Méta-Baron tome 5 : Rina la Méta-Gardienne

Ouverture d'un nouveau cycle dans la série Méta-Baron avec ce tome qui fait suite à un album que j'avais trouvé des plus réussis... et donc nouvelle plongée dans l'Incaliverse pour mon blog !
Résumé : 
L'univers d'origine du Méta-Baron est en cours d'autodestruction : l'avidité de l'Eglise techno a consumé toute son épyphite, cette huile sacrée qui rend le voyage spatial possible mais qui constitue aussi le liant de l'espace-temps. Suivant les indications laissées jadis derrière lui par son ancêtre Othon, le Méta-Baron franchit le portail qui le conduit dans un univers parallèle sur Algoma, une planète où toute matière est imprégnée d'épyphite. Le voyage n'a pas été de tout repos : sur le point de se noyer dans l'épyphite, il a dû renoncer à son méta-bras droit et s'est vu privé de tout équipement hormis une nano-sphère contenant les données lui permettant de construire un nouveau méta-bunker. L'arrivée n'est pas plus reposante que le voyage : le voici... contraint à faire sa soumission aux indigènes d'Algoma, et conduit devant une femme qui n'est autre que la Méta-Gardienne Rina - un avatar de ce que lui et les membres de sa lignée auraient dû être dans son propre univers. Est-ce pour le Méta-Baron le signe qu'il faut une bonne fois pour toutes renoncer à ses façons ? Ou bien n'est-ce que la promesse de nouveaux choix impossibles à faire ?
Les univers parallèles ne sont pas tout à fait inconnus dans l'univers où évolue le Méta-Baron : d'une certaine façon, chaque série de l'Incaliverse peut s'interpréter comme la reprise de thèmes déjà évoqués dans un contexte quelque peu différent. Jodorowsky est connu pour goûter à la réinterprétation, à la réécriture et donc à la redécouverte : en ce sens, le chemin que les auteurs de cet album font emprunter au Méta-Baron n'a rien d'inattendu. Nouveau cycle, nouvel univers, nouvelles confrontations et nouvelles tragédies : le schéma du destin reste le même pour le Méta-Baron, qui n'a pas beaucoup de temps à lui pour savoir comment, au juste, il pourrait s'en échapper. Une fois de plus, l'irruption des rapaces Technos va le contraindre à emprunter la route qu'il avait juré de quitter : celle de la vengeance qui, après la perte la plus douloureuse, conduit à la furie meurtrière. Jamais jusqu'à présent le destin du personnage ne m'avait semblé aussi contraint que dans cette ultime et très belle page de l'album.

Une bonne histoire du Méta-Baron n'existerait pas sans ses personnages secondaires. Les habitués de la série seront surpris de voir ici le fidèle robot Tonto pour ainsi dire absent (au sens où : il est là, mais il n'est pas là) des pages de cet album dont il est malgré tout le narrateur. Le méta-bunker, qui a fini par acquérir une personnalité propre, a lui aussi disparu : très peu de repères anciens dans cette histoire, et ce d'autant plus que les personnages secondaires introduits au début de cette série en sont eux-mêmes quasi absents. Orne-8, la fille cachée du précédent Techno-Pape qui se dissimulait derrière un déguisement d'homme avant de séduire le Méta-Baron, a pris la tête d'une armada et désire mettre la main sur les richesses d'Algoma - mais au fond, désire-t-elle saisir l'épyphite ou bien veut-elle capturer son amant qui est aussi le père de l'enfant qu'elle portait ? Quand à l'éponyme Rina, qui assez vite s'impose comme nouvel intérêt sentimental du Méta-Baron, elle adopte - contrainte par les circonstances - une politique assez semblable à celle qui avait amené les ancêtres de son avatar à devenir des méta-guerriers plutôt que des méta-gardiens comme elle. Façon pour les auteurs de signifier que l'on n'échappe jamais à son destin ? Quoi qu'il en soit, c'est à ma connaissance la première fois qu'un Méta-Baron se voit ainsi partagé entre deux amours impossibles : je suis certain que les auteurs ont prévu d'en tirer quelque chose pour l'avenir.

Sans être exceptionnel, cet album parvient à ne pas décevoir suite au précédent : on pourra dire sans aucune arrière-pensée que le contrat est rempli...

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