Retour sur Aldébaran tome 3

Avec ce troisième tome, c'est la fin du cycle Retour sur Aldébaran signé Leo !
Résumé : 
Cela se corse pour Kim : la planète inconnue où elle et plusieurs explorateurs venus d'Aldébaran sont coincés regorge de dangers inattendus. Son peuple indigène, bien que méfiant à l'égard des êtres humains, révèle que depuis quelques temps des phénomènes inquiétants se produisent et que des animaux inconnus pullulent dans leurs jungles... certains d'entre eux étant même capables de se subdiviser lorsqu'ils sont agressés ! De toute évidence, au moins une intelligence extraterrestre d'ordre supérieur est à l'oeuvre sur ce monde où la fermeture des portes quantiques a piégé Kim et ses amis. Les Tsaltérians parviendront-ils à trouver le chemin vers elle ? Kim pourra-t-elle rallier Aldébaran ? Et surtout... saura-t-elle gagner la confiance des indigènes et percer le mystère de leur relation contrariée avec l'humanité ?
Finir un cycle est toujours le moment le plus délicat, quelles que soient l'oeuvre et sa forme : l'auteur doit sortir de l'ambiguïté en nouant l'ensemble des fils d'intrigue, en répondant à la question posée au début et en suggérant une ouverture. Leo, qui n'en est pas à sa première fin de cycle - rien que pour Les Mondes d'Aldébaran, c'est la cinquième... - le sait fort bien. Sur la forme, ce troisième volume répond donc aux attentes de son lecteur : la situation inconfortable qui est celle de Kim est résolue, les mystères de cette nouvelle planète sont éclairés au moins en partie, et l'ouverture vers un éventuel nouveau cycle est garantie par les dernières pages. On a déjà eu l'occasion de se plaindre de Leo, de son trait et de certaines de ses manies narratives : il n'y aura rien de plus à dire ici, mis à part que Leo fait du Leo avec son dessin clinique (pour ne pas dire glacé), son propos humaniste et positiviste mais parfois maladroit d'insistance, et ce bestiaire diversifié qu'il offre dans cet album - où pour l'une des premières fois il parvient à mettre en abyme l'étrangeté de cette nouvelle planète en montrant comment son écosystème, en réalité, subit l'assaut d'espèces invasives et va s'effondrer.

Leo fait du Leo, mais comme on le sait cela ne suffit pas toujours à faire d'un album des Mondes d'Aldébaran un joli morceau de SF. Certains des précédents cycles avaient souffert de leur trop grande longueur compte-tenu de leur apport à l'ensemble : ici, le défaut de fond est peut-être inverse puisque ce troisième volume conclut un cycle qui en devient donc le plus court de la série. Là où les deux précédents tomes adoptaient une narration tonique et moins contemplative que d'ordinaire chez Leo - ce dont le lecteur ne pouvait que lui être reconnaissant : au moins faisait-il l'effort de sortir de sa zone de confort... - voici que celui-ci semble passer encore à la vitesse supérieure et précipiter le déroulement du road-movie extraterrestre. Les révélations attendues sont concentrées dans le quart final de l'album, qui se fait dense puisqu'il faut prendre le temps de châtier les méchants et de récompenser Kim pour la peine qu'elle a consentie. Pêle-mêle, on voit donc Leo invoquer des images venues du fin fond de la série - dont ce Lascaux extraterrestre jadis découvert sur Antarès - pour justifier la cohérence de l'ensemble. Cela marche, en partie, quand cela lève certaines incertitudes - ainsi, le mystère de la ressemblance entre humains et tsaltérians est-il expliqué - mais l'accumulation d'informations donne une impression de fouillis dommageable.

Sans être manqué, ce troisième volume déçoit un peu : on espérait mieux pour ce qui, en réalité, sert de clef de voûte pour la série toute entière. L'ouverture finale, peut-être trop évidente, semble établir un lien avec certaines idées que Leo développe ailleurs dans sa série Kenya : sans que l'on puisse à ce stade affirmer que le cross-over soit le futur des Mondes d'Aldébaran, le public pourra au choix se satisfaire de la cohérence intellectuelle de Leo - ou au contraire, trouver qu'il commence à rabâcher...

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