Méta-Baron tome 2 : Khonrad l'Anti-Baron

Il y a quelques mois, je parlais ici du premier tome de la dernière série en date au sein de l'Incaliverse inventé par Jodorowsky à la fin des années soixante-dix. Les auteurs n'ont pas été longs à nous gratifier de la suite, parue un peu plus de six mois après le premier volet de cette histoire...

Résumé :
Alors que les réserves d'épiphyte sont en train de s'épuiser, Wilhelm-100 a décidé que le meilleur moyen de régler le problème serait encore d'éliminer le Méta-Baron. Le guerrier ultime est capable de venir siphonner l'épiphyte comme bon lui semble, amoindrissant encore les derniers gisements... Le Techno-Amiral a chargé son âme damnée Tétanus de lui fabriquer un clone du Méta-Baron, mais une divergence méthodologique entre le terrifiant Wilhelm-100 et son esclave conduit à la production de Khonrad, un monstre sans passé, sans mémoire, né de l'utérus d'un bovidé femelle de laquelle il s'extrait à la seule force de ses ongles et de ses mains. Pour Wilhelm-100, c'est le moyen d'éliminer à jamais le Méta-Baron - mais Tétanus voit sa création comme le fils qu'il n'a pas. Alors que le Techno-Pape s'impatiente et que l'Empire est promis à l'effondrement lorsque l'épiphyte aura disparu pour de bon, le destin de l'univers dépendra-t-il de la confrontation entre le Méta-Baron et son clone maléfique ? Et si cette rencontre aussi impossible que révoltante était en fait le premier pas sur un chemin nouveau pour le Méta-Baron - et peut-être même l'espèce humaine toute entière ?
Le premier volet de cette histoire m'avait beaucoup plu : l'Incaliverse n'est jamais si convaincant que lorsque ses méchants sont réussis. Les affreux Aristos et les sinistres Technos étaient d'excellents méchants, les Shabda-Oud (des espèces de Bene Gesserit un peu loupées qui font leur apparition dans la série La Caste des Méta-Barons, dont je ne suis pas très fan, il est vrai) un peu moins... Ici, Wilhelm-100 apparaît comme un véritable méchant bien badass : il s'est fait greffer deux énormes bras mécaniques à la place des siens, s'en sert volontiers pour tuer dans l'instant ceux qui lui déplaisent - porteurs de mauvaises nouvelles inclus - et d'une façon générale agit sans aucune forme de moralité, faisant le mal par simple plaisir voire même ennui... Se servant de la violence et de la cruauté comme de méthodes de gestion. Et cela marche, ou n'est en tout cas pas loin de marcher.

Le principal atout de Wilhelm-100 est sans nul doute sa parodie artificielle de Méta-Baron : Khonrad, conçu par clonage, qui a pour particularité d'avoir eu deux mères dont une animale, élevé dans la souffrance, la violence et l'obéissance absolue à son maître, est bien près de venir à bout de l'original dont il est la copie. Les auteurs n'hésitent pas, en effet, à mettre leur personnage principal en danger de mort, chose qui se produisait dans la première série mais en général pas face aux complots de la "simple" humanité. Il est vrai qu'ici la "simple" humanité se trouve confrontée à un péril nouveau : pas d'envahisseur, mais bel et bien la perte imminente d'une ressource indispensable au moment précis où la civilisation impériale se consolide. Les auteurs exploitent ce ressort scénaristique pour proposer un schéma aux accents herbertiens : face au danger de son morcellement que représenterait la disparition d'un voyage spatial confortable et rapide, certains personnages vont chercher des solutions. Celle de Wilhelm-100, pour intéressante qu'elle soit, n'en est pas une, puisqu'elle ne vise qu'à éliminer un symptôme bien défini plutôt qu'à résoudre le problème lui-même. C'est bel et bien le défaut du Techno-Amiral, cyborg des plus grotesques handicapé par ses propres implants, et post-humain de pacotille tout comme son Anti-Baron n'est en réalité qu'une copie très inefficiente du Méta-Baron.

Celui-ci, presque en retrait de cet album dont il est pourtant le héros (si l'on en croit le titre !), en apparaît d'autant plus intéressant : on retrouve ici le caractère mystérieux d'un personnage au départ secondaire dans L'Incal et dont l'importance avait fini par être surestimée. Ce deuxième album confirme en tout cas mon impression : la série Méta-Baron mérite que l'on s'y intéresse, car on y retrouve tout ce qui faisait la richesse de la pensée de Jodo à l'époque de L'Incal, sans les bizarreries qui s'étaient multipliées au fil des ans. Il va de soi que je continuerai à en suivre les parutions...

http://rsfblog.fr/2016/06/21/summer-star-wars-episode-vii-cest-parti/

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