Nefer tome 2

Suite de la critique de Nefer dont j'ai déjà chroniqué le tome 1 il y a quelques jours.

Résumé :
En Iscandriane, les hommes de main de l'Emir du pays de Hag ont accompli leur forfait : ils ont enlevé les enfants du Binarque, le jeune Césarion et la princesse Hathor. Désespéré, le chef de guerre les fait chercher partout dans son pays tout en s'enfonçant dans la dépression. Nefer, quant à lui, est écrasé de douleur depuis qu'il sait que Tara, la fille de joie qu'il aime, a été tuée quand l'exécuteur des basses-oeuvres de l'Emir s'est enfui en massacrant ses esclaves pour ne rien laisser derrière lui... La princesse Hathor est aux mains d'une troupe de brigands qui ont reçu de l'or pour la remettre à une centurie de soldats de l'Emir. Une dernière fois, les trois destins, celui du chef de guerre, celui du jeune prêtre et celui de la rusée princesse, vont se croiser pour que celui d'un pays entier bascule...
Un peu plus courte que la première, cette deuxième partie recourt à un procédé inhabituel dans la série Ptah Hotep/Nefer. On avait suivi le jeune prêtre pendant tout le temps fictionnel du tome 1. Cette fois-ci, le livre s'ouvre sur un passage assez long concernant la princesse Hathor. De Nefer, point de traces avant le dernier tiers du livre, le deuxième étant quant à lui consacré au Binarque. Voilà qui contribue à brouiller les pistes (un peu plus) : Nefer est-il un roman picaresque comme Ptah Hotep ? Si oui, pourquoi perd-on de vue un moment le protagoniste principal ? A moins que l'auteur n'ait souhaité nous faire comprendre, en réalité, que le véritable protagoniste n'est autre que le lecteur : auquel cas, les péripéties du roman picaresque viendraient en renfort de l'expérience humaine de celui-ci. Etrange concept, si c'est bien le cas...

En dehors de cette bizarrerie, le texte garde les mêmes propriétés (langue, style...) que le début. Si vous avez pu ingurgiter le tome 1, le tome 2 ne devrait donc pas vous poser de problèmes. Il conviendra néanmoins de savoir tolérer un peu la frustration car, une fois de plus, on sort perplexe de cette lecture... Et l'on se demande, une dernière fois, ce que l'auteur a voulu nous dire au juste. Faut-il y voir un hommage au roman d'éducation balzacien ? Ouais, bon... Ne goûtant guère à cette littérature née pendant la Restauration, je dois dire que si elle existe, la référence me laisse froid. Ou bien faut-il y voir plutôt le goût du défi, celui de produire, ou d'avoir produit, un univers "antique" avec une véritable cohérence interne malgré le réemploi de références innombrables ? On retrouve là-dedans, pêle-mêle, des noms égyptiens, des intrigues de palais dignes de la Rome antique, une fois de plus le nom de Charlemagne et cette impression troublante d'un monde figé dans l'Antiquité mais qui nous serait pourtant contemporain. Je suis néanmoins parvenu à résoudre (sans doute ?) l'énigme de la chronologie entre Ptah Hotep et Nefer, quelques indices montrant que la situation dans le deuxième résulte un peu des événements du premier...

Ce tome 2 est précieux, en particulier, pour la postface (écrite par un certain Christian Le Mellec) : Charles Duits, le visionnaire, où l'on découvre un peu mieux la vie de cet écrivain compagnon des surréalistes et d'André Breton avant une brouille au milieu des années 1940. S'ensuivirent plusieurs décennies de production artistique (parce qu'il ne se limitait pas à l'écriture) et d'expérimentations philosophiques et mystiques (dont certaines assistées par le peyotl). En fin de compte, une série dont je suis content d'être venu à bout, parce qu'a priori, ce n'est pas le genre de livres que je lis le plus volontiers...

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