Aldébaran tome 5

Avec cette chronique, me voici au terme du voyage à travers Aldébaran, le premier cycle des Mondes d'Aldébaran de Leo !
Résumé : 
Le voyage vers le point de rendez-vous avec la mantrisse tourne mal : un crash en dirigeable au beau milieu des grands marécages d'Aldébaran oblige le petit groupe conduit par Alexa et Driss à traverser la région la plus dangereuse de la planète. Les prédateurs se sont passés le mot : Ling Li, qui n'était déjà pas la mieux armée pour cette équipée, sera la première à faire dans sa chair l'expérience du péril. Et voici que bientôt Marc et Kim sont séparés du gros de la troupe... Arriveront-ils jusqu'à la mantrisse ? Et même s'ils parviennent à survivre aux marécages, quel piège le gouvernement d'Aldébaran leur réserve-t-il encore ?
Nouveau récit de voyage, comme c'était le cas dans les deux premiers tomes de la série, où Marc et Kim se trouvent isolés du monde - mais sont menacés par une faune bien plus hostile que celle qu'ils connaissent par ailleurs, les grands marécages formant un écosystème assez différent où la lutte pour la vie est féroce - et où les prédateurs de grande taille abondent la nuit comme le jour, tout disposés à mettre de l'humain au menu ! Pour la première fois, Marc évoque la peur la plus primordiale qui soit - celle d'être dévoré - que l'être humain tente depuis la nuit des temps d'écarter par différents artifices. Les grands marécages, propices aux terreurs nocturnes, semblent se trouver très au-delà des frontières de toute influence humaine, si bien que le feu lui-même se révèle être une protection toute symbolique. Aldébaran reste toutefois une planète plus indolente que la Terre : pour peu que l'on connaisse un tant soit peu sa biosphère, il est possible d'y survivre y compris là où sa faune est la plus dangereuse... et ce n'est sans doute pas un hasard si c'est Alexa - super-héroïque à nouveau ! - qui vient tirer d'affaire Marc, Kim et Li. Le véritable super-pouvoir de la biologiste âgée de plus de cent trente ans ne serait-il pas celui d'avoir trouvé comment coexister avec cette faune étonnante ?

Ce n'est pourtant pas d'Alexa ni de Driss que viendra la résolution finale des deux axes d'intrigue... La mantrisse, qui est la créature extraterrestre métamorphe ayant augmenté la durée de vie des deux derniers terriens d'Aldébaran, s'affirme vers la fin de l'album comme un personnage capital. Elle choisit ses élus, en leur accordant une vie plus longue et une compréhension d'ordre supérieur - et compense en quelque sorte le tort fait jadis à Marc et à Kim en leur offrant en premier ses gélules - mais elle tranche aussi le nœud gordien que représente la dictature à laquelle s'opposent les membres du groupe d'Alexa et de Driss. Une fois de plus, la mantrisse ne fait pas dans la dentelle : bien qu'intelligente - et issue d'une civilisation technique ou peut-être juste associée à elle - cette créature manifeste un comportement inquiétant à travers lequel transparaît une perspective étrangère à l'esprit humain. Comment comprendre cette perspective ? Si ce premier cycle montre qu'une coopération est possible avec la mantrisse, Leo réserve la question de la faisabilité d'une compréhension à un cycle nouveau - et donc à une autre histoire.

Aldébaran se révèle donc une très belle introduction à cette série de SF humaniste. Si par moments le propos de Leo se fait moralisateur voire lourdingue - ah ! les histoires de cœur et de cul de Marc... - il n'en reste pas moins que ces moments sont plutôt rares et ne sont pas de nature à gêner le lecteur dans son exploration d'un univers par ailleurs si original et si fascinant... Bravo !

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