Manuscript Tradition


Une nouvelle parue sur Tor dont l'ami Gromovar parle ici : avais-je le choix de m'y intéresser ou non ?
Résumé : 
Au XXIIIème siècle, dans un futur qui ressemble quelque peu au présent, le Docteur Feyrouz Hanafusa est conservatrice d'une bibliothèque à Yale. Les trésors qu'elle contribue à protéger sont innombrables - dont l'un, énigmatique depuis sa découverte, n'est autre que le fameux Manuscrit de Voynich. Aussi, quand les premières images d'une biosphère découverte par une ancienne sonde automatique arrivée dans le système de l'étoile TRAPPIST-1 sont diffusées, elle n'est pas longue à y reconnaître des formes très familières - des formes végétales que nul n'a jamais pu voir sur Terre mais que quelqu'un a dessinées dans un passé lointain...
Tout comme l'Atlantide même si je n'en ai pas encore touché mot ici, le Manuscrit de Voynich est l'une de mes marottes ! Ce manuscrit mystérieux, sans doute venu du Moyen-Âge, associe des illustrations de plantes pas toutes identifiables à un texte pour le moment non déchiffré - mais dont il semble qu'il soit porteur de sens. Harry Turtledove, qui jusqu'à présent ne m'a jamais emballé, s'empare de cet argument pour conter une histoire qui n'est pas sans faire penser à L'Etrange cas de John Kingman de Murray Leinster (paru dans le volume Histoires d'extraterrestres de La Grande Anthologie de la Science-Fiction) : dans un asile psychiatrique, un patient hexadactyle éveille l'intérêt d'un médecin, lequel finit par découvrir qu'il ne s'agit rien de moins que d'un extraterrestre abandonné sur Terre deux siècles auparavant... car sans doute pas tout à fait sain d'esprit. Dans Manuscript Tradition, l'extraterrestre égaré sur Terre depuis une éternité possède un lien avec le Manuscrit de Voynich - et celui-ci ne représente pas pour rien des formes de vie qui n'existent pas sur Terre.

Là où Murray Leinster parvenait en quelques paragraphes à établir que derrière une bizarrerie administrative se trouvait quelque chose d'étrange puis de plus en plus inquiétant, le texte de Harry Turtledove n'éveille aucune sensation particulière dans sa description du quotidien futuriste mais interprétable du Dr. Hanafusa. Il faut dire que l'avatar de John Kingman dans Manuscript Tradition est bien plus communicatif que ne l'était le personnage éponyme chez Leinster : il ne s'agit pas d'un malade mais tout au plus d'un naufragé très loin de chez lui, nostalgique d'un monde qui lui est désormais inaccessible pour bien des raisons. Là où la conclusion de Leinster était magistrale dans sa simplicité comme dans son évidence, Turtledove ne parvient jamais à dépasser tout à fait la fadeur de l'inexpliqué : les perspectives dimensionnelles du temps et de l'espace méritaient mieux, je crois, qu'un texte aussi paresseux...

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