Übel Blatt tome 5

Dans le volume précédent de la série Übel Blatt que je rétro-chronique en ce moment, l'anti-héros Köinzell accomplissait son premier but en éliminant le premier de ses sept ennemis déclarés... Qu'est-ce que l'auteur nous réservait pour le tome 5 de ce manga ?
Résumé : 
Le Comte Barrestar est l'un des Sept Héros. Il a pris de plein fouet la nouvelle terrible de l'assassinat de Schtemwölech, l'un de ses compagnons dans la guerre d'il y a vingt ans, et bascule à présent dans la pire des paranoïas. Il voit partout des assassins et son armée, chargée d'identifier puis d'éliminer le "rebelle tueur de héros", se fait de plus en plus oppressive y compris à l'intérieur des murs de la ville libre de Jullas-Abllas. Köinzell parviendra-t-il à se frayer un chemin jusqu'à Barrestar ? Il se pourrait que sa quête se fasse plus difficile alors que le Marquis Glenn a commencé à rassembler des informations sur lui : déjà, il a envoyé quatre de ses chevaliers fidèles à ses trousses...
La scène d'ouverture, incluant un flashback de Barrestar, est l'occasion pour le lecteur de découvrir un peu mieux ce Saint-Empire romain germanique fantasmatique où se déroule donc l'intrigue d'Übel Blatt. On fait connaissance plus étroite avec les six survivants des Sept Héros ; on découvre le visage de l'Empereur - à qui seules des fleurs dans la barbe font défaut pour ne pas évoquer tout à fait Charlemagne ! - et l'on se rend compte que parmi les Sept Héros Glenn s'annonce d'ores et déjà comme le leader, mais que cette position n'est pas tout à fait acceptée de chacun. Le groupe des traîtres est donc d'ores et déjà présenté comme hétérogène et Glenn est désigné comme "boss final" - soit donc bel et bien comme le dernier ennemi que Köinzell devra éliminer.

Après un épisode chargé en action, le tome 5 se révèle (un peu) plus contemplatif : Köinzell a récupéré de sa bataille dantesque, il se prépare à entreprendre la suivante et va devoir trouver une façon d'accéder à Barrestar. La paranoïa de celui-ci va compliquer les choses, d'autant plus que les sbires de Glenn vont eux-mêmes tout faire pour l'arrêter : à cette occasion, Köinzell se découvrira mis en danger, mais aussi protégé par l'une de ses alliées qui témoignera d'une impressionnante loyauté à son égard. C'est à ce stade que l'anti-héros semble prendre conscience de ce que sa quête va au-delà de la seule vengeance : les gens qui sont au courant de ses motivations embrassent alors sa cause et se révèlent prêts à sacrifier leurs vies avec autant d'abnégation que lui. Par la force des choses, Köinzell devient un leader. C'est une position qu'il avait déjà occupée lors de son épopée vingt ans plus tôt, et qu'il va retrouver de mauvaise grâce : le temps a passé, il a subi les affres de la trahison, et il ne désire pas faire autre chose que se venger... mais voilà que la dévotion des autres s'impose à lui, et vient contredire son statut d'anti-héros !

Dans sa démonstration, l'auteur va lui opposer des personnages tout aussi fidèles à leur système de pensée que lui : apparaissent ainsi deux nouveaux antagonistes, à commencer par le chevalier-esclave Ikfes, mais aussi le chevalier de l'ordre des sept lances Elsaria, fille par ailleurs d'un prince-électeur de l'Empire. Tous deux sont au service de Glenn, qui semble à nouveau capable d'attirer à lui de fortes individualités associées à de vrais talents : on ne peut que se régaler à l'idée de voir Köinzell s'opposer contraint et forcé à des individus partageant avec lui certaines convictions, mais les mettant au service de ses ennemis. Voilà qui promet de pimenter l'intrigue d'Übel Blatt, laquelle risquerait sinon de se résumer à un voyage plus ou moins sanguinaire d'une cible à l'autre : un jeu vidéo, en quelque sorte, avec une série d'adversaires à éliminer à chaque niveau avant de passer au suivant. La solidité de l'oeuvre se renforce encore... tout comme l'intérêt que le lecteur lui porte !

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