The Umbrella Academy saison 2

Il y a un an et demi, je parlais ici de The Umbrella Academy : une série autour d'une famille recomposée de super-héros tous plus névrosés les uns que les autres... La seconde saison en étant désormais disponible, il était inévitable que je m'intéresse à la suite de ce spectacle que j'avais trouvé fort plaisant !
Résumé : 
Malgré tous leurs efforts, les membres de l'Académie n'ont pas su empêcher l'apocalypse - et pour éviter le pire, Numéro Cinq n'a pas le choix : il doit entreprendre un nouveau voyage dans le temps. Cette fois-ci, ses frères et sœurs vont l'accompagner vers le passé... mais comme il ne maîtrise pas tout à fait ses pouvoirs, c'est en ordre dispersé qu'ils vont débarquer à Dallas, plusieurs décennies avant l'année 2019 ! Arrivés sous le regard attentif d'un amateur de paranormal et d'abord séparés par le temps, ils vont tous tenter de s'insérer dans cette époque inconnue où JFK est encore Président. La Directrice n'a pas désarmé : bien qu'évincée du sommet de la Commission, elle est déterminée à mettre la main sur Numéro Cinq pour reprendre le pouvoir... et pour arriver à Numéro Cinq, il faudra peut-être en passer par ses frères et sœurs. Or ceux-ci commencent à construire de nouvelles vies... Alors qu'une nouvelle apocalypse est annoncée - en forme de guerre thermonucléaire celle-ci - Numéro Cinq réussira-t-il à rassembler sa famille à temps ?
Le début des années 60 est peut-être l'apogée des peurs nucléaires : marqué par la crise des missiles de Cuba et d'autres incidents où le destin du monde aurait pu déraper, il est ponctué par la disparition des "deux K" de l'échiquier. Kennedy - assassiné à Dallas un 22/11/63 - et Khrouchtchev - évincé de ses fonctions le 14/10/64 - ont contribué, par leur dialogue tendu, à construire un monde peut-être plus apaisé où il était possible d'envisager une coexistence pacifique entre les deux blocs. Le fait est que si d'autres époques de tension internationale existèrent ensuite, même la crise des euromissiles vingt ans plus tard n'a pas semblé conduire le monde aussi près du gouffre que celle de 1962.

L'apocalypse dont Numéro Cinq témoigne cette fois-ci s'insère donc à un moment inattendu, au tout début de la détente amorcée par les "deux K" : l'invasion soviétique à Dallas, couronnée par des explosions atomiques, montre que quelque chose a très mal tourné dans un passé récent de cette version alternative de l'année 1963. Les arrivées des membres de l'Académie Umbrella, qui s’égrènent dans un passé récent, sont à coup sûr liées au déclenchement de la guerre : l'insertion de leurs actes en forme de corps étrangers dans la trame historique explique à elle seule ce déraillement majeur. Aucun en effet n'a sa place à cette époque, même si chacun trouve un rôle à y jouer : d'Allison (ralliée au mouvement des droits civiques) à Vanya (recueillie par une femme au foyer malheureuse dans son mariage) en passant par Klaus (gourou de secte), Luther (garde du corps d'une crapule) et Diego (encore et toujours piégé dans sa posture d'émule peu brillant de Batman), les membres de l'Académie vont tous agir sans se demander un seul instant quelles conséquences leurs faits et gestes auront sur l'Histoire dont ils gardent le souvenir. La première saison avait montré à quel point ces super-héros étaient super-névrosés : la deuxième révèle toute leur super-incompétence, et achève donc de cimenter leur profonde humanité, sans oublier de le faire de façon hilarante par moments.

Un bon spectacle de super-héros requiert, pour sa réussite, que soient opposés au personnage ou à l'équipe des antagonistes redoutables. A nouveau, la mystérieuse Commission vient endosser une partie de cette responsabilité : la Directrice - portée pour morte au terme de la première saison - n'a tout compte fait pas tiré sa révérence... et elle tolère assez mal que son influence puisse être remise en question à la faveur de sa convalescence. On le sait, un conflit au sein d'une organisation maîtrisant le voyage temporel est la plus sûre façon de déclencher des catastrophes : ici, la Commission va donc être confrontée ni plus ni moins qu'à un coup d'Etat et donc à la prise de pouvoir d'une faction nihiliste et autocratique, déterminée à imposer son pouvoir à toutes les époques de l'humanité jusqu'à son extinction. Ce péril n'est pourtant pas le seul auquel va se confronter l'Académie Umbrella : Reginald Hargreeves, le milliardaire excentrique ayant rassemblé ses membres dans les années 1990, est déjà présent en 1963 et ses activités un certain 22 novembre semblent assez troublantes aux yeux de ceux qui connaissent l'Histoire... Au fond, qui est-il, cet individu dont une étrange séquence de la saison précédente semblait suggérer qu'il était venu sur Terre depuis une autre planète vers la fin du XIXème siècle ? Et qui sont ses alliés dont l'un, fumant comme un pompier, donne l'impression d'être tout droit sorti des X-Files ? Le spectateur comprend au bout de quelques épisodes que ce mystère-là ne sera pas l'objet de cette saison, mais d'une prochaine : il faudra se satisfaire de quelques séquences - dispersées ici ou là - pour faire le lien entre ce que l'on sait déjà, ce que l'on devine... et ce que l'on ignore encore.

Plus drôle que la précédente, plus efficace peut-être dans sa conclusion - puisqu'au fond il s'agit de comprendre que la Commission ne sera sans doute plus une menace à l'avenir - cette seconde saison atteint tous ses objectifs, et même au-delà !

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