L'Enfant-Mémoire

Un petit roman de space-op' jeune public, récolté aux Utopiales et dédicacé par Danielle Martinigol. La co-auteure est une (ancienne, je crois) collègue de lettres dont j'ai déjà eu l'occasion de chroniquer ici des oeuvres jeune public. Lesquelles m'ont, dans l'ensemble, plutôt convaincu - façon de dire que je n'hésiterais pas, le cas échéant, à en faire bénéficier d'éventuels jeunes lecteurs.

Résumé :
Nunzia est une jeune terrienne qui, à cause d'une promotion reçue par son père, doit quitter son monde natal et ses amis au bénéfice de la planète du savoir, Universelia, un monde recouvert de bibliothèques et de savants. La perspective ne lui plaît guère - jusqu'à ce qu'à bord du vaisseau qui les emmène, elle fasse la connaissance d'O'KrYn, un garçon orionis de son âge. O'KrYn n'est pas n'importe qui : pour son peuple, il est l'Enfant-Mémoire, celui qui a pour fonction de découvrir la prochaine destination des Orionis, migrateurs de l'espace dirigés par une théocratie mystique... Pourquoi, dans ces conditions, aurait-il besoin de visiter lui aussi Universelia ?
Les lecteurs attentifs de mon blog savent, depuis que j'ai chroniqué Let the Word take Me, nouvelle parue dans un numéro d'Analog, le faible que j'ai pour les histoires de rencontre entre un jeune humain et un juvénile extraterrestre. En d'autres termes, si lorsque j'ai rencontré Danielle Martinigol aux Utopiales il n'y avait eu que ce livre de disponible, je l'aurais de toute façon pris. Dans ce contexte, les auteurs (que j'ai déjà croisés tous les deux sur le papier) nous présentent une jeune fille humaine ordinaire (autant que possible) qui est confrontée à rien de moins qu'un prophète extraterrestre. Choc des cultures et des extractions. L'étrangeté de O'KrYn est fort bien rendue et, somme toute, le moins dérangeant pour le jeune public, ça pourrait bien être ses yeux de chat - qui me rappellent ceux de Cat, le personnage de télépathe hybride inventé par Joan D. Vinge.

La relation entre Nunzia et O'KrYn est traitée sur un mode léger. C'est ici la fille qui est présentée comme orientée vers l'action, alors que le garçon, lui, penche plutôt vers la contemplation. Discrète remise de pendules à l'heure : les rôles sociaux ne sont que des rôles, c'est-à-dire du théâtre, et pas de la biologie. C'est avec un certain naturel, et même avec respect pour les personnages, que cette relation, d'abord amicale, évolue ensuite vers d'autres sentiments. C'est crédible et dans l'ensemble, cela signe un texte qui devrait parler à plus d'un jeune lecteur : pour moi, le contrat est sans nul doute rempli, bravo !

L'illustration de couverture est l'oeuvre de Manchu. Notez qu'il existe, à l'intérieur du livre, d'autres illustrations, plutôt réussies, dont le style me dit quelque chose sans pour autant que j'aie réussi à en identifier l'auteur...

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