Les blogueurs parlent aux blogueurs : Yossarian

Au début des années 2010, l'excellent Gromovar avait pris une initiative chaleureuse et passionnante : il s'agissait d'interviewer les blogueurs de ce qui était déjà le Planète-SF, réalisant ainsi une oeuvre de connaissance de la blogoSFFFère.

En ce début des années 2020, cette communauté a changé : des anciens sont partis, d'autres sont toujours là, et des nouveaux sont arrivés. Le moment, d'après moi, est revenu de faire le point et de nous interroger en tant que blogoSFFFère sur nos aspirations et nos liens communs. Avec la permission de Gromovar, inventeur du concept, je reprends par conséquent la rubrique Les blogueurs parlent aux blogueurs !

Et aujourd'hui, c'est au tour de Yossarian de nous parler de lui... 



    1. Bonjour, peux-tu te présenter en deux mots (tu peux être aussi bref que tu veux…jusqu’au néant) ?

Bonjour. Yossarian alias Amilanar alias Ubik alias... je ne sais plus. Pour l'Etat-civil, c'est une autre histoire. Entrepreneur en matière grise pour le compte du blob national, blogueur dilletante, ex-connard élitiste et petite main pour une revue bien connue des amateurs de mythologie scandinave.


    2. Pourquoi avoir créé un blog ? Est-ce le premier ? Le seul ?

Sous les galets la page... est la deuxième mouture d'un blog que j'ai commencé à tenir en 2006. Pfff ! Ça ne nous rajeunit pas. La blogosphère balbutiait et le Web 2.0 avait trois ans. Bon, il y avait belle lurette que Rome avait remplacé Sparte, mais ça m'intéressait de voir si j'étais capable de produire un contenu pertinent de manière régulière, sans y perdre pour autant le plaisir d'écrire. Faut croire que oui.


    3. Combien de temps y consacres-tu ?

C'est très variable, mais généralement une à deux heures par semaine. À vrai dire, certaines lectures demandent beaucoup de temps, histoire de trouver l'angle d'attaque adéquat, de déployer l'ironie nécessaire à cet exercice (se prendre au sérieux, quelle plaie !) et de partager mes coups de cœur livresques du mieux que je peux. Parfois, ça vient tout seul. D'autres fois, non.


    4. Blogues-tu tout ce que tu lis ?

Non. J'ai des lectures plus académiques que je passe sous silence.


    5. As-tu déjà lu certains livres simplement parce que tu te disais que ça pourrait faire un article intéressant pour ton blog ?

À ma décharge, je ne suis pas assez organisé pour cela. Le choix, c'est au coup par coup, au gré des lectures du moment.


    6. Lis-tu en VO ? Si oui, en quelles langues ?

Un petit peu des comics, en anglais. Pas de romans. Par flemme.


    7. Blogues-tu avec ou sans roleplay ? Si c’est le cas, que représente ce roleplay pour toi ?

Je l'ai fait à l'époque de l'Ezine du Cafard cosmique auquel j'ai contribué dès le début. Beaucoup moins maintenant, même si parfois ça me titille encore un peu.


    8. Depuis combien de temps lis-tu de la SFFF ?

Il faut remonter à l'âge d'or ! Mes quatorze ans, en gros. Fahrenheit 451 de Bradbury, plein de bouquins de la collection « Grand Angle » (Le Soleil va mourir de Christian Grenier, Opération clik-clak de William Camus...). Plus tard, Dune de Frank Herbert et Le Seigneur des Anneaux de JRR Tolkien. Tout est foutu !


    9. A quel rythme lis-tu ?

Cela dépend des périodes. J'oscille entre boulimie et diète. Cela dépend aussi du bouquin. Parfois, j'aime prendre mon temps.


    10. Que trouves-tu dans nos littératures de genre ?

Pour paraphraser Ursula Le Guin : la vitalité, l'ampleur, la précision de l'imagination, l'aspect ludique, la richesse et la puissance des métaphores.


    11. Partages-tu cette passion avec ton entourage ?

Par partager, si l'on entend refiler des bouquins à lire à d'autres personnes. Oui.


    12. Quelle a été ta première lecture SFFF ? Te souviens-tu de l’occasion qui t’a amené à cette lecture ?

Comme dit plus haut : Fahrenheit 451. Un livre pioché au hasard dans une sélection proposée par le professeur de français au collège. La couverture de l'édition Présence du Futur m'intriguait. Mais, faut croire que j'avais une prédisposition pour la SFFF depuis StarWars, vu sur grand écran à sa sortie, mais aussi à cause de la diffusion de Cosmos 1999 (la première saison) à la télé le samedi. C'était samedi, hein ? Je ne me rappelle plus.


    13. Peux-tu nous décrire un (ou plus) grand souvenir de SFFF ?

Il y en a trop. Et, l'incertitude quantique étant ce qu'elle est, la probabilité qu'elle ne s'effondre en un seul souvenir varie en fonction du moment où je me pose cette question et y répond. Bon, je crains de ne pas faire preuve d'originalité. Le Seigneur des Anneaux que je relis régulièrement, The Years of Rice and Salt de KSR, un incontournable de l'uchronie (assertion non négociable), tout John Varley (la lecture de ses nouvelles et romans devrait être obligatoire) et Lucius Shepard, naturellement.


    14. Quel est le livre qui t’a le plus marqué récemment ? (Répondre sans réfléchir)

Sans réfléchir ? On va dire Quand on eut mangé le dernier chien de Justine Niogret. Facile, je suis en train de le lire et, comme d'hab' avec cette autrice, on est happé sans coup férir par une écriture puissante qui sonne juste. Plus lointainement, Vivonne de Jérôme Leroy. Un grand roman qui permet de toucher du doigt quelque chose auquel je crois beaucoup : si la littérature ne change pas le monde, au moins elle contribue à l'adoucir. Et puis, Prolekult de Wu Ming parce qu'il faut opposer mille histoires alternatives au récit officiel du/des pouvoirs. Enfin, n'oublions pas le génial Héctor de Léo Henry.


    15. Vers quelle étiquette SF, F, ou F, va ta préférence ? Et pourquoi ?

Les étiquettes, c'est plus une commodité qu'autre chose, non ? Bon, je sais qu'elles ont beaucoup d'importance pour certains, mais cela ne m'a jamais vraiment intéressé. Personnellement, c'est plus le sujet abordé ou le nom de l'auteur qui détermine mon choix. L'Histoire, la nature de la réalité, l'utopie, les effets des technosciences sur notre quotidien, tous ces sujets m'intéressent. J'aime beaucoup qu'on me sorte de ma zone de confort. Faut juste que ce soit bien fait.


    16. Comment ont évolué tes goûts entre tes débuts en SFFF et aujourd’hui ?

Je suis un lecteur de SF surtout. Je lisais beaucoup de fantasy auparavant, mais le genre m'ennuie désormais prodigieusement. Je me suis lassé des poncifs et de leur déclinaison badass. Si l'on creuse un peu ce sujet, j'aime bien ce que font Jean-Philippe Jaworski et Stefan Platteau. Mais, il faudrait un éditeur pour tailler dans le gras. Le new-Weird me parle bien aussi. Jeff Vandermeer, China Miéville, K. J. Bishop, Paul Di Filippo, c'est cool.


    17. Quels sont tes auteurs préférés ? Pourquoi ?

Parmi les classiques, Philip K. Dick. Mais aussi, Ray Bradbury, Poul Anderson, Brian Aldiss, John Brunner, Ursula Le Guin et j'en passe. Pour les plus récents, Dan Simmons (il faut bien faire une place à Hyperion, ce reader digest de la SF), John Varley, Lucius Shepard, Iain M. Banks, Roland C. Wagner (il faut lire Rêves de Gloire), Ian McDonald, Léo Henry, Catherine Dufour... Pourquoi ? Sans doute que ces auteurs portent un regard sur l'humain, sur le monde et son devenir, mais aussi sur la littérature qui m'interpelle.


    18. Y a-t-il des livres que tu regrettes d’avoir lu (temps perdu) ?

D’autres que tu aurais regretté de ne pas voir lus ? Des regrets ? Peut-être d'avoir lu Fahrenheit 451 parce que maintenant, je suis à la recherche du temps perdu, celui qu'il me faut pour continuer à découvrir d'autres œuvres/auteurs.


    19. Y a-t-il des auteurs dont tu lis tout (ou voudrais pouvoir tout lire) ?

Même la liste des courses ? Je ne me pose même pas la question.


    20. Vas-tu voir les auteurs sur les salons ? Ramènes-tu des interviews, des photos, des dédicaces ?

Ça m'est arrivé parfois. Pas facile de discuter quand la file d'attente s'allonge. En général, je me contente d'un bref échange et d'une dédicace. Par contre, je ne prise guère l'exercice de l'interview. On ne peut pas tout faire.


    21. Que penses-tu de l’œuvre de Bernard Werber ? Et de celle de Maxime Chattam ?

Werber ? Je ne suis pas trop fan de calinothérapie. Chattam ? C'est le titre de son nouveau roman ?


    22. Tes fournisseurs : librairies, bouquinistes, Internet ?

En librairie, essentiellement. J'ai la chance de trouver cette denrée rare à proximité de mon domicile. J'en profite.


    23. BD, comics, mangas, ou non ?

Je lis et chronique de la BD à l'occasion. Aucune restriction, BD franco-belge, comics ou mangas, tout me va. Comme pour les étiquettes, c'est plus le sujet qui détermine mon choix.


    24. Lis-tu aussi de la littérature « blanche » ? Si oui, qui aimes-tu particulièrement parmi les auteurs étiquetés « blanche » ?

Oui, bien entendu. Pourquoi se priver ? En vrac, Jean Teulé, Lauren Groff, Eric Vuillard, Marguerite Yourcenar, Joseph Heller, Cormac McCarthy... Et plein d'autres.


    25. Tentative de Weltanschauung : qu’aimes-tu comme musique ? Comme cinéma ? Quel est ton loisir favori ? Plutôt matérialiste ou idéaliste ?

J'écoute un peu de tout, mais avec une prédilection pour le post-rock, le trip hop, la new wave et l'americana. On ne dira d'ailleurs jamais assez de bien du vivier de Tucson. Pour le ciné, c'est assez hétéroclite mais avec une constante : je fuis les comédies françaises et les blockbusters. Bref, je n'y vais pas souvent. Mon loisir préféré ? Si on écarte la lecture, il reste les randonnées en bord de mer. Ça tombe bien, j'habite à deux pas. Je suis clairement idéaliste, mais avec une bonne dose de pessimisme. L'Histoire ne m'a pas démentit jusqu'à présent.


    26. As-tu une liseuse ? Quel est ton rapport à la lecture numérique ?

Yep ! Liseuse et livre papier. Le numérique ne me pose aucun problème. C'est une bonne option de désemcombrement et cela laisse de la place dans la bibliothèque pour des éditions plus classieuses.


    27. Quel est ton rapport à Internet ? Connecté depuis longtemps ? Quel est ton rapport aux réseaux sociaux ?

Connecté depuis les débuts, avant l'ADSL. Internet est un outil pratique et les réseaux sociaux un sacré porte-voix. On en fait ce qu'on y apporte, hélas.


    28. As-tu des projets d’écriture de fiction, ou est-ce que tu en as eu par le passé ?

J'écris occasionnellement. Cette année, petite gloire personnelle, j'ai une nouvelle qui a été repêchée pour figurer au sommaire du concurrent de la revue à l'arc-en-ciel. Mais bon, manquant de constance et de discipline, cela reste de l'ordre de l'amusement anecdotique. Et puis, dans un pays où il y a plus d'écrivains que de lecteurs, on ne va pas charger la barque.


    29. Sans y répondre, quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?

Comme je l'ai dit plus haut. Je ne prise guère l'exercice de l'interview, y compris pour moi.


    30. Une dernière chose à dire au lectorat en délire ?

This is the end ?

Commentaires

Soleil vert a dit…
J'ai repéré ta nouvelle, te voilà fiché E (comme écrivain).
Tu as été aussi préfacier.
Bon, je ne t'embêtes pas plus.
Ubik a dit…
Bon, je ne sais toujours pas à qui je dois l'honneur d'être passé sur le grill, mais en tout cas merci. Ce fut une expérience sympathique.

>> Soleil vert. C'est vrai, j'ai oublié. Je te soupçonne de travailler pour une officine secrète de la SFFF.
Herbefol a dit…
Ce qu'il y a de bien avec ces entretiens, c'est qu'on peut rattacher des pseudos. Je découvre donc que Yossarian et Ubik sont une seule et même personne. 😊
Ortiz a dit…
Le blog Yossarian, à travers ses chroniques, sur un ton tantôt poétique, plein d’humour,où nous faisant rêver, permet de mieux comprendre le monde et sa dureté où le pire côtoie le meilleur souvent.
On y a fait de belles découvertes livresques,dans tous les genres.

Merci à lui et à vous.
Li-An a dit…
Je comprends désormais bien des choses.
K2R2 a dit…
Cool, un rassemblement de vieux cafards ;-)
Elle est très bien cette interview.