La Flamme Chantante

Voici un court roman de Clark Ashton Smith qui végétait dans ma PàL depuis des années. M'occupant ces temps-ci d'en faire diminuer le volume... j'ai décidé de lui régler son compte !
Résumé : 
Giles Angarth est un écrivain qui, un beau jour, disparaît de la surface de la Terre. Ne reste plus de lui que son Journal où il parle d'un passage qui conduit vers une autre planète, tout près d'une ville cyclopéenne au milieu de laquelle se trouve le temple de la Flamme Chantante. Celle-ci attire à elle des êtres venus de mondes et peut-être de dimensions au-delà de toute compréhension humaine, et semble les consumer s'ils ne parviennent pas à résister à la beauté de son chant. N'est-elle qu'un monstrueux piège cosmique ? Ou bien est-elle au contraire une ode menacée à la vie et à la beauté ?
Ce roman se décompose en deux parties, précédées d'un avant-propos très court qui pose les nécessaires bases de son intrigue mais n'en révèle pour ainsi dire pas grand-chose, Le Journal puis Au-delà de la Flamme Chantante... Le postulat de cette histoire est l'existence de réalités inaccessibles aux sens de l'être humain, qui ne peut les découvrir qu'à la faveur de caprices de la nature - ou peut-être de la volonté d'entités d'ordre supérieur - et qui, une fois qu'il leur a été exposées, se voit confronté au caractère insignifiant de sa propre condition intellectuelle. Pour l'artiste, le monde autre qui l'attend sur Ydmos est la triste preuve de la vanité de son art, qui ne saurait imaginer ou même représenter la beauté de ses couleurs et de ses formes sans nom ; pour la science - qu'elle soit pensée par un cerveau humain ou par autre chose - a fortiori, la Flamme Chantante est une énigme insoluble.

Face à cette réalité inimaginable car plus complète que la version frelatée à laquelle nos sens nous donnent accès, il est possible de réagir de diverses façons : certains personnages acceptent par conséquent de s'immerger dans la Flamme et donc dans sa réalité parfaite quand d'autres forces, au contraire, peuvent chercher à l'éteindre par simple refus de la réalité transcendante qu'elle exprime. Il n'est pas étonnant de voir le roman s'interrompre alors que deux des protagonistes humains s'apprêtent à rentrer sur Terre en laissant derrière eux le temple de la Flamme Chantante : l'histoire prend fin car ils renoncent à cette réalité d'ordre supérieur qui fut la leur pendant une fraction d'éternité... La Flamme Chantante s'avère être un roman poétique, désabusé mais sublime, inquiétant mais positif, où l'humain accepte son rôle négligeable dans l'écologie de l'univers - mais découvre en même temps que sa place, bien qu'insignifiante, n'en est pas moins précieuse.

Après tout, la Flamme ne survit-elle pas jusque dans le titre de ce livre ?

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