Conférence : les extraterrestres expliqués aux enfants

Hier, premier jour de ma présence aux Utopiales de Nantes édition 2012, j'ai assisté à deux conférences dont celle-ci était la première. Animée par Roland Lehoucq, président de l'association du Festival des Utopiales, et connu par ailleurs pour ses excellents articles de scientifiction de Bifrost, cette conférence très pédagogique à destination du jeune public avait pour but de situer l'extraterrestre non plus comme une simple figure d'altérité mais bel et bien comme une hypothèse scientifique.

A cette fin, Roland Lehoucq est parti des différentes représentations fictionnelles de l'extraterrestre dans la SF récente (et moins récente) pour montrer que la construction, par un auteur, d'un être vivant issu d'un autre monde n'a rien d'évident : s'il est intéressant, lorsque l'on souhaite décrire un extraterrestre intelligent, de partir d'une base humanoïde afin de pouvoir rendre ses émotions intelligibles, il est toujours important de tenir compte de son milieu de vie pour le rendre différent d'un être humain. De la sorte, certains auteurs, dans les années 30, qui savaient déjà que Mars possède une atmosphère plus ténue que celle de la Terre, prenaient soin de doter leurs martiens d'une poitrine imposante (et donc, de poumons plus larges) mais aussi d'oreilles surdéveloppées (le son se déplaçant moins bien dans l'atmosphère martienne). C'est en réalité une forme de jeu très sérieux à laquelle se livrent les scientifiques : en mentionnant le Aurelia and Blue Moon Project, Roland Lehoucq a pu faire comprendre aux plus grands, parmi son public, que l'exobiologie est bel et bien une science prospective.

L'exobiologie apparaît alors comme une science pluridisciplinaire, qui nécessite pour être construite aussi bien des concepts de planétologie que de biologie évolutive... ainsi que de science-fiction. Passant alors en revue certaines formes de vie tout droit tirées de Star Wars, Avatar et John Carter, Roland Lehoucq montre qu'imaginer un extraterrestre plausible, et vraisemblable, nécessite au préalable de définir laquelle, ou lesquelles, des lois de son environnement seront niées dans la construction de la fiction. Le Rancor qui manque de dévorer Luke Skywalker dans l'Episode VI, avec sa taille énorme, est en réalité un animal d'une extrême fragilité, son squelette ayant à supporter une masse considérable, et la moindre chute pouvant lui être fatale. De la même façon, des animaux très grands ne pourront avoir que des réflexes très lents, la distance à parcourir entre la localisation du stimulus et celle de leur système nerveux centrale étant très grande.

La vraisemblance dans la construction d'une figure extraterrestre ne peut donc exister sans questionnement préalable quant à son environnement : à travers quelques images choisies avec soin, et par un exposé vivant au cours duquel il n'a pas hésité à réclamer l'intervention de ses jeunes auditeurs, Roland Lehoucq a trouvé comment faire comprendre à chacun qu'en SF, on n'a pas le droit de faire n'importe quoi, y compris avec les extraterrestres...

Commentaires

Efelle a dit…
Voilà qui devait être sympathique.
Anudar a dit…
Bon moment de scientifiction, en effet !