L'Arche spatiale tome 3 - Reines sous un soleil lointain - Peter F. Hamilton

Suite et fin de la trilogie de L'Arche spatiale, space-opera signé Peter F. Hamilton où l'auteur britannique se montre - disons... - différent de ce qu'il est à l'accoutumée.
Résumé :
Hazel et ses amis ont remporté un succès important contre les Yis - dont ils ont identifié le repaire principal - mais il faut à présent mettre la population humaine du Daedalus à l'abri dans les sections de l'arrière, sous la protection des IA non subverties par les reines-cerveaux extraterrestres. Mais cette parade ne sera que temporaire et pour Josephine, dernier membre de l'équipage d'origine encore en vie et désormais plus androïde qu'humaine, il faut envisager une solution définitive plus audacieuse : éliminer les reines-cerveaux d'un seul coup, en les purgeant de la partie maritime de l'habitat grâce à une bombe à antimatière. Hazel, descendante lointaine du Capitaine, comprend l'urgence : le Daedalus déjà endommagé s'éloigne de sa destination finale... Les Yis n'ont cependant pas baissé les armes : cette fois-ci, c'est une lutte à mort qui s'engage... une lutte pour le Daedalus, mais aussi pour le nouveau monde promis à l'humanité !
Peter F. Hamilton n'est pas connu a priori comme un auteur jeune public. Cependant, L'Arche spatiale répond assez à certains critères du genre pour mériter selon moi d'y être classée. Des personnages capitaux plutôt jeunes, des concepts faciles à intégrer, un argument lié à une conflictualité ainsi qu'un soupçon de romance : voici des éléments volontiers mis en avant par la littérature jeune public, de Harry Potter à Hunger Games... L'auteur pousse ici la logique à son terme : Hazel, archétype de personnage que le destin arrache à sa vie paisible en raison de son héritage, finit par assumer son rang de Capitaine du Daedalus et endosse les responsabilités afférentes avec inconfort mais aussi succès. Face aux problèmes sans cesse multipliés qui lui tombent dessus, Hazel parvient à ne pas perdre son calme ou sa raison et sélectionne avec soin les meilleures options - soit donc, celles qui lui permettent de garantir le succès de la mission qui lui est échue. Le message est clair : l'espèce humaine est formée d'individus dont la coopération est indispensable pour en garantir la perpétuation... et l'accomplissement des grands objectifs. La question politique est cependant traitée avec une certaine légèreté : le débat est nécessaire, au sein des sociétés humaines, à la prise de décision collective. Or ici et compte-tenu de l'urgence le débat est soit inexistant, soit remis à plus tard : il est facile pour Hazel de s'appuyer sur des IA dont le rôle est de lui offrir un panel de solutions - et on le sait, la présentation peut influencer le choix final... Mais ces IA, sont-elles tout à fait sincères dans leurs propres intentions ?
 
Les antagonistes - soit donc, l'esprit de la ruche formé par les "reines-cerveaux" yis - sont répugnants et bien trop différents pour qu'une coexistence puisse être envisageable avec eux : de ce fait, leur élimination coûte que coûte est envisagée comme indispensable à toute poursuite du voyage. Il est certain que les concepts que décrit Hamilton contraignent en quelque sorte ses personnages à ce type de choix : finies, les bonnes intentions des voyageurs qui avaient embarqué les Yis à bord du Daedalus afin de les conduire avec eux au nouveau monde ! La nature biologique de ces extraterrestres était révélée dans les deux précédents tomes : le moment est venu de mieux comprendre leur psychologie et leur mode de pensée. On découvre donc les reines-cerveaux toujours plus manipulatrices, et l'on comprend enfin les raisons qui les ont conduites à produire la société truquée de laquelle Hazel s'est échappée. Les Yis agissent sans connaître les concepts de pitié ou de coopération mais ne reculent devant aucune opportunité d'améliorer leur position, ce qui en fait des ennemis d'une extrême dangerosité : n'ont-ils pas été capables de comprendre que, pour améliorer leur contrôle des humains survivants du Daedalus, il fallait en recourir au labeur incessant et à la religion ? Cependant, c'est ici que la trilogie développe une nouvelle faiblesse : comment au juste ont-ils réussi à instaurer la société agraire de laquelle est issue Hazel ? Comment ont-ils pu faire disparaître jusqu'à la mémoire du génocide auquel ils se sont livrés ?

C'est avec ces questions sans réponses, et à cause du caractère parfois simpliste ou répétitif des péripéties que L'Arche spatiale se fragilise. D'autres que moi ont exprimé leur déception à cette lecture - soyons francs, Hamilton a eu l'occasion de nous habituer à mieux - mais il reste selon moi d'autres questions sans réponses, que je commençais à poser déjà au terme de ma précédente chronique : au fond, quelles étaient les intentions de l'auteur en écrivant ce livre ? A-t-il pris du plaisir à l'écrire ? S'adressait-il à un public différent de celui qui le lit en temps normal ? S'agissait-il d'une œuvre de commande ? Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne...

Commentaires

FeyGirl a dit…
Au vu de tes commentaires et de ceux du Maki, on dirait bien que l'auteur a cru qu'un roman jeunesse était moins exigeant, et il est tombé dans le simplisme.

Quant à savoir pourquoi il a écrit ça… que ce soit sa volonté ou une œuvre de commande, il semble qu'il ait avant tout une panne d'inspiration.
Anudar a dit…
Peut-être une panne d'inspiration, oui... Après tout, certaines idées de cette trilogie sont recyclées d'oeuvres plus anciennes mais parfois même de son oeuvre à lui (les "reines-cerveaux" sessiles ont quelques points communs avec les méchants extraterrestres de "L'Etoile de Pandore").