Bifrost numéro 90

Pour son quatre-vingt-dixième numéro, la revue Bifrost se propose de vous emmener rendre une visite à Edmond Hamilton, le roi des étoiles !

Au menu de ce numéro :
  • Dans la rubrique Interstyles, trois nouvelles dont deux signées de Hamilton lui-même.
    • Le Berceau de la création est la dernière nouvelle de la série Capitaine Futur dont j'ai eu l'occasion de parler ici. Seul un savant aussi brillant que déterminé pourrait infiltrer la base lunaire des Futuristes : aussi, quand le Capitaine découvre que quelqu'un a visité son laboratoire en son absence, il n'est pas long à se douter de l'implication du professeur Garrand... Et il sait aussi ce que cela signifie : l'homme de sciences est à la recherche du Berceau de la création ! Pourra-t-il l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard ? Voici une nouvelle hamiltonienne - au sens où elle est pleine de sense of wonder - et en même temps à la saveur douce-amère. Le Capitaine Futur se montre ici plus humain qu'à l'accoutumée : le héros serait-il désabusé au bout de toutes ces années passées à sauver le Système Solaire ?
    • Les Torches de Michael Rheyss : le narrateur a cédé à son petit-fils une antiquité informatique où se trouvent des fichiers vieux de vingt ans, les produits de ses recherches vouées à établir un lien entre les travaux des premiers astronauticiens russes et l'explosion de la science-fiction comme genre populaire aux Etats-Unis. Et si, derrière l'Histoire officielle, se dissimulaient les travaux de générations de chercheurs héritiers de Constantin Tsiolkovski ? "Ingénieurs du cosmos", name dropping et un plan secret historico-scientifique se déroulant depuis le début du XXème siècle : il y a là-dedans tout pour me plaire. Bravo !
    • Comment c'est là-haut ? : l'un des soldats envoyés sur Mars au cours de la Deuxième expédition revient sur Terre et, après un séjour à l'hôpital, reçoit la mission peu enviable de rendre visite aux familles de plusieurs autres membres du corps expéditionnaire décédés en mission. A chaque fois, quelqu'un lui pose la question fatidique de "comment c'est là-haut ?" sans avoir la moindre idée de la réalité du terrain... Là, pour le coup, c'est un Hamilton très inhabituel qui se révèle à son lecteur : le héros est très humain, et non pas désabusé mais bel et bien fatigué de lui-même et de la cause qu'il avait pourtant choisie. L'âge d'or semble avoir pris fin ici... et pourtant, d'après l'introduction de ce texte, une première version en aurait été rédigée dans les années trente ! Hamilton avait-il perçu si tôt les dangers qui pesaient sur l'avenir ?
  • Dans les Carnets de bord :
    • L'abondant cahier de critiques, survolées comme j'en ai la mauvaise habitude.
    • Le dossier consacré à Edmond Hamilton, bien entendu, que je garde pour une autre occasion.
    • L'article de scientifiction de Jean-Sébastien Steyer, Roland Lehoucq et François Moutou, dont le titre annonce la couleur avec sobriété : The thing, la chose d'un autre monde. Prenant pour prétexte la créature ignoble qui est l'argument d'une nouvelle de John W. Campbell adaptée plusieurs fois au cinéma, les auteurs explorent une branche méconnue de l'exobiologie, à savoir l'exomicrobiologie parasitaire. A l'heure où la virologie s'intéresse de plus en plus aux virus géants et en particulier aux Pandoravirus à la fascinante histoire évolutive, nul doute que la SF - jamais en reste pour imaginer les pires horreurs mais aussi les merveilles les plus étincelantes - pourrait bien se saisir des nouveaux arguments de la science pour illustrer de vieilles idées toujours aussi convaincantes...
Il s'agit donc à nouveau d'une excellente livraison. Bravo !

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