Les oiseaux lunaires

Le neuvième texte de l'Anthologie des Utopiales édition 2017 est signé par Michael Moorcrock, un auteur que j'ai très peu lu jusqu'à présent, et en tout cas jamais chroniqué sur ce blog.
Résumé : 
Depuis vingt-trois ans, Tommy fait chaque été un véritable pèlerinage au festival de Glastonbury : toutefois, la musique ne l'attire pas tant que l'événement traumatisant qui s'y est produit autrefois. Jadis, sa femme et ses deux enfants y ont disparu dans des circonstances mystérieuses qui lui ont valu l'opprobre. Mais Tommy sait où les siens sont partis ce jour-là : reste à trouver comment rouvrir la porte pour les rejoindre...
Voici une courte nouvelle qui mériterait presque d'être étiquetée fantasy urbaine puisque l'on y trouve un monde en apparence normal où, par quelque aberration, se manifeste une forme de magie dont le monde - et ses habitants - appellent la famille de Tommy ; pour une raison ou pour une autre, celui-ci refuse de les suivre et regrette son geste pendant près d'un quart de siècle. C'est un texte étrange : presque trop court pour développer son propre univers, au démarrage un peu précipité, à la conclusion pour ainsi dire abrupte ; et pourtant, c'est un texte étonnant, où un monde autre semble à fleur de peau - à la lisière des mythes et des souvenirs de peuples disparus - sur cette île de Grande Bretagne qui a hébergé tant de cultures différentes, et qui a entre autres produit la légende arthurienne laquelle se voit citée ici.

Au fond, c'est parce que Tommy vit en marginal qu'il finit par trouver le chemin qu'il cherchait depuis vingt-trois ans : on pense ici au Neverwhere de Neil Gaiman où, là aussi, les sans-grade passant sous les radars du beau monde ont accès à une réalité différente. Celle que Michael Moorcrock offre in fine à son personnage est toutefois plus scintillante et plus lumineuse que celle que l'on croisait dans Neverwhere : cet envers du décor-là prend les atours du merveilleux, et quand Tommy parvient enfin à y pénétrer, c'est pour y prendre enfin la place qui depuis le départ était la sienne, parachevant ainsi le voyage sans retour de sa famille...

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