A la Rescousse

J'avais lu, il y a quelques jours, le premier tome de la série Capitaine Futur par Edmond Hamilton : space-opera venu du plus profond de l'âge d'or, la première aventure de celui que l'on connaît en France mieux sous son pseudonyme de Capitaine Flam n'était pas sans intérêt ni saveur. Le deuxième tome étant d'ores et déjà disponible - d'autant plus disponible que l'ayant acheté en même temps que le premier, il se trouvait déjà dans ma bibliothèque - je ne pouvais manquer de m'y intéresser !
Résumé : 
Après l'affaire de l'Empereur de l'Espace, voici qu'un nouveau péril vient peser sur le Système solaire... Une étoile noire apparaît dans les télescopes et menace de ravager les Neuf Planètes. Sur les ondes, un mystérieux personnage, le Docteur Zarro, prétend pouvoir éliminer la menace... en contrepartie des pleins pouvoirs ! Les astronomes du Système, qui n'avaient pas encore détecté le mortel astre vagabond, se discréditent d'autant plus que leurs observations semblent contredire les prédictions du prophète de malheur et la panique augmente : c'est une question de semaines, et peut-être de jours, avant que les gouvernements ne tombent et que les populations épouvantées ne se rangent aux ordres de Zarro et de sa Légion de l'Apocalypse... Une fois de plus, les responsables du Système n'ont pas le choix : tandis que les astronomes sont enlevés les uns après les autres, il leur faudra faire appel au Capitaine Futur et à son trio de fidèles compagnons. Le Capitaine est convaincu de l'imposture : pour lui, le danger n'est qu'imaginaire et orchestré par le Docteur Zarro lui-même. Voilà pourquoi la Légion de l'Apocalypse ne reculera devant rien pour l'empêcher de conduire son enquête...
Retour à ce futur où les vaisseaux filent à travers le Système Solaire à des vitesses défiant l'imagination, et où toutes les planètes (Pluton comprise !) et leurs lunes sont habitables et peuplées, d'une façon ou d'une autre. Après un péril circonscrit à une seule des planètes - et non la moindre puisqu'il s'agissait de Jupiter aux cinquante continents et trente océans - voici qu'Edmond Hamilton propose un danger de nature à détruire l'ensemble du Système Solaire. Nette gradation dans l'enjeu pour le Capitaine Futur qui, plus que jamais, devra se montrer super-héroïque afin de sauver la partie. Le leitmotiv de ce deuxième volet de Capitaine Futur semble être bel et bien plus dangereux, plus intelligent, plus fort et plus vite. Comme on peut s'y attendre, nul autre que le Capitaine aurait pu mener à bien cette mission délicate : même lorsqu'ils ne sont pas séparés, ses trois compagnons - le robot Grag, l'androïde Otho et le professeur Simon alias le Cerveau (en boîte) - se montrent incapables d'imaginer à eux seuls les solutions aux problèmes incompréhensibles qui leur tombent sur le coin du nez. Il semble n'y avoir, somme toute, que peu de place dans cette histoire pour les humains - ou non-humains ! - ordinaires face aux super-criminels tels que le Docteur Zarro...

C'est ici que Capitaine Futur trouve à mon avis son véritable intérêt. Le danger ne réside pour le moment pas dans un univers hostile : derrière les menaces auxquelles font face les Futuristes on trouve toujours, au moins jusqu'à présent, l'ubris d'un ennemi bel et bien humain. La solution réside-t-elle comme il semble dans les seules capacité surhumaines, pardon, super-scientifiques du Capitaine ? Je ne suis pas certain que ce soit bien la leçon de Hamilton. Même si ses acolytes à eux seuls ne parviennent pas à résoudre les problèmes, le Capitaine tout seul est parfois impuissant, et c'est même parfois le plus fragile de sa bande qui pourra le tirer d'affaire... Et dans le même temps, alors que le robot et l'androïde ne cessent de se disputer pour tâcher de savoir lequel des deux est le plus humain, il est difficile de ne pas voir pointée ici ce qui constitue la plus grande qualité du Capitaine Flam : il est humain, et c'est bien parce qu'il est humain qu'il parvient à concentrer tant d'aptitudes extraordinaires. Ses ennemis en appellent aux instincts de peur et de médiocrité quand lui ne cesse d'invoquer la raison et la logique : une belle leçon aux temps du danger (1940) où Edmond Hamilton avait créé le personnage... tout comme à présent.

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