Prophecy tome 1

Prophecy est un manga "noir", au sens de "roman noir", à intrigue policière et très contemporain.
Résumé :
Erika Yoshino appartient au département de cyber-criminalité de la Préfecture de Police de Tokyo. Son travail, la plupart du temps, consiste à venir trouver des preuves chez les collégiens qui ont la mauvaise idée de mettre à disposition des jeux vidéo piratés sur Internet... Car avec les nouvelles technologies, de nouvelles formes de criminalité apparaissent. Et il se pourrait bien que le piratage ne soit qu'un moindre mal. Avec des bandes passantes toujours plus larges, des machines toujours plus performantes et simples d'emploi et surtout les réseaux sociaux toujours plus étendus pour faire caisse de résonance, le "buzz" est à portée de main de n'importe qui - dès lors que l'on peut proposer un contenu inhabituel et de préférence dérangeant. Un mystérieux personnage, Paperboy, divulgue sur les sites de partage de vidéo d'inquiétants films où il annonce ses intentions de punir les actes incivils ou antisociaux. Et pour le département de cybercriminalité, cela devient une affaire brûlante lorsque se met à augmenter la part du public soutenant sa croisade...
Il y a là-dedans un peu plus qu'un fumet de Death Note, avec un jeu de course-poursuite assisté par ordinateur qui s'annonce entre la préfecture de police d'une part et le justicier autoproclamé d'autre part. Néanmoins, pas du tout de fantastique dans ce manga qui se tient à l'intrigue policière au sens strict : le titre pourrait tromper plus d'un lecteur, mais gageons qu'ils y trouveront cependant leur satisfaction, le doute planant pendant une partie de cet épisode. Au lieu de cela, l'auteur nous emmène sur la face cachée d'Internet, pour ne pas dire dans les mailles totalisantes du réseau. La couverture, où le regard inquiétant de Paperboy n'est pas sans évoquer la fameuse affiche de 1984, annonce la couleur. Un homme, ou plusieurs, ont décidé de prendre en charge le rappel à la morale d'un monde qui n'en a plus. Quitte à en recourir aux méthodes les plus dégueulasses. Voire à commettre des crimes ? Si les premières punitions de Paperboy évoquent presque des bizutages potaches, il apparaît bientôt que le personnage a scellé son action dans le sang - et que, par conséquent, on peut redouter le pire.

C'est là tout le paradoxe d'un personnage qui n'est pas sans évoquer les justiciers masqués chers aux américains. Dans un Etat de droit, il existe des choses appelées des lois, qui sont parfois mal faites mais qui ont pour vocation (en théorie) de rendre possible la vie en société. Dans ces conditions, faire justice soi-même, à son niveau, c'est risquer de commettre maintes injustices, et si les premières victimes de Paperboy sont sans nul doute de véritables salopards, il est à craindre que tôt ou tard la croisade tourne mal. C'est ici qu'intervient le personnage d'Erika Yoshino qui, à sa façon, n'est pas sans m'évoquer un Javert de l'époque numérique. Face à un "vigilant" dont la croisade met en péril tout l'équilibre social, l'auteur ne pouvait opposer qu'un policier inflexible dans la lecture des lois, et rigide dans l'exercice des relations humaines. Alors que le mystère de Paperboy s'éclaircit dès la fin de ce volume, d'une façon assez surprenante c'est le portrait de la policière qui reste encore plongé dans les ténèbres.

La confrontation entre les deux promet de faire des étincelles. Je suis très curieux de savoir ce que cela va donner...

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