des cours de latin. Mon professeur, qui était aussi celui que j'avais en français en Quatrième/Troisième, nous a expliqué un jour que les Romains désignaient parfois Rome par le mot "Urbs" : "la Ville". En d'autre termes, pour les Romains, Rome n'avait pas besoin de nom particulier : dire "la Ville" suffisait. Notre professeur avait conclu en substance et avec franc-parler : les Romains avaient les chevilles enflées. Vous l'avez compris, cette courte introduction a pour intention de magnifier l'importance de l'oeuvre dont je vais parler ici, à savoir, le Dune de Frank Herbert. Dès le début, soyons clairs. Vous n'avez peut-être pas encore entendu parler de Dune , ou peut-être que si, par ouï-dire... Peut-être que vous détestez la Science-Fiction (SF), peut-être que c'est un genre que vous tenez pour mineur ou négligeable... Néanmoins, il est un fait que nul n

"C'est au début que les équilibres doivent être précis..."

Aujourd'hui, je suis entré dans la blogosphère. En riant, mon père dit volontiers : "ce n'est pas parce que l'on a rien à dire qu'il faut se taire..." Disons que j'ai eu envie de prendre la parole ; mais pour autant, ai-je quelque chose à dire ? Et sur quoi ? J'ai comme représentation que l'on peut être intéressant si l'on sait de quoi on parle. Or, j'ai pour ambition d'être intéressant lorsque je parle, sinon, j'aime encore mieux ne rien dire, ou mieux, ne rien avoir à dire. On dit de la culture que c'est ce qu'il reste quand on a tout oublié. Comme je suis affecté de l'épouvantable défaut de ne jamais rien oublier, ce blog sera celui d'un inculte assumé, pour qui le mot "bibliothèque" est à comprendre presque d'une façon étymologique : "boîte à livres". Je parlerai donc surtout ici de livres, et surtout de ceux que je connais - pour la raison sus-citée : livres que je viens de l