Articles

Joan D. Vinge, aka. the Space-Opera Queen

Image
Il est des auteurs que l'on qualifie volontiers de "souverains en leur domaine" en raison de l'importance fondatrice, continuatrice ou refondatrice de leur oeuvre dans un champ donné. J'ai déjà eu l'occasion de parler d'un Isaac Asimov qui, en particulier grâce à son Cycle de la Fondation , est considéré comme "empereur de la SF" - titre savoureux dans la mesure où son Cycle de la Fondation est une histoire du déclin et de la chute d'un empire galactique, mais aussi dans la mesure où il n'est pas l'inventeur du space-opera. Leurs oeuvres accèdent alors au statut de classique reconnu en dehors de leur champ d'expertise. Ainsi Fondation et Dune sont-ils connus, au moins de nom, hors du cercle des amateurs de SF. L'inconvénient de la terminologie du "souverain" est qu'il dissimule toute l'importance d'autres auteurs, moins (re)connus mais dont le travail participe à la grandeur d'un genre. C&#

Avatar : ceci n'est pas une critique

Image
Avatar , le film, était à peine sorti qu'il faisait apparaître, dans le grand public, l'une des questions fondamentales de l'exobiologie (nom donné à la science chargée d'étudier d'hypothétiques formes de vie venues d'autres planètes) : une biosphère étrangère telle que celle de Pandora pourrait-elle produire des êtres vivants aussi proches en apparence de l'Être humain que ne le sont les Na'avis ? La question, si elle est pour le moment fort théorique - aucune biosphère étrangère n'ayant été encore identifiée, donc encore moins étudiée - n'est pas pour autant dépourvue d'intérêt. Car elle constitue un angle d'attaque éventuel de la science-fiction, très belle au demeurant, à l'oeuvre dans Avatar . La figure de l'extraterrestre est l'une des plus familières de la SF. Depuis les petits hommes verts jusqu'à l' alien en passant par les BEM (bug-eyed monsters = monstres aux yeux pédonculés), c'est un fait que d

Mettons nos bibliothèques en réseau

Image
Il y a quelques jours, j'ai découvert un outil qui ne manquera pas de m'être précieux. Babelio est un site de réseau social dont la particularité consiste à s'intéresser aux livres. Vous y créez un profil (le bouton que j'ai glissé au début de ce message vous conduit sur le mien) ce qui vous permet d'ouvrir la liste des livres que vous avez dans votre bibliothèque. Si un livre ne figure pas encore dans la base de données, il vous suffit de le créer à l'aide d'un très simple formulaire : vous avez même la possibilité d'ajouter une image de la couverture. Vous avez la possibilité d'enrichir la fiche de chaque livre par votre propre contenu : résumé, critique... qui viennent s'ajouter au contenu créé par les autres utilisateurs. Vous coexistez en effet sur la base de données avec d'autres personnes avec lesquelles vous pouvez interragir par messages publics ou privés : cette interaction vous permet entre autres d'accéder à leurs pro

Les Chèvres du Pentagone

Le paranormal est l'un des ressorts de fiction parmi les mieux connus du grand public : le "plus qu'humain", avec l'"autre qu'humain", reste l'une des plus fécondes des hypothèses de l'imaginaire, que ce soit en littérature ou en cinéma. De nos jours, les hypothèses de fiction liées au paranormal sont soutenues par une abondante production (ce qui contribue à en faire un champ très bien exploité) mais aussi par toute une contre-culture de masse apparue dans les années 1970. La vogue de la "sapience venue de l'Orient" et du "new age" frappe en effet à cette époque. Un nombre non déterminable mais sans doute impressionnant de personnes emprunte alors les " chemins de Katmandou " (pour reprendre le titre du roman de René Barjavel), armées en tout et pour tout d'une guitare et de quelques joints de hasch... Bien souvent, et dans le meilleur des cas, le chemin s'arrêtait à la première douane, voire au pre

L'aède et la scénariste : réinterprétations

Image
Il y a quelques années de cela, en me livrant à l'un de mes passe-temps favoris (à savoir, la récolte de nouvelles pièces destinées à garnir les rayons de la Grande Bibliothèque), j'étais tombé sur le tome 1 de la série de BD Le dernier troyen . La couverture m'avait alléché car j'avais aussitôt remarqué les casques grecs associés à des éléments plus futuristes. A la lecture du volume, j'avais découvert une série très prometteuse, associant les mythes grecs avec des thèmes futuristes, ce qui n'était pas sans me rappeler le célèbre dessin animé Ulysse 31 (dont je suis, au passage, un fan inconditionnel même si je dois reconnaître qu'il n'a peut-être pas très bien vieilli). Le dernier troyen s'inscrit dans l'univers des Chroniques de l'Antiquité Galactique , où la scénariste (Valérie Mangin) avait déjà entamé une première série, Le fléau des dieux , racontant l'histoire du déclin et de la chute de l'Orbis romain galactique dans un co

Récolte du 13 Mars 2010

Image
Les rayons de la Grande Bibliothèque se chargent de nouveautés... En SF : Richard Morgan, Furies déchaînées (troisième opus de la série Carbone modifié ). Le début de la série s'étant révélé très prometteur, j'ai décidé de la poursuivre jusqu'au bout. Il y a quelque chose dans cet univers qui m'évoque celui de Cat le Psion écrit par Joan D. Vinge (auteur dont je vais parler un jour ou l'autre). Corinne Guitteaud, Aquatica . Cela donne l'impression d'être un planet/space opera plutôt bien écrit, premier tome d'une série nommée La trilogie atlante . Au défilement des pages, j'y ai repéré le nom de Väinämöinen , ce qui suggère que la mythologie finnoise ferait partie des sources de l'auteur. Toutes raisons suffisantes pour lui laisser sa chance. En BD/manga : Valérie Mangin, La guerre des dieux : de bruit et de fureur (tome 1 d'une nouvelle série dans l'univers des Chroniques de l'Antiquité gal

Millenium, tome 1

Image
Une fois n'est pas coutume : j'ai plusieurs livres sous le coude en même temps. En particulier, j'ai décidé de me lancer (enfin) dans la série des Millenium. Mes impressions à la fin du premier tome...

Borges, ou le Soleil nocturne de l'imaginaire fantastique

Image
La mystique mésoaméricaine ancienne se caractérise par le concept dualiste selon lequel tout principe admet un contraire. Les contraires s'équivalent et s'identifient en un tout. C'est une pensée différente de la nôtre en ce sens que le principe contraire doit être défini et voire même représenté s'il n'a pas d'existence sensible. Ainsi, à l'astre solaire correspond un principe diurne, ce qui implique l'existence d'un principe nocturne contraire. Si l'aigle est associé à l'aspect diurne de l'astre solaire, le jaguar est quant à lui associé à son aspect nocturne. Jorge Luis Borges est un auteur argentin du vingtième siècle. Il n'est pas mexicain et on ne saurait donc le relier aux traditions mésoaméricaines dualistes, ni par son éducation primordiale, ni même par son héritage culturel lointain. Ceci étant dit, la littérature de Borges est foisonnante ainsi que l'art précolombien, et riche d'une étrange vitalité. Maître d

"La rafle"

Image
Les faits de la rafle parisienne de Juillet 1942 sont connus : la police française, aux ordres du régime collaborationniste de Vichy, a rassemblé des milliers de juifs au Vélodrôme d'Hiver, prélude à leur déportation vers les camps de la mort d'où presque aucun n'est revenu. Parmi ces gens, des centaines d'enfants qui n'avaient pas été réclamés par l'occupant : les dirigeants de Vichy avaient choisi d'aller plus loin qu'il ne leur était demandé, dans l'espoir peut-être de s'attirer les bonnes grâces de Hitler. Les faits sont têtus et ceux-ci le sont d'autant plus qu'il est difficile de les appréhender : d'un côté, un calcul politique effroyable, de l'autre, les victimes de ce calcul qui furent sans doute nombreuses à, pour reprendre les mots de Georges Perec dans W ou le souvenir d'enfance , être mortes "sans avoir compris". La rafle s'ouvre sur un avertissement : les faits décrits, et y compris les plus

Au découvreur de "Tlön", les explorateurs des mondes imaginaires reconnaissants...

Image
Après plusieurs jours de silence, je vais reprendre la publication de mes articles sur les littératures d'imagination. Je vais m'intéresser bientôt à l'un des piliers de la littérature fantastique, à savoir : l'écrivain argentin Jorge Luis Borges. Montrez-vous attentifs dans les jours à venir !

La première fiction

Image
On pourrait presque dire que le mythe de l'Atlantide raconté par Platon dans est l'argument de la première histoire de SF jamais écrite. Dans le mythe platonicien, l'Atlantide est une île située au-delà du détroit de Gibraltar, gouvernée par des rois dont la capitale est cernée de remparts et de canaux. Selon Platon, l'Atlantide aurait fait la guerre à la Cité d'Athènes avant d'être vaincue, puis plus tard submergée en un jour et une nuit, donnant ainsi son nom à l'Océan Atlantique. Le mythe a rencontré un tel succès qu'il a été repris sous différentes formes, dont certaines réinterprétées (si l'on pense par exemple à la légende de la ville d'Ys), et ce jusqu'à l'époque actuelle. On parle d'Atlantides (au pluriel) dans un nombre considérable de publications de fiction. Parfois même dans des publications qui ne sont pas de la fiction. Et parfois encore, dans ce même cas, dans des publications sérieuses. Mais c'est encore plus

Pilier de l'Âge d'Or

Image
Il fut un temps où l'un des "visages" de Fondation , en France - ou en tout cas, de l'une de ses éditions de poche - était celui de cette couverture, celle du premier tome de la série. Si je l'ai choisie comme illustration, c'est pour deux raisons. La première est affective car c'est ce livre que j'ai tenu en mains lorsque j'ai découvert Fondation , un an après Dune . La deuxième est qu'elle résume à merveille l'intrigue des premiers développements de la série, ce qui devrait vous apparaître évident si vous connaissez l'univers, ou quand vous le connaîtrez. Fondation est, tout comme Dune , un livre univers. C'est aussi un space-opera. Son argument initial est aussi celui de la perception de l'avenir par certains être humains. Néanmoins, les ressemblances s'arrêtent là tant l'histoire racontée, le style de narration, le parti-pris de chaque auteur et enfin l'époque de publication diffèrent. Commençons par ce d