Aldébaran tome 4

Suite et avant-dernier album du cycle Aldébaran de la série Les Mondes d'Aldébaran de Leo : il s'agissait pour l'auteur, après des tomes précédents réussis mais énigmatiques, de conduire son lecteur vers la résolution des questions qu'il avait soulevées jusque là...
Résumé : 
Alexa et Driss, les deux mystérieux biologistes que Marc et Kim ont croisés par le passé, apparaissent sur des photos prises sur Terre... il y a plus de cent ans ! Nouveau mystère qui vient s'ajouter à tous ceux qui planent sur Aldébaran... Au large des côtes, un chalutier observe des phénomènes étranges : la faune aquatique se comporte d'inhabituelle façon, et des chocs se font entendre sous la ligne de flottaison. Gwendoline Lopes, qui a jadis rencontré Driss sur le site de la catastrophe d'Arena Blanca, reprend contact avec lui ainsi qu'avec Alexa : tous deux ont une proposition à leur faire, car ils cherchent à recruter un nouveau groupe de confidents pour leur révéler l'un des grands secrets de cette planète mal explorée. Mais en auront-ils le temps ? Le gouvernement totalitaire d'Aldébaran est prêt à tout pour leur arracher leurs secrets. Marc et Kim, bientôt recrutés pour cette expédition qui les conduira jusqu'à la région la plus dangereuse de la planète, vont vivre des heures décisives...

Aldébaran : son climat idyllique, ses océans immenses et son gouvernement totalitaire... Tels sont les ressorts de cet album, qu'un intervalle de temps indéterminé - mais sans doute assez court - sépare du précédent, dont les personnages sont encore occupés à digérer les révélations. Le lecteur le sait, Driss et Alexa sont en réalité les derniers survivants de la première expédition de colonisation sur Aldébaran, et leurs vies ont été prolongées par quelque artifice biologique dont les fait bénéficier l'animal gigantesque qu'ils étudient depuis toutes ces années. Une courte scène impliquant l'affreux prêtre Loomis permet de faire le lien entre cette énigme extraterrestre et la nature dictatoriale du régime : ceux qui sont aux manettes (dont un certain général Aldous est le chef suprême) désirent eux aussi découvrir les secrets de la mantrisse - et surtout mettre la main dessus. A travers l'opposition entre ce groupe hostile - qui n'avait jusqu'alors pas de visage en dehors de celui de Loomis - et la communauté plus hétéroclite qu'Alexa et Driss vont rassembler autour d'eux, c'est une opposition d'idées qui se dessine : quelle est la place de l'être humain dans l'univers ? Peut-on exploiter une planète ou sa biosphère comme si c'étaient des ressources naturelles... ou bien doit-on se contenter de les étudier sans les modifier ? C'est de cette problématique passionnante que sort l'humanisme assumé de la série Les Mondes d'Aldébaran : Leo ne cessera jamais d'en montrer de nouveaux développements.

Moins convaincants, à nouveau, sont les passages où Marc et Kim terminent de se rapprocher l'un de l'autre pour finir par constituer leur couple. Ce cycle est celui où Marc endosse le rôle du narrateur et où Kim est appelée à jouer des rôles variés : mouche du coche au départ, amie fidèle ensuite, puis petite amie enfin... toutes les fonctions qu'elle joue dans la narration se font par rapport à Marc, lequel apparaît donc bien comme le véritable héros de l'histoire. Il n'est rien d'autre qu'un mec normal projeté par le destin dans des circonstances exceptionnelles : son évolution est donc des plus intéressantes à suivre car, au fond, les péripéties qu'il doit surmonter sont intelligibles à tout un chacun. Alors que sa vie est faite de hasards et de coups de sort, il est surprenant de voir à quel point sa progression vers Kim est linéaire : indifférence, agacement, responsabilité de mauvais gré, responsabilité heureuse et enfin amour... On se demande jusqu'à quel point le personnage de Marc n'est en fait pas quelque avatar de l'auteur, qui vivrait ainsi par procuration les sentiments qu'il éprouve pour Kim ! Rien de tout ceci, cependant, n'est de nature à rendre cet album illisible : cela coule de source à tel point que l'on peut se montrer moins attentif à ces pages de moindre intérêt, puisque l'album offre ailleurs tant de choses fascinantes à lire...

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