Thorgal tome 32

Thorgal est l'un de ces monuments de la BD franco-belge que l'on n'a pas le droit de ne pas connaître de nom, à l'ultime minimum, hein. Le mieux est d'en avoir encore lu un ou deux albums. Par la grâce d'un oncle bédéphile à la bibliothèque bien remplie, j'ai pu découvrir cette BD dans la deuxième moitié de mon adolescence, et je dois dire qu'elle m'a bien comblé. Est-ce de la SF ? On y trouve des vaisseaux spatiaux, des machines, des voyageurs temporels et des extraterrestres qui sont en fait des exilés de l'Atlantide. Est-ce de la fantasy ? On y trouve des créatures de la mythologie nordique et entre autres les dieux d'Asgard, des magiciens et autres sorciers, des enchantements et des quêtes. Est-ce de la fiction historique ? Cela se passe en effet dans un Haut Moyen-Âge fantasmé, entre épopées vikings, Europe en ruines peu de siècles après l'effondrement de la civilisation romaine, splendeur fantomatique de l'empire byzantin et mystères foisonnants et sanglants de l'Amérique centrale (que les vikings ont peut-être découverte, six cents ans avant Cortès). Pourtant, c'est avant tout l'histoire d'un homme qui voudrait bien pouvoir mener la vie que mènent tous les autres, mais dont l'origine a fait en sorte que son destin ne s'insère pas dans celui du monde où il vit. Thorgal, qui a grandi parmi les vikings, sera pourchassé par son destin où qu'il ira s'installer, seul d'abord, puis en compagnie de sa famille...

Résumé :
Les magiciens rouges ont enlevé Aniel, le fils que Thorgal a eu avec Kriss de Valnor. Aaricia, qui est la légitime de Thorgal, a promis à Kriss de veiller sur son fils et donc, en toute logique, c'est Thorgal qui s'y colle pour partir à la poursuite des magiciens rouges. Sa route l'emmènera sur la route commerciale de l'Est, celle qui mène jusqu'à Bag Dadh où, paraît-il, se trouve le coeur de la confrérie de la Magie Rouge. Mais pour cela, il devra traverser les terres du Nord, dangereuses et gelées... Trouvera-t-il de l'aide sur sa route ? Pendant ce temps, Jolan est toujours au service du demi-dieu Manthor. Celui-ci a juré de rendre son immortalité à sa mère, chassée jadis d'Asgard pour avoir frayé avec un mortel (qui n'était autre que le doyen de la confrérie des magiciens rouges). Pour cela, il faut que Jolan (aîné de Thorgal) s'empare d'une pomme d'immortalité qui ne pousse que dans le verger d'une déesse d'Asgard. Le vol du bouclier de Thor dans l'aventure précédente va prendre tout son sens et Jolan, à la tête d'une armée de poupées, va devoir envahir Asgard. Rien de moins. Mais sur sa route, Jolan va croiser le dieu-démon Loki, fourbe et lâche. Pourra-t-il mener à bien sa mission ?
Comme toujours avec un Thorgal, on tient ici une réalisation graphique parfaite. Le dessin est toujours magnifique. La conception de l'histoire est un savant mélange d'action et de scènes plus tranquilles, avec des morceaux de bravoure et d'autres plus sentimentaux. Néanmoins, on perçoit tout de même assez vite les faiblesses de cet album. L'intrigue tournant autour de Thorgal fait assez réchauffée car ce n'est pas la première fois que des sales types enlèvent l'un de ses gosses, et sa quête pour le retrouver n'est pas sans évoquer les tout premiers albums de la série. En d'autres termes, le héros est fatigué, à moins que ce ne soit le scénariste (qui a pourtant changé depuis quelques albums), et il est de plus en plus clair que le vrai personnage principal, maintenant, c'est Jolan et nul autre. Jolan au sujet duquel, au terme de cet album qui semble clore un cycle dans la saga (celui de L'Armée qui vit), je me pose une question : a-t-il oui ou non perdu son pucelage avec la belle déesse ? Tant qu'à nous allécher d'allusions, les bédéastes auraient pu être conclusifs sur ce point.

Faiblesses de l'album, vous dis-je : c'est dommage de n'en retenir que ce détail tout de même un peu trivial. On se doute cependant que la quête de Thorgal ne va pas se faire toute seule, et l'on s'attend à ce que dans le prochain album Jolan obtienne de son maître le droit d'aller donner un coup de main à son "pôpa". Et puis cela éviterait que les bédéastes nous remmènent faire un tour dans Asgard une fois de plus, parce que je commence à trouver que l'on y entre un peu comme dans un moulin... Peut-être que la nouvelle quête de Jolan pourrait aussi impliquer ses anciens concurrents et désormais potes (très absents de cet album). Avec, qui sait, la formation d'une équipe comparable à celle qui avait fait le bonheur du cycle du Pays Qâ, cycle restant à mon sens l'un des plus aboutis de la série. Voilà qui serait une bonne idée...

Commentaires

Ferocias a dit…
Il y a un cycle précolombien intéressant dans Thorgal.
Anudar a dit…
Oui, le cycle du "Pays Qâ", que j'ai trouvé moi aussi très intéressant. Je dirais même que c'est l'un des meilleurs moments de la série. Avec d'autres albums, quand même, hein.
Guillmot a dit…
Je suis un peu à la traine dans les Thorgal (y'en a un pavé maintenant !), je dirais science-fantasy pour le genre.
Anudar a dit…
Pavé, c'est le mot ! Et science-fantasy, je trouve que ça correspond bien...
Guillmot a dit…
En plus le terme se perd un peu en ce moment, mais une antho science-fantasy va bientôt sortir. Et puis je joue à un jeu de space-fantasy, dans le même genre ;)
Anudar a dit…
Ton jeu de space-fantasy, ça ne serait pas Warhammer 40k, par hasard :P ?
Guillmot a dit…
Oui voilà, on peut dire aussi que dans une certaine mesure Starcraft est aussi du space fantasy d'ailleurs :)