Painting the Massive Planet

Encore un texte court issu du numéro de Mai/Juin 2019 de la revue Analog. Celui-ci est signé Marissa Lingen.
Résumé : 
Depuis que des gens vivent sur Ganymède, se pose une question inédite : comment représenter le paysage dantesque et changeant de Jupiter ? Quelle technique artistique rendrait justice à la planète géante ? Existe-t-il même une technique éprouvée qui permettrait d'en rendre compte ? La gageure apparaîtra en tant que telle à l'occasion d'une exposition - la première du genre - de ce qu'il convient d'appeler l'art jovien !
Jupiter possède une atmosphère tourmentée sur laquelle l’œil ne trouve que bien peu de points de repère. La Terre, depuis l'espace, propose les contours familiers de ses continents - qui ne changent que dans le temps long de la géologie - à peine affectés par les manifestations de sa météorologie... alors que la planète géante se dissimule derrière une atmosphère épaisse organisée en bandes parallèles à l'équateur et semée de cyclones dont le plus connu n'est autre que la Grande Tache Rouge. Même ces points de repères sont trompeurs : la Grande Tache Rouge change de taille au fil du temps... et les bandes parallèles ont des frontières brouillées là où elles se mélangent. L'art de l'humanité se trouve donc face à un problème peut-être insoluble - car il lui est difficile de rendre à la fois le mouvement et l'apparence d'ensemble...

Passant en revue différentes écoles artistiques et montrant comment elles échouent toutes à rendre justice au visage tourmenté de Jupiter, l'auteure de cette nouvelle donne à penser que si chaque technique est impuissante, elles peuvent donner ensemble une impression plus satisfaisante et peut-être même réussie. La conquête spatiale aurait donc pour étonnante conséquence d'entraîner une (r)évolution artistique permettant à l'être humain de représenter enfin de façon convaincante certains objets peu familiers à son expérience de vie. On se rappellera ici comment l'art du Moyen-Âge représentait de façon fantaisiste animaux et paysages connus par l'intermédiaire de témoignages : ce que nous dit l'auteure de Painting the Massive Planet, c'est que l'art spatial reste à inventer. Bravo !

Commentaires