Potosi

Toujours un texte issu du numéro de Juillet/Août 2018 de la revue Analog, avec ce space-opera de Joe Pitkin dont le propos ne déparerait pas dans un des tomes de The Expanse !
Résumé : 
Solomon Chijioke a été recruté par une firme transnationale qui a repéré, dans l'espace proche de la Terre, un astéroïde platinifère d'une richesse inouïe. En grand secret, son employeur a recruté une équipe afin de prendre possession du corps céleste et d'inonder le marché terrien en métal précieux... Mais quand une faction terroriste pirate leur vaisseau et que toutes les communications avec la Terre sont coupées, Solomon sait qu'il va devoir utiliser toutes les ressources de son intelligence pour survivre - ou, à défaut, faire passer un ultime signe de vie à sa famille...
L'espace est l'un des environnements les plus hostiles auxquels puisse être exposé l'être humain : pression atmosphérique nulle, températures polaires (quand on est à l'ombre) ou brûlantes (quand on est exposé au Soleil à l'intérieur de sa sphère d'habitabilité) mais aussi microgravité voire apesanteur (qui impliquent la nécessité de doser ses mouvements avec soin lorsque le moindre coup de pied peut vous mettre en mouvement à une vélocité supérieure à la vitesse de libération du corps céleste où vous êtes en train de vous promener). De la même façon que sur Arrakis on ne parle pas de probabilités mais bel et bien de possibilités, dans l'espace il vaut mieux prévoir jusqu'à l'improbable... et il faut reconnaître ici que les dirigeants d'entreprise désireux de mettre la main sur l'astéroïde métallique n'ont pas eu le nez creux. Dans cet avenir mal défini, une organisation suprémaciste blanche n'a pas renoncé à son délire d'un autre temps, qu'elle désire financer avec du platine extraterrestre sur lequel il n'y a plus qu'à mettre la main...

Si le schéma d'ensemble est intéressant et si - par les temps qui courent - il est agréable de lire sous la plume d'un auteur américain une critique pas trop voilée du vieux démon raciste que les Etats-Unis tentent en vain de foutre à la porte pour mieux le voir revenir en même temps par les fenêtres et la cheminée, les enjeux de cette intrigue enfermée par ses propres concepts dans un espace aux dimensions claustrophobiques (les personnages sont contraints de plus d'une façon au silence radio pendant toute la durée de leur mission) deviennent vite limités, voire illisibles. On comprend sur le tard que les relations internationales sont tendues dans l'univers de Potosi, et que l'heure approche où l'espace deviendra un champ de bataille entre nations - le dernier, peut-être, avant le retour de la guerre sur Terre ? La seule lueur d'espoir étant réservée à l'initiative individuelle - pour ne pas dire privée - on comprendra que l'auteur analyse encore les événements à travers le prisme de la méfiance à l'égard de l'Etat : une vision tout à fait dépassée y compris et surtout dans l'espace où le bricolage n'achète aux individus pas autre chose qu'une survie au rabais, là où la coopération à grande échelle entre communautés étatiques permettrait au contraire la réalisation d'une civilisation à l'échelle du système solaire... Quel dommage !

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