Aldébaran tome 1

Si de Leo j'ai déjà eu l'occasion de chroniquer plusieurs volumes de sa série Les Mondes d'Aldébaran, je n'avais pour le moment pas encore parlé des cinq albums desquels tout est parti... Aldébaran, série que j'ai découverte après sa conclusion - et après le début de celle qui la suit, en l'occurrence Bételgeuse - est typée planet-opera : quels étaient les ressorts de cet album qui ont assuré à l'ensemble un succès jamais démenti depuis ?
Résumé : 
Aldébaran est la seule colonie humaine à l'extérieur du Système Solaire. Cent ans plus tôt, un premier vaisseau y a déposé 1500 passagers avant de disparaître lors du voyage de retour. Un second vaisseau a disparu lors d'un nouveau voyage et au bout d'un moment les communications avec la Terre ont été interrompues pour de bon... Mais pour les habitants d'Aldébaran, c'est de l'histoire ancienne et de peu d'intérêt - car tout ce qui compte, ce sont les impératifs de la survie sur une planète aux paysages idylliques mais différente et parfois dangereuse. Marc Sorensen a dix-sept ans, il vit dans un petit village reculé où il rêve d'Anatolie, la capitale d'Aldébaran, et de sa voisine Nellie... Vient un jour où les poissons disparaissent de la mer, et où un étranger apporte un inquiétant avertissement... Le lendemain, une journaliste débarque à bord d'un taxi de plage, à la recherche d'informations. Alors, Marc lui propose de prendre la mer en direction du village voisin où il pense pouvoir trouver l'étranger. Il ne sait pas que ce qu'il prend pour un simple après-midi de canotage va le conduire beaucoup plus loin qu'à Felton...
Le premier tome d'Aldébaran est un volume d'exposition permettant de faire la connaissance de cette planète accueillante au premier abord mais différente et porteuse de ses propres dangers. La mer est belle et généreuse, même si sa faune est bizarroïde ; les forêts sont ombragées, sans broussailles, et leur couvert assure une protection contre les prédateurs aériens... Mais Aldébaran n'est pas la Terre et la présence humaine y est encore ténue. Arena Bianca, le village duquel proviennent Marc et Kim, se trouve à la lisière de la civilisation. C'est donc un trou perdu qui n'intéresse personne, a priori, et c'est bien pour cette raison que l'irruption d'individus étranges - plus même que la fuite incompréhensible de la faune aquatique - témoigne d'une menace mal définie. L'ambiance est pesante, sur la plage de ce village éloigné de tout, et pas que parce que les jeunes gens s'ennuient : sans que le régime politique ne soit pointé du doigt pour le moment, quelques allusions permettent bel et bien de comprendre qu'Aldébaran n'est pas tout à fait une démocratie.

La société rigide qu'impose le gouvernement a des conséquences désastreuses, bien entendu. Ceux qui savent préfèrent se taire ou mentir - et quand ils parlent, c'est au risque de ne pas être pris au sérieux : chacun à leur façon, les personnages de Driss et de Pad font preuve d'un étrange mélange entre confiance et méfiance, voire de trahison. Aucun d'entre eux, pourtant, ne pourra jouer le rôle de mentor pour Kim et Marc : cet album est celui de la prise d'indépendance pour les deux personnages, qui sont encore des adolescents que le destin projette sans filet dans un monde plus hostile qu'il y paraît. C'est aussi celui de l'expérimentation du danger, celui que représente une biosphère différente et encore très mal comprise, mais aussi celui que représente l'obscurantisme : deux axes qui constitueront les éléments centraux de toute la série des Mondes d'Aldébaran.

A travers ce premier album, Leo annonce donc bel et bien tout ce qui devait suivre, sans pourtant forcer le trait outre mesure : Marc, le narrateur-héros de ce premier cycle, est encore un jeune homme ignorant de son propre monde, mais qui s'apprête à y faire son apprentissage...

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